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Blockchain : Une Technologie Au Potentiel De Rupture

Cet automne, il fallait être en totale déconnexion pour ne pas avoir entendu parler de la montée du  Bitcoin, créant au passage quelques « crypto-millionnaires »… A son origine, la blockchain était une technologie simple mais très sécurisée car elle dupliquait notamment sur de nombreuses machines les preuves de ses transactions. Son potentiel va bien au-delà des crypto-monnaies. Décryptage.

Depuis 1998, il est indispensable pour les organisations d’avoir son site web. Depuis 2008, il faut avoir son application mobile… et en 2018, une Blockchain s’imposera dans de nombreux domaines. Voici pourquoi. 

Les Blockchains sont très présentes dans les publications et les événements d’innovation. En terme d’organisation et donc de pouvoir, la grande révolution de la blockchain est de se passer de centralisation. Il n’y a plus de système central qui coordonne tout ; ce qui questionne la place de certains acteurs dont la valeur ajoutée est précisément d’être cet acteur central. On pense bien sûr aux banques et aux assurances, mais finalement toutes les plates-formes comme Uber ou Airbnb peuvent ainsi être contournées ou … uberisées. C’est donc un principe très efficace économiquement car il économise le coût de cet acteur central, avec une sécurité renforcée.

C’est une révolution en puissance dans de nombreux systèmes d’information de nature très diverses mais qui ont en commun de s’en être crus immunes il y a seulement quelques années. 

Et l’écosystème Blockchain s’est constitué

Bien sûr, les start-ups se sont emparées de quasiment tous les sujets possibles, des fonds Blockchain se sont créés, des consortiums et des alliances Blockchain se sont formés. Les « Initial Coin Offering » (ICO) ont déchaîné la chronique notamment en Asie en 2017 : des sociétés utilisant les technologies Blockchain se financent en pré-vendant des unités de valeur de leur futur écosystème, pour un montant qui dépasse déjà les $4Mds en 2017, avec quelques très belles réussites… et quelques projets qui laissent perplexes, à l’inverse.

La plus grosse ICO, Filecoin a ainsi levé $252M en septembre 2017, c’est un système de paiement destiné à être une méthode de stockage de données sécurisé dans le cloud, pour renforcer la cyber-sécurité. Ou encore EOS, dont l’ICO de $185M concerne la sécurisation des contrats. Alors bien sûr, il y a un risque de bulle remarqué dans cette inflation d’ICO, mais derrière ce marché financier dont le sous-jacent fut parfois un simple livre blanc technique sur la solution à constituer, des réelles solutions avancent à grand pas. 

La simplicité comme essence

Le principe de la Blockchain est dans son principe simple à mettre en oeuvre : conserver l’historique de toutes les transactions dans une chaîne de blocs de données cryptées, dont le stockage est décentralisé et dont chaque bloc garde la trace de la précédente. Pas besoin d’émettre des crypto-monnaies pour les mettre en oeuvre dans de nombreux domaines. Pas non-plus besoin d’être une banque , ni une assurance, pour en avoir besoin et la mettre en application. Quelques exemples : 

  •  Toutes les plates-formes transactionnelles B2C, B2B ou P2P ont de la valeur et de la sécurité à créer grâce aux Blockchains, qu’il s’agisse d’immobilier, de mobilité ou d’e-commerce… et même les réseaux sociaux pourraient devenir totalement décentralisés.
  • L’énergie est une application dont l’enjeu est massif car quand on parle de sécuriser son comptage, et certifier son émission, il s’agit de montants en trilliards. Une quinzaine de start-up ambitieuses se sont lancées, avec des levées de fonds en capital (Conjoule sur le trading P2P ou LO3 Energy sur les microgrids) ou encore Grid+ qui édite une solution de sécurisation et a levé plus de $29M lors d’une ICO.
  • La logistique a également un fort potentiel de transformation car sécuriser les flux de marchandise, et leur paiement, est un enjeu de taille. C’est le challenge que se proposent de relever des start-ups comme Shipchain.io, Ownest.io ou Ledgys.io
  • Trade.io ne propose ni plus ni moins que de reinventer le trading d’actions.
  • Les Blockchains de Matchupbox.com ou civic.com veulent réinventer la vérification d’identité ou l’organisation des établissements financiers pour remplir leur obligation d’accéder à l’information détaillée de leurs clients (KYC ou « Know your Customer »)
  • Dans le luxe ou la pharmaceutique, les Blockchains peuvent servir à se prémunir de la contrefaçon…

