Blackstone, le fonds d’investissement dirigé par les milliardaires Stephen Schwarzman et Jonathan Gray, se rapproche un peu plus de sa conquête de Wall Street. Jeudi matin, la société a dépassé les banques d’investissement Goldman Sachs et Morgan Stanley en valeur de marché.
La capitalisation boursière de Blackstone était de 69,2 milliards de dollars jeudi soir, tandis que Goldman Sachs a clôturé à une valeur de 69 milliards de dollars. Morgan Stanley, après le rachat de la société de courtage en ligne Etrade en février, a terminé à environ 65 milliards de dollars.
Depuis jeudi, la domination de Blackstone prouve une fois de plus que quelques sociétés de capital-investissement relativement jeunes, nées dans les années 1980, peuvent bouleverser le système financier et priver de leur pouvoir les banques d’investissement qui dominaient autrefois Wall Street. En effet, il y a seulement deux ans, les actions de Goldman Sachs valaient plus de deux fois plus que celles de Blackstone, et même trois fois plus avant la crise financière de 2008.
Blackstone, aujourd’hui la plus grande société de capital-investissement au monde avec près de 600 milliards de dollars d’actifs sous gestion, a été cofondée par Stephen Schwarzman en 1985. Elle est cotée en bourse depuis une dizaine d’années. Avec seulement 2 905 employés dans le monde, sa taille est comparable à celle d’une banque d’investissement classique. Pourtant, depuis la crise de 2008, Blackstone a multiplié son capital par six, alors que celui de Goldman Sachs et Morgan Stanley n’a fait que baisser.
Cela signifie qu’en dépit de l’histoire de Goldman Sachs et de sa taille (la société a été fondée en 1869 et compte 38 300 travailleurs dans le monde entier), les investisseurs boursiers estiment aujourd’hui que Blackstone est plus fructueuse. Morgan Stanley, créée par Henry Sturgis Morgan et Harold Stanley en 1935 pendant la Grande Dépression, compte pour sa part quelque 60 431 employés dans le monde.
Blackstone passe devant Goldman Sachs et Morgan Stanley
Depuis la crise, qui a bien failli avoir raison de Goldman Sachs et Morgan Stanley, les tendances à long terme sont en faveur de Blackstone. La loi Dodd-Frank, signée en 2010 par Barack Obama afin de « promouvoir la stabilité financière des États-Unis en améliorant l’accountability (la responsabilisation) et la transparence dans le système financier » a fortement réglementé les banques d’investissement. Celles-ci ont du se retirer de nombreuses activités commerciales et d’investissement lucratives, faisant passer la prise de risque des salles de marchés autrefois puissantes à des sociétés alternatives comme Blackstone. Ces derniers temps, l’épidémie de coronavirus a accéléré ce changement d’équilibre des pouvoirs.
Au fur et à mesure que l’épidémie s’intensifiait, les investisseurs ont en grande partie conservé leurs participations dans des sociétés de capital-investissement comme Blackstone, qui dispose de 151 milliards de dollars de munitions pour continuer à réaliser des transactions dans le chaos qui règne actuellement. De leur côté, les banques d’investissement comme Goldman Sachs et Morgan Stanley ont vu leurs actions plonger drastiquement ces dernières semaines. L’instabilité qui s’installe entraîne un ralentissement majeur de l’activité des banques d’investissement, confirmé par la baisse de 50 points de base des taux d’intérêt de la Réserve fédérale des États-Unis ce lundi. Du fait de cette décision, Goldman Sachs et Morgan Stanley sont sur le point de subir de fortes baisses de leurs revenus liés aux taux d’intérêt.
Si une récession ou un krach devait survenir, les investisseurs pourraient par ailleurs penser que Blackstone est mieux placée pour tirer profit de la situation. Le bilan de la société est noté A+ et son levier financier est très faible. De plus, elle dispose de plus de cent milliards de dollars de capitaux non utilisés provenant d’investisseurs institutionnels, qui pourront être investis si les bonnes affaires abondent en cas de ralentissement économique. En outre, la chute des taux d’intérêt, bien qu’elle représente une menace pour les banques traditionnelles, représente du pain bénit pour Blackstone.
Blackstone et ses confrères créent aujourd’hui de nouvelles manières de gagner de l’argent grâce à des investissements dans les infrastructures, les sciences de la vie et la technologie. Les sociétés réunissent également des réserves de capitaux records auprès des caisses de retraite, des fonds de dotation et des investisseurs fortunés du monde entier. Goldman Sachs et Morgan Stanley, quant à elles, continuent de s’éloigner de leurs anciennes méthodes de gestion des portefeuilles et abandonnent les bureaux de change au profit d’activités plus sûres, mais moins prestigieuses, comme le prêt et la gestion du patrimoine.
Goldman Sachs a notamment investi d’importantes sommes dans la construction d’une plateforme de prêt à la consommation, appelée Marcus. De son côté, Morgan Stanley a récemment payé 13 milliards de dollars en actions pour la société de courtage en ligne Etrade. James Gorman, PDG de Morgan Stanley, continue de parier sur l’avenir de sa banque avec des opérations de gestion de patrimoine sûres et peu coûteuses.
2019 aura été de loin la meilleure année jamais enregistrée pour les sociétés de capital-investissement cotées en bourse comme Blackstone, KKR, Apollo Global, Carlyle et Ares. Celles-ci ont vu leurs actions monter en flèche lorsqu’elles se sont transformées de simples partenariats rentables en sociétés de capitaux, augmentant par la même occasion leur facture fiscale, mais attirant par ailleurs de nouveaux investisseurs. Cette évolution a permis de générer des dizaines de milliards de dollars pour des négociateurs comme Stephen Schwarzman (Blackstone), Henry Kravis et George Roberts(KKR) et Leon Black (Apollo Global).
Interviewé par Forbes en décembre dernier, Stephen Schwarzman déclarait : « L’un des grands avantages des sociétés de capital-investissement et du secteur de l’immobilier est que les investisseurs engagent leur capital pendant toute la durée de vie du fonds. Aucune panique bancaire n’est envisageable, et nous ne sommes jamais obligés de vendre des actifs au mauvais moment ».
Il conclut : « Dans le paysage financier en pleine mutation, je pense que nous sommes parfaitement positionnés. La finance est un business important, très important ! Il suffit de penser à la quantité d’argent imprimée chaque année dans le monde entier. Le business de la finance prend de plus en plus de valeur ».
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