Alors que le Brexit deviendra effectif dans neuf mois, la capitale française fait office de terre d’accueil privilégiée pour de nombreux acteurs de la City en déshérence. Bilan d’étape.
Objectif (presque) atteint. A neuf fois du « départ » officiel de la Grande-Bretagne du giron européen, Paris semble s’imposer, à mesure des semaines, comme la destination « phare » pour de nombreux acteurs recherchant une « nouvelle terre d’accueil » après la déflagration engendrée par le référendum de juin 2016. Comme rappelé par Les Echos, ce sont déjà près de 3 000 salariés – soit près de la moitié de son objectif de 10 000 emplois nouveaux créés -, tous établissements bancaires confondus (1 000 pour la banque sino-britannique HSBC ou encore 400 pour Bank of America entre autres), qui devraient ainsi « trouver refuge » au sein de la Ville Lumière. Les raisons de ce nouvel attrait se situent essentiellement dans l’amélioration du climat politique français et la confiance retrouvée des investisseurs corrélées aux réformes impulsées par Emmanuel Macron à l’Elysée il y a un peu plus d’un an. Et ce n’est pas fini, à en croire le Premier ministre Edouard Philippe qui a annoncé, ce mercredi soir, de nouvelles mesures pour amplifier le mouvement. Pour séduire les gestionnaires de fonds, l’hôte de Matignon annoncé que le « carried interest » perçu hors de France serait fiscalisé en France comme un revenu du capital et non plus du travail, réduisant ainsi l’imposition des impatriés qui bénéficieront de la flat tax à 30%.
Toujours sur le front fiscal, l’ancien maire du Havre a fait part du souhait de la France de permettre l’amortissement des goodwills (survaleurs) comme c’est notamment le cas en Allemagne. Cette question doit selon lui être traitée dans le cadre de la directive européenne ACCIS pour laquelle il espère une entrée en vigueur d’ici 2021. Enfin, dans un autre registre, Edouard Philippe a annoncé l’ouverture à la rentrée 2019 à Courbevoie (Hauts-de-Seine) d’une école européenne allant de la maternelle au baccalauréat et qui dispensera l’enseignement dans la langue maternelle de l’élève sans être tenue par la limite d’au moins 50% d’enseignement en langue française. « Le Brexit a ouvert une période d’incertitudes politique, économique et financière en Europe », a-t-il souligné dans son discours devant un parterre de 200 acteurs financiers invités à dîner par Paris Europlace, ce mercredi soir. Et de développer son raisonnement. « Face à cette incertitude, Paris, sa métropole, la région Île-de-France ont voulu formuler (…) une proposition qui consiste à offrir aux entreprises financières, aux investisseurs étrangers, un environnement stable et lisible pour s’installer et investir en France et, à partir de là, dans le reste de l’Europe ». Fin de citation.
Paris domine Francfort
Outre HSBC, Bank of America, JPMorgan ou encore Goldman Sachs qui devraient délocaliser de Londres vers Paris plusieurs centaines de leurs salariés, Paris ne compte pas s’arrêter là et souhaite accroître son avance sur Francfort qui finalement n’accueillera pas les « 4 000 emplois » initialement évoqués par Deutsche Bank à l’été 2017. En effet, comme rappelé par Les Echos, l’établissement allemand avait laissé entendre, à l’époque, que près de 4 000 de ses employés londoniens pourraient venir s’installer principalement à Francfort et à Berlin. Mais il a depuis (largement) revu sa copie puisque ce ne seront « que » quelques centaines de transferts qui verront le jour, disséminés dans plusieurs villes de l’Union européenne. Autre coup dur pour « Mainhattan », comme est parfois surnommée Francfort, Bank of America (qui a officiellement annoncé le transfert de 400 salariés vers Paris) éprouverait de grosses difficultés à recruter à Francfort et envisagerait, de ce fait, de « renforcer son hub à Paris », toujours selon les informations du quotidien économique.
Il y a quelques semaines, Gérard Mestrallet, ancien patron d’Engie et président de Paris Europlace, préconisait la prudence au sujet des annonces de transfert en provenance d’outre-Rhin. Il rappelait notamment que la ville, qui abrite notamment le siège de la BCE, avait fait beaucoup d’annonces mais peu d’entre elles ont véritablement été confirmées. « Paris fait ainsi deux fois mieux que Francfort », s’était félicité le président de Paris Europlace. Point d’orgue de l’avantage pris par Paris dans ce mano a mano avec son rival, l’installation prochaine de l’Autorité bancaire européenne annoncée en novembre dernier. Créée en 2011 en réponse à la crise financière de 2008, elle avait symboliquement pris ses quartiers à la City avec pour feuille de route l’établissement de règles communes à tous les pays de l’Union afin de maintenir une stabilité économique homogène tout en permettant de conserver des conditions de compétition équitables. Parmi plusieurs grandes métropoles comme Francfort, Luxembourg ou Dublin, c’est finalement la capitale française qui, au terme d’un troisième tour de scrutin, a raflé la mise devant la capitale irlandaise. Francfort, en revanche, grandissime favorite, n’a même pas réussi à se mêler à la lutte, échouant dès le deuxième tour de scrutin. Une « petite victoire » à l’époque pour Paris qui était donc parvenue à terrasser sa puissante voisine. Mais Francfort est loin d’avoir dit son dernier mot.
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