Le ministre britannique en charge de la sortie du Royaume-Uni de l’UE a ravivé, ce jeudi, l’espoir d’un « Brexit allégé », à savoir un accès au marché unique maintenu « sous certaines conditions ».
« Brexit allégé », « Brexit dur », Brexit propre »…autant de mots-valises qui ont fait florès, ces dernières semaines, au point de donner le tournis et, surtout, mettre en exergue la cacophonie régnant au sein des plus hautes instances du vieux-Continent. Premier de cordée le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker qui déclarait, le mois dernier, qu’il fallait adopter « une ligne dure » vis-à-vis de Londres et se montrer intransigeant. Autre tenant de la fermeté, Donald Tusk, président du Conseil européen qui a tapé du poing sur la table, quelques jours plus tard , arguant qu’il était « inutile de spéculer sur un Brexit allégé. La seule véritable solution alternative à un Brexit dur est pas de Brexit ».
Autre épithète, celui-ci émanant du commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, qui a tenté à calmer le jeu… en prenant « subtilement » le contrepied de Donald Tusk. « Je ne partage pas tout à fait ce qu’a pu dire le président Tusk. La question n’est pas de savoir si c’est le Brexit dur ou pas de Brexit du tout. Moi, je préfère que ce soit un Brexit propre, c’est à dire que nous continuions à avoir avec le Royaume-Uni des relations amicales ».
Le ministre sème le doute…
Une « séparation » à l’amiable en quelque sorte. Suffisant en tout cas pour que le ministre britannique, en charge de piloter la sortie du Royaume-Uni du giron européen, David Davis, s’engouffre dans la brèche, ce jeudi, à la Chambre des Communes. A la question d’un député de l’opposition travailliste : « Le gouvernement envisagera-t-il de faire une quelconque contribution (…) pour avoir accès au marché unique ? » Le fringant ministre a répondu tout de go. « Bien sûr, nous l’envisageons ». Et développer. « L’ambition du gouvernement est d’obtenir le meilleur accès possible au marché européen pour les biens et services britanniques dans la négociation qu’il mènera avec Bruxelles ».
…La livre sterling reprend de la vigueur
Il n’en fallait pas davantage pour que la livre sterling, particulièrement volatile depuis le référendum du 24 juin dernier, reprenne des couleurs ce jeudi après-midi, les investisseurs y voyant la possibilité du fameux « Brexit allégé ». Pourtant, ce matin même, la France et l’Irlande ont montré leur frustration à l’égard du gouvernement britannique, auquel ils reprochent de prendre trop de temps pour définir une ligne claire.
« Cela fait maintenant plus de cinq mois, depuis que le peuple britannique a pris sa décision et il est important que nous clarifions les choses et connaissions précisément les projets britanniques », a souligné Charles Flanagan, ministre des Affaires étrangères irlandais. « L’Union européenne est prête à la négociation. Nous sommes dans les starting blocks. Il faut partir sur des bases claires », a appuyé Jean-Marc Ayrault.
Pour rappel, e Premier ministre britannique, Theresa May, a promis d’invoquer d’ici fin mars l’article 50 du traité européen, pour ouvrir « formellement » deux ans de discussions sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Mais elle n’a encore précisé les objectifs précis que poursuivrait Londres lors de ces tractations. Interrogée après la « sortie » du ministre à la Chambre des Communes, une porte-parole du gouvernement ne s’est guère montrée plus loquace, se bornant à déclarer que « toutes ces questions feront l’objet de négociations ». Des pourparlers qui s’annoncent d’ores et déjà explosifs et les nerfs des protagonistes risquent d’être mis à rude épreuve. En attendant, la Grande-Bretagne temporise. Jusqu’à quand ?
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