Donc finalement les blockchains impactent la quasi-totalité des grands secteurs de l’économie, à des degrés différents. 

En France, la start-up qui semble rencontrer le plus de succès est Ledger avec ses crypto-wallet USB qui connaissent un vrai succès commercial. 

En conclusion, « hype » ou pas ? 

Plusieurs projets ayant levé beaucoup d’argent en ICO se sont dégonflés juste après… et les ICO qui ont bien fonctionné concernent des projets dont l’équipe est très solide. Rien d’illogique. Mais la volatilité des crypto-monnaies est extrêmement forte, et pour quelques-unes qui prospèrent actuellement, il y a eu et il y aura beaucoup d’échecs car il n’y a d’évidence pas de place pour toutes. 

Un écosystème très solide s’est constitué autour du Bitcoin et des principales crypto-monnaies. La demande est forte, notamment en Asie, et le réseau d’acceptation s’étoffe. Il y a des brokers, des market makers sur ces dérivés, des miners, des vendeurs de solution de stockage… donc le bitcoin ne va pas s’arrêter demain matin, ni l’année prochaine.

Mais il n’est pas éternel non plus car dans son principe même, chaque transaction doit vérifier l’intégralité des transactions précédentes. La puissance de calcul nécessaire, et l’énergie utilisée pour se faire, donc son coût, a été multipliée par 6 depuis le début de l’année, ce qui pour l’instant ne représente que quelques dizaines de centimes et quelques kWh par transaction. Mais si on le multiplie par 6 tous les ans, on comprend vite que le Bitcoin ne peut pas continuer 10 ans sur le même mode opératoire et sur la même croissance… or dans son principe même, il n’y a pas de gouvernance susceptible de le modifier, c’est une de ses fragilités.

Bien sûr, certaines autres crypto-monnaies corrigent ce biais. Le risque est que le Bitcoin se révèle être le Netscape ou le Kazaa des crypto-monnaies, c’est à dire la version pionnière, « évangelisatrice » et emblématique mais non pérenne d’un principe qui lui sera éternel.

De même que l’Intelligence Artificielle, la technologie Blockchain a un potentiel de rupture qui  peut créer – et détruire – beaucoup de valeur. Les acteurs existants – et menacés – s’en emparent forcément, et leur potentiel de « good will » sur ces sujets est fort tant les enjeux sont importants, et ce sera parfois pour eux une question de survie.

D’évidence, nous sommes à un point haut du fameux « hype-cycle » de Gartner car les technologies sont très loin de remplir encore toutes leurs promesses dans chacun des domaines cités ci-dessus, et déjà on rencontre des valorisations très élevées y compris sur des projets – et des « coins » – fragiles. 

Le marché sera forcément très darwinien mais il y a fort à parier que certains acteurs de cet univers vont rapidement prendre des positions importantes. Dans plusieurs de ces marchés de nature « winner takes all », il n’y aura à la fin qu’un seul acteur très profitable. C’est sur la valorisation encore inconnue de ces quelques grands gagnants que se fera la quasi-totalité du retour sur investissement, donc il faut être très sélectif. On parle de quelques milliards investis, pour des enjeux qui eux sont de quelques trilliards. Nous sommes donc loin d’avoir saturé le potentiel de cette technologie dont le principe robuste est là pour durer. 

 

 

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