Au coude-à-coude avec Dublin pour accueillir le siège de l’Autorité Bancaire Européenne, l’organisme se cherchant une nouvelle terre d’accueil après le Brexit, Paris a finalement remporté cette « bataille » de haute lutte. Une preuve supplémentaire de l’attractivité retrouvée de la France.
« Heureux et fier pour notre pays ». Le tweet, sans fioritures ni forfanterie déplacée, est signé Emmanuel Macron. Car c’est désormais officiel : Paris accueillera l’Autorité Bancaire Européenne (ABE ou EBA en langue anglaise). Un joli coup pour la capitale française qui redevient une place financière forte, a fortiori depuis l’accession de l’ancien candidat d’En Marche! à l’Elysée. En effet, depuis quelques mois Paris engrange les « arrivées » de salariés issus des plus prestigieux établissements bancaires de la planète, en déshérence après l’annonce de la sortie du Royaume-Uni du giron européen.
HSBC, JPMorgan, Bank of America ont déjà fait état de leur volonté d’envoyer certains de leurs collaborateurs dans la Ville Lumière et ainsi étoffer les équipes déjà présentes sur place. Citigroup est également à loger à la même enseigne, le responsable de la banque offrant au passage un satisfecit au président de la République. « La France est importante pour Citi et les réformes annoncées la rendent plus attractive », avait alors souligné James Cowles, patron de la banque américaine pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Mais ce lundi soir, c’était la désignation de la ville hôte de l’Autorité européenne bancaire qui cristallisait toutes les attentions.
Au coude-à-coude avec Dublin
Créée en 2011 en réponse à la crise financière de 2008, elle avait symboliquement pris ses quartiers à la City. Avec pour feuille de route l’établissement de règles communes à tous les pays de l’Union afin de maintenir une stabilité économique homogène tout en permettant de conserver des conditions de compétition équitables. Attisant la convoitise de plusieurs grandes métropoles comme Paris, Francfort, Luxembourg ou Dublin, c’est finalement la capitale française qui, au terme d’un troisième tour de scrutin, a raflé la mise devant la capitale irlandaise. Francfort, en revanche, grandissime favorite, n’a même pas réussi à se mêler à la lutte, échouant dès le deuxième tour de scrutin.
Paris et Dublin étaient à égalité de voix mais le choix de l’attribution est revenu à l’Estonie qui présidait la réunion, suivant une procédure établie par avance. Hormis Paris, Dublin et Francfort, d’autres villes avaient fait acte de candidature à l’instar de Bruxelles, Prague, Luxembourg, Vienne et Varsovie mais avaient toutes été recalées dès le premier tour. Durant toute cette « bataille », la France a joué sa partition et a avancé ses pions dans l’ombre quand moult observateurs voyaient Dublin et Francfort comme grandissime favorites. La déconvenue est d’autant plus retentissante pour la ville allemande, elle qui abrite également également en son sein l’Autorité européenne des retraites et des pensions professionnelles, qu’elle jugeait « logique » de fusionner avec l’EBA, toutes deux étant régies par le même système européen de surveillance financière (SESF).
La France et la finance, histoire contrariée
Le « mérite » de la France est d’autant plus significatif dans ce dossier d’autant que l’Irlande avait « joué » sur la corde sensible, arguant auprès des 27 Etats membres de l’Union européenne qu’elle serait le pays le plus durement affecté par le divorce entre le Royaume-Uni et le bloc communautaire. Une victoire importante pour la France qui ne compte pas s’endormir sur ses lauriers espérant que ce succès en appelle d’autres, notamment en ce qui concerne les banques évoquées en préambule. « C’est une très bonne nouvelle parce que, non seulement c’est cette agence européenne qui va s’installer, mais c’est aussi – et c’est un combat que nous menons – faire en sorte que les banques qui vont quitter Londres du fait du Brexit puissent venir s’installer en France avec des dizaines de milliers d’emplois qui sont liés », s’est enthousiasmé Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement.
Une manière également pour Emmanuel Macron et la France de redorer leur blason auprès de la finance internationale après les saillies de François Hollande en 2012, accusant la finance d’être « son ennemie ». Une « sortie » à laquelle Manuel Valls, fraîchement nommé à Matignon, répondra en 2014 devant la City, débutant son discours de contrition par « My government is pro-business », continuant alors de semer le trouble dans les esprits. Désormais la « hache de guerre » semble enterrée entre Paris et le monde de la finance. Paris retrouve la lumière.
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