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Bitcoins : Pourquoi Investir Des Millions Pour Surveiller Ses Échanges

Bitcoin
Manuel Velasquez/Getty Images

Il n’est pas évident de surveiller tous les échanges de Bitcoins qui ont lieu au quotidien dans le monde entier. Et ce n’est pas Jonathan Levin, un entrepreneur britannique de 27 ans, cofondateur et chef de l’exploitation de Chainlysis, qui dira le contraire. En effet, son entreprise est l’une des premières à avoir vu le jour sur le marché florissant du suivi des monnaies virtuelles. À ses débuts en 2014, Chainlysis faisait de son mieux pour contrôler rétroactivement les transactions et suivre les monnaies les plus malfamées de la blockchain. Elle travaillait surtout pour le compte du gouvernement américain luttant contre la fraude et le blanchiment d’argent. Aujourd’hui, Jonathan Levin constate que des institutions financières valant plusieurs millions de dollars veulent savoir instantanément à qui elles ont affaire lorsqu’elles échangent des cryptomonnaies.

C’est la raison pour laquelle un nouveau secteur est né. Il essaie de maintenir la confiance régnant sur les blockchains en gardant un œil dessus à tout moment et dans le monde entier. Cette promesse a été illustrée par l’annonce de Chainalysis ce jeudi, stipulant qu’elle a levé 16 millions de dollars (13 millions d’euros) lors d’un premier tour de table, surtout grâce à Benchmark, le capital risqueur de San Francisco  qui avait déjà misé sur eBay ou Uber. Benchmark a toujours suivi l’évolution des cryptomonnaies, ou tout du moins depuis 2014, lorsqu’il a investi dans la start-up de stockage de Bitcoins Xapo et a lancé un fonds d’investissement en Bitcoin.

 

De la blockchain aux fraudeurs

Au départ, le logiciel de Chainlalysis était un programme réactif assisté par des humains pour pouvoir établir des connections entre les différents comptes en Bitcoin. Il suivait la monnaie afin de découvrir d’éventuels fraudeurs. Aujourd’hui, le programme est presque entièrement automatisé et il peut prendre des décisions concernant les risques associés aux comptes individuels en se référant à leur historique de transactions. Ainsi, les entreprises impliquées dans des transactions en Bitcoin sont certaines d’avoir affaire à des utilisateurs légitimes et non à des fraudeurs ou à des escrocs. Chainalysis propose une nouvelle offre, la Know Your Transaction.  « Il s’agit du premier portefeuille pouvant détecter en temps réel des activités suspectes », explique Jonathan Levin. « Si vous êtes sur le point de recevoir des fonds, vous pouvez décider à la dernière minute de les refuser ».

Chainalysis doit faire face à quelques concurrents sur le marché qui luttent pour fournir les mêmes services mais en mieux. Par exemple, on trouve Neutrino.nu, créé par l’ancien directeur technique de l’entreprise de surveillance Hacking Team. Leur plus gros rival est Elliptic, une entreprise britannique qui avait soulevé 5 millions de dollars en premier tour de table en 2016. Elle a également fait un second tour à la fin de l’année dernière, attirant la société de capital risque SignalFire, selon son PDG James Smith : « Nous nous sommes rendus compte que les investisseurs sont très intéressés. Le secteur de la cryptomonnaie a réellement été bouleversé en 2017, et nous avons été témoin d’un gain d’intérêt pour le secteur ». L’entreprise basée à Londres devrait doubler ses effectifs pour atteindre une cinquantaine d’employés avant la fin de l’année. Elle espère pouvoir travailler pour des clients comme le FBI (Federal Bureau of Investigation), la DEA (Drug Enforcement Administration) ou des entreprises privées.

Mais Chainalysis, figurant dans le classement des 50 FinTechs de Forbes de cette année, ressort du lot. Et ce, grâce à sa base de clients, notamment un grand nombre de membres du gouvernement américain, la DEA et les douanes.

Son logiciel est au centre d’importantes opérations d’élaboration de réglementations dans le monde entier. La police néerlandaise a révélé en mars, qu’elle utilisait Chainalysis pour suivre les stratèges supposés de l’un des plus grands marchés de drogues en ligne, Hansa. L’entreprise a également aidé les créditeurs comme Mt. Gox, qui était l’une des plus grandes plateformes d’échange de Bitcoins, à retrouver 650 000 Bitcoins qui s’étaient mystérieusement envolés en 2014. On le sait depuis 2017, lorsque Jonathan Levin avait témoigné devant le comité américain des services financiers, à propos du terrorisme et de la finance illicite. 

Le PDG de Chainalysis déclare avoir triplé les revenus de l’entreprise l’an dernier, en partie grâce à une augmentation du nombre de clients issus du privé. Barclays est l’un de ses plus gros clients, en plus de nombreux échanges asiatiques, européens ou américains, du nord comme du sud. Il n’a pas souhaité donné plus de noms ou de détails sur les revenus.

 

Une référence de facto

Sarah Tavel, associée générale de Benchmark, a rejoint le conseil d’administration de Chainalysis. Elle a confié à Forbes avoir été présentée au PDG de l’entreprise, Michael Gronager, l’an dernier, par un ancien avocat du département américain de la justice, qui avait utilisé Chainalysis lors de ses enquêtes. Sarah Tavel voit dorénavant l’entreprise comme une « référence de facto » servant à assurer la confiance de la blockchain.

« Je pense que l’entreprise est parfaitement positionnée pour influencer l’écosystème. Elle construit une base de données que personne d’autre ne peux créer », explique Sarah Tavel.

En ce qui concerne l’avenir, Chainalysis prévoit de commencer à suivre  dix autres cryptomonnaies que le Bitcoin, notamment le Litecoin et l’Ether. L’entreprise continuera de se développer pour étoffer ses effectifs qui comptent actuellement 70 personnes entre New York, Washington D.C. et Copenhague. « Nous voulons conserver notre réputation de référence dans le secteur », conclut Jonathan Levin. 

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