Le patron de la banque américaine Citigroup pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique a annoncé avoir demandé une licence pour ses activités de trading à Paris. Après HSBC, c’est donc au tour de Citigroup de céder – en partie – aux sirènes de la ville lumière.
Une demi-victoire mais ne boudons pas notre plaisir. A la lutte avec Francfort pour attirer sur ses terres les plus prestigieuses institutions financières de la City – désireuses de plier bagages après la déflagration engendrée par le Brexit – Paris a réussi un joli coup avec l’annonce de l’arrivée d’une partie des activités de marché de la banque Citigroup, l’établissement bancaire américain ayant effectué une demande de licence en ce sens. « La France est importante pour Citi et les réformes annoncées la rendent plus attractive », abonde James Cowles, patron de la banque américaine pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Et d’ajouter. « Nous allons augmenter notre présence dans plusieurs activités à Paris, ainsi que dans d’autres pays en Europe ». Un dernier point qui correspond à la notion de demi-victoire évoquée en préambule, car si Paris a remporté une manche, c’est bel et bien à Francfort que se concentrera l’essentiel de l’activité de trading, puisque le siège desdites activités s’installera sur les rives du Main.
« Francfort est notre premier choix pour devenir le siège de l’activité de courtage au sein de l’UE au vu des infrastructures actuelles, des personnes et de l’expertise que nous avons déjà sur place », précise le dirigeant qui a également pris grand soin de ménager les susceptibilités des uns et des autres. « Nous procéderons aussi à des recrutements. Notre entité allemande captera certainement des spécialistes juridiques, des risques, des ressources humaines et des finances. Mais ce qui est certain aussi, c’est que la taille de Paris sera plus importante demain qu’aujourd’hui ». Fin de citation. Dans le même veine, l’Autorité bancaire européenne (EBA) va également quitter Londres, à cause du « Brexit », et ne manque pas de courtisans. Créée en 2011 en réponse à la crise financière de 2008, elle avait symboliquement pris ses quartiers à la City. Avec pour feuille de route l’établissement de règles communes à tous les pays de l’Union afin de maintenir une stabilité économique homogène tout en permettant de conserver des conditions de compétition équitables.
Francfort vs Paris
Là encore la compétition Francfort / Paris fait rage. « L’Allemagne se sent ‘très prédestinée’ pour accueillir cette autorité, de la même manière que le régulateur allemand du secteur financier, le Bafin, a ses locaux à Francfort » déclarait Angela Merkel, le 31 mai dernier, lors d’un congrès des banques coopératives à Berlin. Avec Citigroup, la ville allemande, siège de la BCE, poursuit donc sa moisson mais Paris continue néanmoins de grappiller du terrain et renforcer ses positions. Notamment grâce aux réformes déjà impulsées – ou sur rampe de lancement – du président de la République, Emmanuel Macron, l’état-major de Citigroup ayant adressé, comme évoqué en préambule, un satisfecit au chef de l’Etat. Même si ce n’est pas encore suffisant, les progrès sont significatifs.
« Il est évident qu’il est aujourd’hui plus facile de vendre la France grâce à Macron. Le contexte a changé », soulignait, dès le mois de juillet, l’ancien gouvernement de la banque de France, Christian Noyer aujourd’hui en charge de faire de la France une « terre d’accueil » pour moult établissements bancaires en déshérence après le Brexit. Ce dernier estime d’ailleurs que Paris grâce à cette nouvelle ère incarnée par Emmanuel Macron a plus d’un atout dans sa manche, exhortant, sans la nommer, Francfort à ne pas crier victoire trop tôt. « Les négociations avec les grands établissements sont toujours en cours, et les proclamations de victoire de certaines autres capitales me paraissent très prématurées », tempérait l’ancien gouverneur dans cet entretien au Figaro, également aux prémices de l’été.
Le « coup» HSBC
Pour rappel, le président de la République s’est engagé pendant la campagne présidentielle à alléger les charges des entreprises, simplifier le droit du travail et réformer le système de retraite. « si tout se déroule comme prévu, d’ici trois ou quatre mois nous devrions avoir une meilleure flexibilité du travail qu’en Allemagne et ailleurs », a estimé Christian Noyer qui ajoute également que certains établissements ont déjà pris leur décision… mais refusent d’en faire l’écho. Certaines ont déjà obtenu des licences et ont décidé de ne pas l’annoncer », a-t-il observé. « Elles ont décidé de ne rien dire et je respecte leur décision. C’est un peu frustrant mais c’est comme ça », souligne également l’ancien dirigeant de la banque de France à Reuters. Coup de com’ ou volonté de discrétion ? Toujours est-il que pour le moment Francfort est en tête dans cette course effrénée.
Car parmi les douze banques d’investissements les plus actives à Londres, sept d’entre elles (dont UBS et des grands établissements nippons ou américains) ont déjà décidé de prendre leur quartier dans la ville allemande. Comme évoqué plus haut, Francfort a une image « plus financière » que Paris, notamment au regard d’institutions qui y sont installées comme la banque centrale européenne mentionnée plus haut. Pour l’instant, seul la banque britannique HSBC a fait état de sa volonté de « redéployer » une grande partie de son personnel – soit 1 000 personnes – de Londres vers Paris. Même si pour le moment, au regard de la lenteur des négociations sur le Brexit, personne ne semble très pressé de partir. Mais Paris reste plus que jamais dans la course et ne compte pas céder face à Francfort.
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