Les pertes enregistrées par l’ensemble des places boursières ont atteint un niveau plus important que la crise immobilière puis mondiale de 2008 et l’effondrement boursier de Wall Street en 1987.
Une chute vertigineuse qui va entrer dans le livre des records. Les baisses simultanées des indices des grandes places boursières ont causé, le vendredi 24 juin 2016, la disparition de 2 000 milliards de dollars (1 816 milliards d’euros) en l’espace d’une journée de cotation. Le glissement représente 4,7 % de pertes pour l’ensemble des marchés. La bourse de Tokyo est la première victime collatérale du « Bloody Friday » ou « Black Friday ». L’indice Nikkei clôture sur une baisse de 7,92 % une heure avant la confirmation de la victoire du camp pro-Brexit à l’issue du dépouillement des votes du référendum britannique, organisé le jeudi 23 juin 2016, sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Les autres grands indices se font emportés dans l’avalanche d’un désormais historique Black Friday, pour enregistrer des sorties de piste jamais observées depuis huit ans. Les premières victimes de ce vent dépressionnaire venu d’outre-Manche sont… les Britanniques eux-mêmes. Le FTSE, l’indice de la bourse de Londres, affiche un effondrement de 10 % dès l’ouverture. La Banque centrale d’Angleterre (BoE), soucieuse d’éviter une ptôse engendrée par ces pertes record, décide dès le début de la journée de travailler sur une injection de 250 milliards de dollars (227 milliards d’euros) dans l’économie du pays. La fuite de cette information produit un effet de catalyseur et permet au FTSE de clôturer à – 2,76 %. La bourse de Paris connaît un sort plus sévère avec une chute de 8,04 % à la fermeture de la séance du CAC 40, et Francfort accuse une baisse moins acide à 6,82 %.
Le marché bancaire subit, en une journée, les plus grosses répercussions du sacre du « Leave ». Les valeurs du Royal Bank of Scotland (RBS) – fondée en 1727, la Barclays et Lloyds Banking Group chutent de près de 30 % à Londres. BNP Paribas et la Société Générale, deux des « Trois Vieilles » banques historiques du système bancaire hexagonal avec LCL, s’écroulent respectivement de 16 % et… 25 %. Les banques allemandes, telles que la Deutsche Bank, dégringole de 17 % dès l’ouverture.
Pire qu’en 1987 et 2008
La technique de descente en rappel empruntée par les différents indices boursiers n’est pas sans rappeler deux autres crashs financiers pris comme exemple exposés en cours de finance au sein des Écoles de commerce. Le premier n’est autre que la crise financière du « Black Monday » du 19 octobre 1987.
La deuxième crise barrée du terme « Black », après le krach boursier du 24 octobre 1929 dit du « Black Thursday », se traduit par une explosion de la bulle spéculative : les traders se reportent en grande majorité sur les cours des emprunts d’État, qui procurent de forts rendements et sont jugés sans risque. Le taux de rendement des emprunts américains atteint un pic de 11 % le 19 octobre 1987. Le « Black Monday » est précédé, trois jours plus tôt, d’une chute de plus de 4% du Dow Jones.
L’annonce du déficit commercial abyssal des États-Unis couplé au relèvement des taux directeurs de la Bundesbank – la banque centrale allemande, déclenche un vent de panique à Wall Street. Plus de 600 millions d’actions sont échangées – soit trois fois plus qu’au cours du seul mois de septembre de la même année – en l’espace de deux jours de cotation entre le 19 et le 20 octobre.
Les banques centrales réagissent autrement qu’à l’issue du jeudi noir de 1929 et proposent immédiatement des refinancements aux banques demandeuses de soutien financier. La Réserve fédérale américaine (Fed) chasse tout risque de crise sur le long terme qui menace les marchés financiers avec une injection importante de liquidités dans le circuit financier. La BoE semble suivre vingt-neuf ans plus tard les mêmes prérogatives pour circonscrire les chutes des indices survenues à la bourse de Londres ce vendredi 24 juin 2016. L’aide évoqué de 250 milliards de dollars (227 milliards d’euros) au profit du tissu économique permettrait d’atténuer sur le court terme les répercussions par du « Bloody Friday ».
Le « Black Friday » fut secoué par environ onze fois plus d’actions négociés toutes places boursières confondues. Les acteurs, absents au cours des journées précédentes, sont venus doper les différentes séances de la journée post-référendaire britannique en portant le nombre d’actions négociés à 11 milliards. La Bourse de Paris avait enregistré, comme ses consœurs, une hausse importante en début de semaine, jusqu’à 7 % pour le CAC 40. La progression des indices, due à une présence épurée des acteurs combinée à un faible volume des échanges, a masqué les tendances prudentielles prônées par une majorité des acteurs des marchés européens et mondiaux.
Le second cas similaire au « Black Friday » est la crise 2008 déclenchée par la faillite de Lehman Brothers. La banque d’investissement multinationale se déclare en faillite le 12 septembre 2008 et voit son action chuter de 93 %. La banque avait racheté, dès 2003, cinq sociétés spécialisées dans les prêts hypothécaires dont les fameux « subprimes ». BNC Mortgage ou Aurora Loans Services entrent ainsi dans le giron de Lehman Brothers. L’activité de la société américaine croît et atteint des sommets exceptionnels. Cinq ans plus tard, Lehman Brothers enregistre 639 milliards de dollars d’avoir avant sa déclaration en faillite. 25 000 employés se retrouvent en une fraction de seconde sur le trottoir du Rockefeller centre avec leurs restes d’effets personnels dans un carton aussi grand qu’un écran d’ordinateur à tube cathodique.
Incapable de solder à temps ses positions sur les crédits immobiliers à risques, Lehman Brothers est à l’origine de l’intensification de la crise des subprimes. La dépression financière a engendré l’érosion de près de 10 000 milliards de dollars sur les marchés mondiaux en 2008. La crise financière connue par Lehman Brothers, est plus puissante qu’Enron – profits gonflés et déficits masqués – ou Worldcom. Enron affichait un chiffre d’affaires d’environ 100 milliards de dollars avant de faire faillite en 2001, la direction avait utilisé des effets de levier qui permettaient de masquer les déficits conjoncturels et structurels tout en présentant des profits gonflés.
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