Le Président de la Banque Centrale américaine (FED), Jerome Powell est sur un siège éjectable. Peut-il éviter de préparer le terrain à une baisse des taux ? Analyse de Véronique Riches-Flores, de Riches Flores Research.
« Selon une information Bloomberg, la Maison Blanche aurait étudié la possibilité de rétrograder Jerome Powell. Dans de telles conditions, on imagine aisément l’inconfort du président de la FED au terme de la réunion de son comité FOMC de ces deux derniers jours. Ces conditions ne sont assurément pas les meilleures pour gérer comme il se devrait une situation complexe et, pour le moins, risquée. Jerome Powell voudra-t-il marquer l’indépendance de l’institution dont il a la charge ou préférera-t-il prendre le risque de donner l’impression qu’il cède aux doubles pressions du marché et du président D. Trump ? Pas facile de trouver une option gagnant-gagnant de ces deux options…
La balance des risques n’est pas équilibrée, et offrir une mauvaise surprise aux marchés aggraverait son cas auprès du responsable de la Maison Blanche tout en constituant un très mauvais signal pour les marchés, ce qui revient au même. Powell n’a donc pas d’autre choix « raisonnable » que d’aller dans le sens souhaité par les marchés et par le président américain. Tout juste a-t-il le loisir d’y aller avec un certaine flegme : en d’autres termes d’annoncer un assouplissement monétaire sans passage à l’acte immédiat.
La détérioration récente des conditions économiques et la chute des anticipations d’inflation des marchés, dorénavant y compris de celles des ménages ,selon les derniers relevés de l’université du Michigan, lui donnent, quoi qu’il en soit, suffisamment d’arguments pour baisser la garde, comme nous l’avons détaillé dans notre Humeur du Vendredi de la semaine dernière.
La FED devrait donc assortir le statu quo de ce mois-ci d’éléments solides en faveur d’une baisse future de ses taux directeurs, pour ne pas décevoir les marchés, en d’autres termes assurer de son intention d’un passage à l’acte dès juillet, conformément aux anticipations fortes des marchés (85 % de probabilités). Mais c’est sans doute sur les guidance à plus long terme que les marchés jugeront de la justesse de leurs anticipations. Valider ces dernières implique une sérieuse révision à la baisse des prévisions de croissance et d’inflation. La FED passera-t-elle ce cap ? L’incertitude est encore assez élevée sur ce point, au sujet duquel elle ne peut pas non plus se montrer trop négative (ce qui implicitement questionnerait le bilan du président D. Trump…). C’est donc sans doute sur ses prévisions d’inflation qu’elle trouvera toute la latitude pour justifier son changement de cap.
Si tel est le cas, l’accélération à la baisse des taux futurs pourrait être d’autant plus rapide ; de quoi calmer, peut-être, le jeu sur le front de l’euro. «
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