Alors que la date de sortie de la Grande-Bretagne du giron de l’Union européenne est officiellement connue – le « Brexit » sera effectif le 29 mars 2019 à 23h00 -, Paris poursuit son opération séduction pour attirer sur ses terres de nombreuses banques sur le départ de la City.
La « menace » Paris se précise. Jamie Dimon, l’ombrageux patron de JPMorgan, spécialiste des déclarations à l’emporte-pièce – dernière en date sur la « bulle » Bitcoin – a rapporté directement à Theresa May les trésors de persuasion déployés par la capitale française pour attirer les banques à la recherche d’une « contrée » plus favorable une fois le divorce consommé avec Londres. Si la locataire du 10, Downing St. n’avait vraisemblablement pas besoin des bons offices de « l’oracle » Dimon, toujours est-il que Paris, initialement en retard dans cette bataille face à Francfort, continue de marquer des points et de grappiller du terrain. L’homme fort de JPMorgan s’est d’ailleurs engagé au cours de cette rencontre, à laquelle participait aussi Daniel Pinto, responsable mondial des activités de banque d’investissement de JPMorgan, à conserver « une grande proportion » de leurs opérations existantes en Grande-Bretagne après la sortie du pays de l’UE. Une maigre consolation pour Theresa May qui, en dépit de l’annonce de la date officielle du départ du Royaume-Uni fixée au 29 mars 2019 à 23h00, peine à convaincre ses alliés européens sur le bon déroulé des opérations.
Pour rappel, les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l’Union européenne ont discuté mercredi de la possibilité de reporter à l’année prochaine l’ouverture de la deuxième phase des négociations. Mais ces derniers ont essentiellement fait étalage de leur réserve quant à la possibilité de lancer cette deuxième phase lors du prochain conseil européen, les 14 et 15 décembre. Comme rappelé par Reuters, conformément aux règles de la négociation fixées par Bruxelles, il faut d’abord obtenir des « progrès suffisants » sur les modalités du divorce (facture du Brexit, droits des expatriés et question de la frontière avec la République d’Irlande) avant d’engager les discussions sur la période de transition puis sur le futur accord fixant les relations commerciales entre le Royaume-Uni et les Européens.
Paris gagne du terrain
Pendant que ces négociations (âpres) se poursuivent, Paris continue de jouer sa partition et d’avancer sereinement ses pions dans son face-à-face avec Francfort pour tenter de convaincre les banques de venir s’installer sur les rives de la Seine. Si Jamie Dimon a tenté de rassurer Theresa May, des informations faisaient pourtant état, au début du mois d’octobre, de l’envoi prochain d’un contingent de 60 salariés de la première banque américaine en termes d’actifs en provenance de Londres pour venir étoffer les équipes déjà en place dans la Ville Lumière. Et ce n’est pas tout puisque Bank of America, dauphine de JPMorgan, envisage, elle aussi, de lui emboîter le pas en transférant près de 300 traders dans la capitale française.
La combinaison de ces différents mouvements dessine une nouvelle dynamique en faveur de Paris », s’était alors réjoui Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, l’association de lobby de la place financière parisienne, cité par l’AFP. Avant ces deux banques – même si la prudence reste de mise -, c’était Citigroup qui, cette fois-ci, avait officiellement fait part de son intention de gonfler ses équipes déjà présentes dans l’Hexagone, ne tarissant pas d’éloges, au passage, sur la France version Macron. « La France est importante pour Citi et les réformes annoncées la rendent plus attractive », confirme James Cowles, patron de la banque américaine pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Et d’ajouter : « Nous allons augmenter notre présence dans plusieurs activités à Paris, ainsi que dans d’autres pays en Europe ».
Calme la gronde des patrons
En attendant, Londres espère éviter « une saignée », multiplie les signes de bonne volonté à l’endroit de ses voisins européens et semble désireuse de faire montre de pédagogie. La Première ministre britannique a ainsi invité les dirigeants de plusieurs fédérations patronales européennes pour discuter lundi prochain des effets du Brexit. Dans un communiqué diffusé jeudi soir par le 10, Downing Street, les services de la dirigeante britannique indiquent que cette dernière a l’intention de redire son attachement à l’instauration d’une période de transition de deux ans qui commencera une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne. Une invitation qui tombe après les critiques du président de la fédération patronale BDI (Bundesverband der Deutschen Industrie) qui estime qu’un « Hard Brexit » est inévitable. A Theresa May de le convaincre du contraire.
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