Alors que la bataille continue de faire rage entre Paris et Francfort pour accueillir les salariés des plus grands établissements bancaires de la planète en déshérence du côté de la City après le Brexit, la France veut jouer son va-tout à une semaine du déplacement d’Emmanuel Macron à New York.
HSBC, Bank of America, JPMorgan, Morgan Stanley… ces grandes firmes références en matière de finance internationale ont pour point commun d’avoir annoncé, dans des proportions diverses, le déploiement prochain d’une partie de leurs effectifs à Paris. 1 000 employés pour HSBC, 400 traders pour Bank of America, etc. De « petites victoires » sur le concurrent Francfort et, surtout, une attractivité retrouvée de la France après le quinquennat Hollande et sa défiance pour le monde de la finance, qualifiée « d’ennemi » en 2012 par l’ancien chef de l’Etat avant même son entrée en fonction. Une période révolue comme le souligne ce matin, dans les colonnes du Figaro, le président de Paris Europlace, Gérard Mestrallet, par ailleurs président d’Engie. « Les Américains voient bien qu’il se passe quelque chose en France. Et ce n’est pas seulement l’image du président qui se joue. Emmanuel Macron avait un programme, il est en train de le décliner. Tout ce qui avait été annoncé a été fait et voté », souligne le président de Paris Europlace qui aura tout loisir de défendre l’attractivité retrouvée de Paris lors du forum annuel de l’organisation qui se tient ce mercredi à New York. Un rendez-vous tout particulier à l’approche du premier anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron.
Ce dernier traversera également l’Atlantique la semaine prochaine dans le cadre d’un déplacement officiel. Et au regard de ses talents de « VRP », nul doute que Wall Street aura les oreilles grandes ouvertes puisque c’est là-bas que se prennent les décisions de localisations de ces grands établissements, comme le rappelle d’ailleurs le quotidien. Tous les feux sont donc au vert pour la Ville Lumière qui devrait ainsi accueillir, toujours selon les dires de Gérard Mestrallet, 3 000 à 4 000 emplois directs soit environ 15 000 à 20 000 emplois au total. Soit deux fois plus que Francfort. L’ancien homme fort d’Engie rappelle d’ailleurs que la capitale du Main a, certes, fait beaucoup d’annonces mais peu d’entre elles ont véritablement été confirmées. « Paris fait ainsi deux fois mieux que Francfort », se félicite le président de Paris Europlace. Point d’orgue de l’avantage pris par Paris dans ce mano a mano avec son rival outre-Rhin, l’installation prochaine de l’Autorité bancaire européenne annoncée en novembre dernier.
Une lutte sans merci entre Paris et Francfort
Créée en 2011 en réponse à la crise financière de 2008, elle avait symboliquement pris ses quartiers à la City avec pour feuille de route l’établissement de règles communes à tous les pays de l’Union afin de maintenir une stabilité économique homogène tout en permettant de conserver des conditions de compétition équitables. Attisant la convoitise de plusieurs grandes métropoles comme Paris, Francfort, Luxembourg ou Dublin, c’est finalement la capitale française qui, au terme d’un troisième tour de scrutin, a raflé la mise devant la capitale irlandaise. Francfort, en revanche, grandissime favorite, n’a même pas réussi à se mêler à la lutte, échouant dès le deuxième tour de scrutin. Une « petite victoire » à l’époque pour Paris qui était donc parvenue à terrasser sa puissante voisine. Mais Francfort est loin d’avoir dit son dernier mot. En fin d’année dernière, Goldman Sachs annonçait avoir commencé à transférer certains cadres vers Francfort. Standard Chartered a, pour sa part, débuté les entretiens d’embauche pour une vingtaine de postes vers « Mainhattan ».
Même si ces annonces n’ont pas toutes été confirmées, comme mentionné par Gérard Mestrallet, le « match » Francfort-Paris est loin d’avoir livré son épilogue. En fin d’année dernière, Francfort semblait avoir une longueur d’avance tandis que désormais, selon Gérard Mestrallet, Paris aurait très nettement repris le dessus. La prudence reste de mise même si la visite d’Emmanuel Macron la semaine prochaine à New York pourrait encore accroître « l’avance » de Paris dans l’esprit des décideurs américains qui regardent vers la capitale avec davantage de bienveillance qu’il y a encore deux ans. « Make France Great Again ». Le pari, s’il n’est pas remporté, est tout cas en bonne marche.
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