Mercredi dernier la FED a légèrement augmenté ses taux courts. Personne en début d’année ne pensait que cela arriverait si tôt, mais la communication des officiels de la Banque Centrale américaine avait permis de préparer les marchés.
Pour ceux qui se rappellent de l’épisode douloureux de 1994, la leçon a été retenue : la Banque Centrale ne peut pas se permettre de surprendre les marchés sous peine de réactions très violentes des investisseurs : En 1994, la FED avait monté ses taux par surprise : un krach obligataire planétaire s’en était suivi ! Nous en sommes loin aujourd’hui. La hausse était tellement annoncée et prévue que les marchés ont réagi très calmement.
Le discours de Janet Yellen après la réunion de la FED a confirmé tout ce que l’on savait déjà : la croissance est modeste mais relativement ferme, sans excès ; le marché de l’emploi est lui aussi bien orienté, l’immobilier avec des contrastes régionaux ne montre aucun signe d’exagération type « bulle des subprimes de 2007 ». La FED confirme aussi qu’elle sera vigilante au cas où un dérapage budgétaire arrivait… dû à une politique trop expansionniste de M.Trump.
Pour les investisseurs en actif américain la situation est pratiquement idéale :
– Même si les taux montent un peu, ils resteront suffisamment bas pour ne pas freiner l’économie.
– Donald Trump peut mettre en œuvre sa politique sans être a priori empêcher d’agir par la FED.
– L’économie devrait continuer de croître modérément et les entreprises américaines pourront pleinement profiter de toutes les mesures de baisses d’impôt que prendra D.Trump.
Cela conforte notre opinion sur le marché américain : un marché, certes «cher» quel que soit les critères que l’on analyse MAIS, tant que l’on n’en sait pas plus sur la politique économique de Donald Trump, il est toujours possible que les résultats accélèrent encore un peu et justifient au moins de rester encore investis sur les actions américaines. Dans un processus de gestion, même si les faits semblent conforter notre opinion nous devons toujours envisager l’occurrence d’événements contraires.
Ici, un fait retient particulièrement notre attention : La FED adopte une politique monétaire plus restrictive alors que la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Banque Centrale du Japon (BOJ) continuent d’augmenter la taille de leurs bilans. Elles sont donc encore particulièrement accommodantes. La divergence est donc totale. C’est particulièrement criant sur les taux à deux ans :
Les taux à deux ans Américains se situent à 1.30/1.40% en ce moment alors que les taux 2 ans Allemands est à -0.80% et le taux 2 ans Japonais est à -0.25%.
Jamais dans l’histoire financière un tel écart de rendement entre l’Allemagne et les Etats-Unis n’avait été enregistré.
Force est de constater que peu de choses, hors politiques des banques centrales, ne le justifie :
– La croissance est supérieure en Zone Euro à ce qu’elle est aux Etats-Unis
– L’inflation est quasiment la même
– En pourcentage du PIB le bilan de la BCE est pratiquement le même que celui de la FED.
La raison principale pouvant expliquer la différence de politique monétaire réside peut-être dans le chômage. Il est plus élevé en zone Euro, ce qui peut justifier que la BCE soit encore aussi accommodante. La situation des banques en Zone Euro reste encore fragile… M. Draghi en tire certainement un autre argument pour continuer d’injecter des liquidités.
Dans le monde « d’avant » et des économies peu connectées, on pourrait imaginer que cette situation soit durable. Aujourd’hui, bien entendu, il n’en n’est rien. La première variable d’ajustement des marchés sera la devise : imaginons que les Etats-Unis accélèrent leur retour à la normale sur les taux courts et les fassent monter fortement pendant que la BCE continue sa politique monétaire expansionniste. Le dollar pourrait monter fortement, ce qui pénaliserait in fine les exportateurs américains et beaucoup de pays émergents. Les Européens profiteraient dans un premier temps de l’Euro faible mais au bout de quelques mois cela exacerberait les tensions commerciales.
Au contraire que se passerait-il si, sous pression américaine, la BCE suivait la FED dans son durcissement. Ce serait certainement un choc pour les marchés d’une part mais aussi pour l’économie de la Zone Euro et pénaliserait rapidement la création d’emplois.
En conclusion, pour le moment, les équilibres sont maintenus et justifient la bonne tenue des marchés mais chacun peut comprendre que si ce « bras de fer » entre les Banques Centrale dure trop longtemps, à un moment donné ces équilibres pourraient être rompus et perturber les marchés. A suivre !
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits