Le monde de la banque et des assurances doivent faire face à de profondes transformations.
L’arrivée des GAFAM et autres BATX et le poids croissant de la Fintech et de l’Insurtech poussent les acteurs traditionnels à s’adapter. Pour y parvenir, le facteur humain est clé. Nous avons donc interrogé Huy Nguyen Trieu, co-fondateur de CFTE, une plateforme de formation à la finance digitale basée à Londres et Singapour. Il est aussi associé de Superchargeur, le plus gros accélérateur de Fintech en Asie, basé à Hong Kong.
Le monde des Fintechs transforme le secteur de la banque, la finance, de l’assurance. Les grandes institutions financières sont-elles prêtes ?
Nous avons publié récemment un rapport « Fintech 50: 5 Years in Fintech« , qui montre que les startups de la Fintech ont eu un énorme impact sur l’industrie financière. Sur 50 startups Fintech de 2014, 25% ont aujourd’hui une valorisation supérieure à 1 milliard de dollars, et la première (Square) est deux fois plus grosse que Deutsche Bank. Dans ce contexte, certaines institutions financières telles que DBS à Singapour ou JP Morgan aux Etats-Unis ont une stratégie très claire de modernisation, tandis que d’autres ne savent pas comment réagir. Je pense qu’on commence à assister à une vraie divergence en finance, où certaines institutions accélèrent rapidement – grâce à la technologie. Tandis que d’autres perdent pied – à cause de la technologie.
Comment former les collaborateurs des banques de manière pertinente à ces nouveaux enjeux ?
La formation des collaborateurs est effectivement la clé de la transformation digitale. Selon une étude de McKinsey, les 3 challenges principaux pour transformer une organisation relèvent tous de l’humain, que ce soit le manque de connaissances ou la culture d’entreprise. Pour commencer, il est indispensable de former le management et être sûr qu’il ait les connaissances nécessaires pour prendre les bonnes décisions stratégiques. Ensuite, l’acculturation digitale de tous les collaborateurs est essentielle. Pour arriver à transformer la culture d’entreprise, il est important de former un très grand nombre de collaborateurs. Nous travaillons par exemple avec OCBC, la banque singapourienne, qui a pour ambition de donner à tous ses employés une bonne fondation en finance digitale, et nous utilisons une méthodologie qui combine à la fois formation en ligne et présentiel, mais aussi séminaires, conférences, études de cas et une très étroite collaboration avec les différentes entités du groupe.
Quelles sont aujourd’hui les méthodes d’apprentissage les plus efficaces dans un environnement multidisciplinaire et qui évolue vite ?
Je pense qu’il faut distinguer plusieurs domaines de connaissances différents:
– Les connaissances de base. Ce sont les connaissances essentielles en finance aujourd’hui, comme par exemple les bases de l’Intelligence Artificielle ou bien l’utilisation du Cloud. En général, il faudrait au moins plusieurs semaines de cours pour acquérir cette connaissance, et donc le plus pratique est de combiner des cours online, renforcés par quelques heures de séminaires.
– Les connaissances spécialisées. Cela pourrait être par exemple l’utilisation du « Machine Learning » en « credit scoring », et dans ce cadre, le « peer to peer learning » est très utile pour des employés qui ont déjà les connaissances de base.
– Mais au delà des connaissances, le changement de « mindset » est très important aussi, pour que les employées travaillent de façon plus agile, plus collaborative, innovent plus. Pour cela, rien de mieux que des collaborations courtes avec des startups, telles que nos programme d’Extrapreneurship par exemple.
Avez-vous des success stories et des enseignements à partager pour une transformation réussie ?
J’en prendrais deux : DBS et Ping An. DBS a été nommée par 3 publications « Meilleure banque au monde », après avoir fait sa transformation à marche forcée depuis presque 10 ans. Elle a une profitabilité record, mais a aussi pratiquement doublé le nombre d’employés, ce qui montre que transformation ne veut pas forcément dire licenciements.
Ping An était un assureur local chinois, et a radicalement transformé son modèle en devenant une « tech company ». Ping An utilise l’IA dans tous ses produits, développe son propre Cloud et est devenu l’un des plus gros assureurs au monde.
Pour réussir sa transformation, le secret est d’investir dans le capital humain. Les grosses institutions investissent des milliards en IT, mais si elles ne forment pas leurs collaborateurs, aucune transformation ne pourra avoir lieu. La bonne nouvelle est que c’est possible et il y a de plus en plus de success stories.
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