Entre 2009 et 2018, 4,7% des agences bancaires ont disparu en France selon la Fédération bancaire française. Et d’ici 2020, le nombre d’agences pourrait passer de 37 261 à 32 500, selon une étude du cabinet Sia Partners. Et les distributeurs de cash des banques disparaissent encore plus vite. Des opérateurs privés prennent le relais. Mais les clients risquent de payer le retrait d’argent liquide au prix fort !
Toutes les banques sont touchées, même si certaines accélèrent plus vite que d’autres. C’est le cas du LCL qui a annoncé le 7 mars la suppression supplémentaire d’une centaine de ses agences en France d’ici à 2021. Et ce après avoir allégé son réseau de 20 % des agences.
Et le mouvement devrait s’amplifier sur le modèle de l’Allemagne où environ un quart des guichets ont fermé en dix ans. La France reste, derrière l’Espagne, le deuxième pays européen comptant le plus d’agences bancaires par habitant, à savoir 549 pour un million d’habitants en 2017, la moyenne européenne étant à 255.
“Si on laisse se faire les stratégies individuelles de tous les acteurs, nous arriverons à des points de rupture importants notamment dans les territoires les plus difficiles à desservir”, a averti lors d’une audition devant le Sénat, Erick Lacourrège, directeur général du réseau à la Banque de France.
Côté distributeurs de billets, le mouvement est encore plus rapide. Le nombre de DAB (distributeur automatique de billets) fond comme neige au soleil sur le territoire : 54 786 à fin 2018, contre 55 810 un an plus tôt.
Il faut dire que les DAB coûtent cher. L’implantation d’un distributeur de billets revient à environ 90 000 euros et son entretien annuel autour de 14 000 euros. Le transfert sécurisé des fonds, onéreux dans tout les cas de figure, pèse encore plus lourd, notamment pour les communes isolées.
Des coûts injustifiés pour les appareils qui fonctionnent peu. Le seuil de rentabilité des automates est passé d’environ 3 500 à 3 000 retraits par mois à 4 000 voire 4 500 retraits par mois ces dernières années.
Car dans le même temps, le système de commission interbancaire de retrait est devenu beaucoup moins favorable. Quand vous retirez de l’argent dans le DAB d’une banque autre que la vôtre, elle reçoit une commission qui est passée de 0,72 euro à 0,57 euro par retrait. Trop faible pour justifier de nouveaux investissements.
Signe que le sujet est pris très au sérieux, la Banque de France va publier prochainement une cartographie de l’accès aux “DAB”, pour mieux se rendre compte de leur inégale répartition sur le territoire français. L’institution a ainsi proposé, en relation avec l’État et la Fédération bancaire française, “de rentrer dans l’élaboration d’une politique nationale des espèces cette année”.
Elle va passer par l’adoption d’alternatives comme le développement du « cashback », le retrait d’argent liquide directement chez les commerçants qui est autorisé en France depuis le début de l’année. Un système très favorable aux banques puisqu’elles vont déléguer les coûts relatifs à la sécurité des transferts de fonds. Et s’éviter quelques vidéos sur les réseaux sociaux.
D’autres acteurs apparaissent sur le marché. C’est le cas de Brink’s, la société de transport de fonds qui a mis en service son premier distributeur de billets exploité en propre dans la commune de Locmaria-Plouzané (Finistère).
Fruit d’un partenariat avec la collectivité locale, cette première implantation de l’offre Point Cash vient répondre aux préoccupations des communes rurales. Elle vise à préserver et à dynamiser l’activité économique en apportant un service de distribution d’espèces, là où la densité du maillage du réseau de distribution bancaire ne le permet plus. Avec Point Cash, Brinks France innove avec un modèle de service qui abaisse le coût d’exploitation et par là le seuil de rentabilité pour l’installation et le maintien d’un distributeur de billets.
Ce modèle se caractérise par des fonctionnalités limitées au retrait d’argent, des configurations matérielles simplifiées, une logistique optimisée de bout en bout et un partenariat avec la collectivité pour réduire les coûts de domiciliation. Ce service est également décliné en marque blanche à destination des banques.
« Nous sommes très attachés aux valeurs portées par la ruralité et très heureux de pouvoir contribuer ainsi à améliorer la qualité de vie dans ces territoires. La mise en service de ce premier Point Cash s’inscrit dans notre stratégie de développement d’une gamme de solutions intégrées et personnalisées au sein de l’écosystème du cash », commente Patrick Lagarde, Président-Directeur-Général de Brink’s France.
Qui va payer le service ? Pour l’instant ce sont les collectivités locales qui devront financer l’exploitation de ces distributeurs d’argent liquide. Soit 1 500 euros par mois et environ 18 000 euros par an. Pour le PDG de Brink’s France, l’investissement à beau sembler conséquent, notamment pour les plus petites communes, il en vaudrait clairement la chandelle. « Si nous avons développé cette offre, c’est avant tout pour faire écho à un besoin de la population. Nous avons réalisé un sondage montrant que 86% des Français voulaient continuer à utiliser le cash et surtout à garder le libre choix de leurs moyens de paiement », justifie-t-il. Soulignant dans le même temps qu’aujourd’hui « la restructuration du réseau bancaire fait qu’un certain nombre de communes se retrouvent sans distributeur de billets ». Mais à terme, c’est bel est bien le client qui devra payer des « commissions » sur ses retraits d’argent liquide, entre 2 et 5 euros, sur le modèle de ce qui se fait dans certains pays.
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