Inscrivant un nouveau record au niveau de sa marge opérationnelle, quatre ans à peine après avoir flirté avec la faillite, le « Phénix » Peugeot caracole en tête du CAC 40 et peut s’enorgueillir d’enregistrer l’une des meilleures performances boursières du secteur à l’échelle européenne.
Peugeot est bel et bien de retour dans la course et en a même désormais pris la tête. Une marge opérationnelle record – de 7,3% – de facto au-dessus des attentes du marché permet au titre de prendre les rênes, ce matin, de l’indice de référence de la Bourse de Paris. Une performance de haute voltige qui permet largement de reléguer au second plan des effets de changes et de matières premières défavorables. Dans l’ensemble d’ailleurs, le groupe de la marque au lion peut s’enorgueillir d’avoir dépassé les prévisions du consensus sur l’ensemble de ces résultats. Ainsi, le bénéfice net s’est apprécié, sur les six premiers mois de l’année, de 3,6% à 1,26 milliard d’euros, surpassant donc les prévisions de marché les plus optimistes qui tablaient davantage sur 1,064 milliard d’euros. Le bénéfice opérationnelle courant a également dépassé les attentes, grimpant de 11,5 milliards d’euros à 2,04 milliards d’euros contre un consensus Inquiry Financial pour Reuters à 1,89 milliards. En outre, si les ventes unitaires du groupe ont enregistré une croissance limitée de 2,3%, une progression essentiellement imputable au retour de PSA en Iran et masquant les déconvenues rencontrées en Chine, le chiffre d’affaires a grimpé de 5% à 29,16 milliards d’euros. Des performances de haute facture qui ont ainsi permis, comme évoqué en préambule, de compenser des effets de changes, livre sterling en tête, et matières premières négatifs à hauteur de 355 millions d’euros au premier semestre
« Nous sommes maintenant en position de livrer une profitabilité récurrente », a souligné le directeur financier du groupe, Jean-Baptiste de Chatillon. Et d’ajouter : « Des vents contraires, il y en a toujours, il est positif de pouvoir y faire face en restant à un niveau de profitabilité très élevé ». Un discours empreint d’optimisme qui a eu l’heur de plaire aux investisseurs au regard de la progression du titre, dépassant toujours les 5% en milieu d’après-midi, lui permettant du surperformer allègrement le CAC 40. Les perspectives ont également achevé de briser la réticence des investisseurs. Ainsi, PSA a confirmé les objectifs moyen terme du plan « Push to pass » de Carlos Tavares, notamment une marge opérationnelle courante moyenne supérieur à 4,5% pour la division auto sur 2016-2018 et une cible supérieure à 6% en 2021.
Définitivement de retour dans la course
Autre ambition : la clôture du rapprochement avec Opel durant le quatrième trimestre. Une opération qui a permis à PSA de poursuivre son recentrage sur le Vieux Continent et ainsi se hisser à la seconde place du marché européen – en s’octroyant 17% de celui-ci -, derrière l’indétrônable Volkswagen. Un « mariage » qui avait d’ailleurs failli être célébré dès 2012 mais qui n’avait pas pu se faire, à l’époque, au regard des situations financières des groupes.« On ne pouvait pas valoriser les actifs qui ne valaient plus grand-chose. C’était l’alliance du borgne et du paralytique » se remémore un négociateur de l’époque cité par Les Echos.
Mais la feuille de route établie par l’état-major français est désormais clairement définie : rendre le free cash-flow d’Opel opérationnel à nouveau positif d’ici 2020, et viser pour Opel/Vauxhall une marge opérationnelle courante de 2% d’ici 2020 et 6% d’ici 2026. Un objectif somme toute raisonnable, notamment au regard des ventes de véhicules qui retrouvent de leur vigueur et sont proches de leurs niveaux d’avant la crise de 2007. Ainsi, selon les données publiées par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), le nombre de véhicules immatriculés en juin dans les pays de l’Union européenne et ceux de l’Association européenne de libre-échange (Islande, Norvège et Suisse) s’établit à 1,54 million, soit une hausse de 2,1% par rapport au même mois de 2016.
La digitalisation en marche
Sur l’ensemble du premier semestre, la hausse s’établit à 4,7% avec 8,46 millions de nouveaux véhicules immatriculés. Concernant l’Hexagone « stricto sensu », les ventes de Renault se sont appréciées de 3% tandis que celles de PSA ont légèrement surperformé les ventes du groupe de Carlos Ghosn avec une progression de 3% sur le seul mois de juin. Décidément sur tous les fronts, le groupe a fait également savoir, la semaine dernière, qu’il allait prochainement vendre ses véhicules neufs en ligne. A l’instar d’Amazon et autre pure-player, PSA est convaincu que ce modus operandi, déjà largement en cours pour pléthore de produits du quotidien, peut désormais parfaitement s’adapter à la vente de voitures neuves.
« Cette offre s’appuie sur l’expérience acquise des sites e-commerce déjà opérationnels pour Citroën au Brésil depuis novembre 2016, pour Peugeot au Royaume-Uni depuis janvier 2017 et du site DS7 Crossback, actif dans 8 pays en Europe depuis mars 2017. Elle sera progressivement étendue en Europe », souligne PSA dans un communiqué. Un processus qui a, visiblement, déjà fait des adeptes outre-Manche. « Au Royaume-Uni, les ventes Peugeot en phygital (physique et digital) ont augmenté de 75% sur le premier semestre 2017 avec un taux de conquête de près de 40%. Au Brésil, plus de 200 commandes ont été réalisées en ligne », souligne le groupe. L’avenir s’annonce sous les meilleurs auspices pour le groupe de Carlos Tavares. Le lion n’a pas fini de rugir.
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