La première banque américaine en termes d’actifs, en l’occurrence JPMorgan, envisage d’accroître sa présence à Paris, en procédant au transfert de 60 salariés de Londres vers la capitale française. Bank of America, de son côté, pourrait envoyer un contingent de près de 300 traders de l’autre côté de la Manche.
Paris continue de grappiller du terrain dans la course qui l’oppose à Francfort, Dublin ou encore Luxembourg pour attirer dans son giron les « vedettes » de la finance en déshérence après la déflagration engendrée par le Brexit. Après Citigroup en début de mois, c’est autour de la première banque américaine en termes d’actifs d’envisager d’envoyer un contingent à Paris, en provenance de Londres, et non des moindres : plus de 60 salariés pourraient ainsi franchir la Manche pour venir étoffer les équipes déjà en place dans la Ville Lumière. Et ce n’est pas tout : Bank of America, dauphine de JPMorgan, envisage, elle aussi, de lui emboîter le pas en transférant près de 300 traders dans la capitale française. Si la prudence reste de mise, cela constituerait une « petite » victoire pour la France à l’heure où la bataille entre les différentes métropoles européennes fait rage pour attirer moult talents financiers échaudés par le Brexit. « La combinaison de ces différents mouvements dessine une nouvelle dynamique en faveur de Paris », s’est réjoui Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, l’association de lobby de la place financière parisienne, cité par l’AFP. Les planètes semblent alignées pour la capitale française qui a résolument le vent en poupe ces dernières semaines.
Ainsi, au début du mois, la banque Citigroup a également fait état de sa volonté de gonfler les effectifs de ses équipes déjà présentes sur notre territoire, l’un de ses responsables ne tarissant pas d’éloges sur la France « version Macron ». « La France est importante pour Citi et les réformes annoncées la rendent plus attractive », confirme James Cowles, patron de la banque américaine pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Et d’ajouter. « Nous allons augmenter notre présence dans plusieurs activités à Paris, ainsi que dans d’autres pays en Europe ». Une opération séduction menée par les pouvoirs publics, désireux de présenter la France comme une terre d’accueil pour les financiers de tous horizons et ainsi effacer les stigmates du précédent quinquennat et de François Hollande, désignant la « finance comme son ennemi ». Une déclaration d’un candidat en campagne certes, mais qui était resté gravé dans l’esprit de nombreux professionnels.
#Attractivité
Voulant définitivement tourner la page, la nouvelle équipe d’Emmanuel Macron – rappelons-le ancien associé de la banque Rotschild & Cie- s’échine à vendre la France comme le nouvel eldorado de la finance européenne. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, y allant de sa contribution, s’affichant ostensiblement, ces derniers jours, avec Jamie Dison, omnipotent et emblématique patron de JPMorgan, sur les réseaux sociaux. Avec Jamie Dimon, CEO de @jpmorgan à #Washington pour échanger sur la transformation économique engagée par la France. #attractivité. Un dernier « hastag » qui ne laisse que de mystère sur la teneur de leur conversation, le locataire de Bercy s’échinant à vanter les mérites de cette France « pro business », loin des saillies de François Hollande au Bourget en 2012.
Avec Jamie Dimon, CEO de @jpmorgan à #Washington pour échanger sur la transformation économique engagée par la France. #attractivité pic.twitter.com/HQT2VBeSWu
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 12 octobre 2017
Avec ce nouvelle « prise de choix », même rien n’a été pour l’heure confirmé, Paris a encore de sérieux atouts à faire valoir pour concurrencer Francfort. Mais si le face à face s’annonce (très) difficile, pour ne pas dire déséquilibré. Plusieurs grandes banques internationales ont en effet déjà fait part de leur intérêt pour « Mainhattan« , surnom donné au quartier financier francfortois en clin d’œil au fleuve Main qui traverse la ville, avec plusieurs centaines d’emplois potentiels à la clé. Parmi elles, les poids lourds américains Morgan Stanley, Citigroup ou Goldman Sachs, les établissements japonais Sumitomo Mitsui Financial Group, Daiwa Securities et Nomura, ou encore le britannique Standard Chartered.
Francfort en position de force
Francfort a une image « plus financière » que Paris, notamment au regard d’institutions qui y sont installées comme la Banque centrale européenne, notamment. Ce sera sans doute l’objet du prochain duel entre les deux villes : qui pour accueillir l’Autorité Bancaire Européenne (EBA) ? Créée en 2011 en réponse à la crise financière de 2008, elle avait symboliquement pris ses quartiers à la City…et le moins que l’on puisse dire c’est quel ne manque pas de courtisans. « L’Allemagne se sent ‘très prédestinée’ pour accueillir cette autorité, de la même manière que le régulateur allemand du secteur financier, le Bafin, a ses locaux à Francfort » déclarait Angela Merkel, le 31 mai dernier, lors d’un congrès des banques coopératives à Berlin. Là-aussi, le « match » Francfort – Paris n’a pas fini de nous tenir en haleine.
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