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Bitcoin : Jusqu’Où Son Prix Peut-Il Descendre ?

Source : Gettyimages

Seulement quelques jours avant Noël dernier, rien ne semblait pouvoir arrêter le Bitcoin. Sa valeur montait en flèche et un nombre croissant d’investisseurs espérant tirer profit de cette soudaine popularité, se ruaient vers cette monnaie virtuelle. D’autres cryptomonnaies ont pu bénéficier de cet élan, car les investisseurs ont diversifié leur portefeuille. La demande était si importante que certains échanges étaient saturés. Les propriétaires de longue date de cryptomonnaies ont reçu ce qui restera certainement le plus beau cadeau de Noël de toute leur vie.

Les investisseurs professionnels tout comme les traders amateurs prédisaient de concert que le prix du Bitcoin devait continuer son ascension en 2018 : « Le Bitcoin ne va jamais connaître de krach parce que tout le monde voudra en acheter si son prix baisse », expliquait un fan de cryptomonnaies sur Reddit. D’autres étaient impatients que le Bitcoin se démocratise et que son prix atteigne des sommets car selon eux, une fois que tout le monde utilisera les cryptomonnaies, les monnaies traditionnelles seront inutiles, ils seront alors les nouveaux riches. Certains ont même commencé à créer le monde rêvé des cryptomonnaies à Puerto Rico, surtout pour échapper aux impôts faramineux auxquels ils devront faire face s’ils arrivent à transformer leurs Bitcoins en dollars.

Même en janvier 2018, quand le prix du Bitcoin a perdu près de la moitié de sa valeur de décembre, les adorateurs du Bitcoin étaient toujours optimistes, prédisant que son prix pouvait encore atteindre les 100 000 $ (81 500 €) avant la fin de l’année.

Mais nous sommes en mars et le Bitcoin oscille toujours autour des 8 000 $ (6 500 €). Ses détracteurs disent qu’il s’agit de l’éclatement typique d’une bulle et prédisent un effondrement total du cours. S’ils ont raison, alors de nombreuses personnes vont perdre beaucoup d’argent. Mais jusqu’où le Bitcoin peut-il descendre ?

La courbe de prix du Bitcoin rappelle celle de l’éclatement classique d’une bulle spéculative (ce graphique date du 19 mars 2018) :

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Le cours du Bitcoin depuis sa création | Coindesk

L’augmentation du prix du Bitcoin en février n’est en aucun cas synonyme d’un quelconque redressement. Ce graphique montre l’un des krachs boursiers les plus connus de l’histoire, celui de Wall Street en 1929 : 

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Le déroulement du krach boursier de 1929 | FRED

Sur ce graphique, on peut observer de réelles augmentations à la suite du premier krach, mais la tendance générale est tout de même à la baisse. Puis l’action a fini par perdre toute la valeur qu’elle avait accumulée durant la décennie. Si la chute du Bitcoin suit ce modèle, alors en effet, il pourrait s’effondrer complètement.

La forme de « dent de requin » est caractéristique des schémas de bulles spéculatives et de leurs trois phases de cycle de vie (qui sont précisées sur le graphique du krach de 1929) :

  1. la phase « free lunch ». Une longue période de lente augmentation du prix durant laquelle les investisseurs arrivent à se convaincre que cette augmentation est entièrement justifiée, même s’il est évident pour les observateurs rationnels qu’il ne s’agit que d’un château de cartes ;
  2. la phase « c’est dingue ! le krach, c’est pour quand ? ». Les propriétaires savent que les prix sont délirants mais ils continuent d’investir en pensant qu’ils arriveront à tout revendre avant le krach qui se profile. Les spéculateurs se ruent en espérant rafler le mise, alors les prix augmentent ;
  3. la phase « chacun pour soi ». Les prix s’effondrent alors que tout le monde se rue vers la sortie. Cette phase peut se reproduire plusieurs fois, ponctuée de courtes périodes de stabilité durant lesquelles tout le monde se félicite d’y avoir échappé belle. Mais ils se voilent la face, le bateau est bel et bien en train de couler.

Si l’on se réfère à ce modèle, le Bitcoin était en phase 2 avant Noël et il est maintenant en phase 3. 

Tout naturellement, les propriétaires de Bitcoins font désespérément la promotion du marché. En utilisant comme argument les variations du marché, ils insistent sur le fait que le Bitcoin peut encore renaître de ses cendres et qu’il pourrait pulvériser ses propres records. Dans ce cas, nous devrions peut-être rebaptiser cette monnaie le « Phoenixcoin ».  Ils ont cependant raison sur un point : « les marchés baissiers du Bitcoin ne sont pas une nouveauté, expliquent les analystes de Morgan Stanley. Depuis sa création en 2009, le Bitcoin a déjà connu quatre marchés baissiers avec des chutes de prix variant entre 28 % et 92 %, donc la dernière chute en date de 70 % n’est pas extraordinaire ».

Cependant, les analystes de Morgan Stanley pensent que le cours du Bitcoin ressemble énormément à celui de la bulle internet en 2000. En effet, on retrouve bien une certaine ressemblance :

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La bulle du point com | Bloomberg

Il se pourrait que ce soit une preuve supplémentaire que le Bitcoin peut tomber bien plus bas. Cela sous-entend également que les cryptomonnaies pourraient être victimes d’un bouleversement entrainant la disparition de la plupart d’entre elles. Mais pas de toutes car, après tout, la plupart de grandes entreprises actuelles de la tech ont survécu au krach du dotcom. Les survivants de la bulle des cryptomonnaies pourraient devenir les futurs géants de la finance.

Aujourd’hui, le problème des investisseurs est le suivant : est-il possible de savoir quelles cryptomonnaies survivront ? Le Bitcoin est peut-être la plus ancienne, la plus importante et la plus connue, mais cela ne veut pas dire qu’elle survivra à l’apocalypse.

Pour savoir quelles cryptomonnaies ont le plus de chances de survivre, il vaut mieux examiner ce qui définit leur valeur, leur utilité réelle. Après tout, les gens achètent toujours des tulipes car elles ont une certaine valeur : elles ont le pouvoir de devenir de belles fleurs pouvant illuminer nos vies. Alors quelles fleurs le Bitcoin et ses sœurs pourront-elles produire ?

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