Le géant de Cupertino part à l’assaut du marché du service de transport avec chauffeur. Une volonté de diversification qui correspond à un désir de développement au sein de l’économie chinoise sur le long terme. Et une bataille face à Google, actionnaire de la société Uber.
Quand la marque à la pomme roule sa bosse sur les routes chinoises, les intérêts sont indéniablement multiples. Le géant des produits électroniques Apple a investi en mai 2016 un milliard de dollars dans Didi Chuxing (dit « Didi »), le leader chinois du service de transport avec chauffeur (VTC). Le dirigeant d’Apple Tim Cook a débloqué un milliard d’euros pour une société de l’ex-Empire du Milieu qui fait figure « d’exemple de l’innovation en marche au sein de la communauté du développement iOS».
La société spécialisée dans le ridesharing – le partage d’une voiture entre particuliers – fondée il y a quatre ans, collabore avec 18 millions de chauffeurs et compte 300 millions d’utilisateurs en Chine. Le président de Didi, Jean Liu, peut se vanter de voir son entreprise comptabiliser 11 millions de voyages par jour dans 400 villes du pays. Un chiffre qui fait de cette société de l’Asie du Sud-Est « la plus grande plateforme de covoiturage du monde ». L’investissement d’Apple dans Didi représente une ponction de 0,5% du cash disponible dans le trésor de guerre – 216 milliards de dollars (189 milliards d’euros) de la multinationale nord-américaine.
L’implication d’Apple dans une entreprise locale constitue davantage «qu’une chance d’en apprendre plus sur certains secteurs du marché chinois. La décision prise par Tim Cook marque un tournant dans la politique de développement d’Apple. Le patron de la société de Cupertino s’interdisait jusqu’à présent tout investissement dans une société hors de la galaxie Apple. Les coups portés par les autorités locales avec le blocage des services iTunes et iBook l’ont décidé à privilégier une implication au cœur d’une société chinoise. Les échanges réguliers avec des sous-traitants sur place ne protègent plus le leader du marché de la téléphonie mobile.
"Taxi!" Caught a cab in Beijing this morning with Didi Chuxing's Jean Liu. pic.twitter.com/Sl2xnzXtNY
— Tim Cook (@tim_cook) May 16, 2016
Ce passage d’une position de société étrangère à une implication au sein d’un acteur local a pour objectif de permettre à Apple d’obtenir la clémence le gouvernement chinois. Qui puise est avec une société appréciée par les autorités sur place pour sa collaboration continue depuis sa création en septembre 2012. Didi a longtemps prôné un engagement exclusif avec les taxis officiels avant d’accompagner les autorités dans leur combat contre les applications d’e-hailing – réservations effectuées par les clients via un système de géolocalisation. L’entreprise s’est engagée à assurer une sécurité totale au sein de ses véhicules, quitte à bannir près de 8 000 chauffeurs agrées début 2016. Le principe de précaution est complété par un logiciel de reconnaissance faciale qui certifie aux clients l’identité du conducteur. L’utilisation d’une alerte est accessible en cas de trajet dévié de la trajectoire initiale. Didi s’est distinguée en mai avec un partage de revenus conclue avec la compagnie de taxi Haibo. La stratégie économique de la société chinoise, faite d’ententes avec les acteurs historiques du marché, colle à l’esprit d’Apple. Le partenariat scellé dès le lancement d’iTunes avec les majors de l’industrie de la production musicale en est la preuve. Une attitude, sur le plan légal, qui diffère de la position offensive privilégiée par son concurrent américain Uber.
Une bataille entre géants du Web
Le milliard d’euros dépensé dans Didi constitue une mine d’or qui permet à Apple de disposer des données recueillies par l’application. Les ingénieurs de la marque à la pomme pourront développer leur connaissance globale du marché des transports grâce à un accès exclusif aux technologies d’organisation et d’optimisation des itinéraires chinois. Des points positifs qui permettraient de combler son retard pris sur Google dans le secteur du transport avec chauffeur.
Google a effectué un premier investissement au sein du service de chauffeurs privés Uber à l’été 2013. Google Ventures, le fonds d’investissement du géant américain, avait dépensé 258 millions de dollars (192 millions d’euros) sur la levée de fonds de 361 millions de dollars (270 millions d’euros) effectuée par Uber pour son développement international. Un montant qui constituait le plus gros investissement du fonds Google.
La politique de diversification amorcée par la marque à la pomme en Chine cache une autre réalité. Les ventes d’iPhone ont connu une baisse de 26% à l’issue du premier trimestre 2016 en République de Chine, un marché porteur pour Apple. Le marché du smartphone, avec l’emblématique téléphone du géant américain, constitue le principal levier de croissance de la marque sur le territoire chinois. Le développement d’activités complémentaires à la téléphonie mobile, comme le projet « Titan » – le véhicule autonome de la marque américaine – lancé officieusement début 2015, révèle le besoin de diversification des revenus pour éviter que la pomme ne connaisse d’autres pépins.
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