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Brexit : Paris Consolide Sa Position De « Terre Promise » Des Grandes Banques Etrangères

Getty Images

A moins de cinq mois de la sortie du Royaume-Uni du giron européen, les filiales de plusieurs prestigieux établissements bancaires étrangers regardent de plus en plus vers Paris. En outre, plus d’un Français sur 10 installé au Royaume-Uni envisage de faire ses valises.

Alors que les négociateurs de l’Union européenne et leurs homologues britanniques, au terme d’âpres pourparlers, ont fini par s’entendre sur un projet de retrait du Royaume-Uni (qui doit encore être voté par le parlement britannique), les principaux établissements bancaires de la planète, basés à Londres, suivent la situation avec attention. Comme le rappelle l’adage « le malheur des uns fait le bonheur des autres », les milliers de transferts d’emplois annoncés constituent une aubaine pour d’autres grandes villes européennes, au premier rang desquelles Francfort, Dublin et Paris. En effet, la capitale française semble s’imposer, ces derniers mois, comme l’une des destinations privilégiées pour les salariés de la City en déshérence. Comme évoqué par Les Echos dans son édition du jour, certaines grandes banques envisagent de « gonfler » leurs effectifs destinés à traverser la Manche. Ainsi, JPMorgan qui prévoyait initialement de transférer 200 personnes vers la Ville Lumière serait visiblement en train de « réévaluer » ses plans, souhaitant grossir son contingent d’employés transférables vers la capitale française.  Une « dynamique » qu’entretiendrait également sa grande rivale Citi qui envisagerait de déplacer moins de banquiers vers Francfort et davantage vers Paris.

« Plusieurs établissements étrangers, qui avaient prévu une filiale cœur dans un pays, et une succursale pour leurs activités de marché en France, sont en train de réévaluer leurs options du fait de l’évolution des cadres législatifs, et de la durée mise parfois à obtenir des licences pour leurs filiales dans d’autres pays », informe Bercy, toujours cité par Les Echos. Une « dynamique » qui confirme la bonne tenue de l’attractivité de la France auprès des décideurs. De quoi redonner le sourire à la France, perçue aux yeux des investisseurs étrangers sous le quinquennat précédent comme « l’ennemi de la Finance », selon le mot de François Hollande en 2012, lorsqu’il battait la campagne à la conquête de l’Elysée. Ainsi, Paris, après un  « retard à l’allumage », aurait repris le dessus sur Francfort, sa principale concurrente dans cette « opération séduction » à destination des salariés de la City. Par exemple, Bank of America (qui a officiellement annoncé le transfert de 400 salariés vers Paris) éprouverait de grosses difficultés à recruter à Francfort et envisagerait, de ce fait, de « renforcer son hub à Paris »

Plus d’un Français sur 10 veut quitter le Royaume-Uni

Les raisons de ce « nouvel attrait » se situent essentiellement dans l’amélioration du climat politique français et la confiance retrouvée des investisseurs corrélés aux réformes impulsées par Emmanuel Macron à l’Elysée il y a un peu plus d’un an.  Et ce n’est pas fini, à en croire le Premier ministre Edouard Philippe qui avait annoncé mi-juillet de nouvelles mesures pour amplifier le mouvement.  Pour séduire les gestionnaires de fonds, l’hôte de Matignon avait notamment affirmé que le “carried interest” perçu hors de France serait fiscalisé en France comme un revenu du capital et non plus du travail, réduisant ainsi l’imposition des impatriés qui bénéficieront de la flat tax à 30%. Mais les banques ne sont pas les seules à vouloir trouver une « nouvelle terre d’accueil ». Ainsi, selon un sondage Opinion Way pour Les Echos, 13% des Français installés à Londres souhaiteraient quitter le pays… tandis qu’un quart d’entre eux demeurent dans l’incertitude, n’ayant pas véritablement « tranché » la question.

Pour rappel, la communauté française au Royaume-Uni est estimée à 300 000 personnes par le ministère des Affaires étrangères. Près de quatre millions d’Européens (UE) vivaient dans le pays en 2017. Globalement, 61% des Français d’outre-Manche eux ressentent des tensions politiques depuis le référendum, 43% considèrent que les tensions sociales ont augmenté et plus d’un tiers estime que les actes xénophobes sont en hausse. Une atmosphère qui enjoint donc les Français à reconsidérer leur avenir outre Manche. A l’instar des grandes banques, nos compatriotes – même si le sondage n’évoque pas non plus un « exode » – sont donc aussi à la recherche d’une terre plus accueillante pour réaliser leurs projets.

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