Comme de coutume depuis maintenant dix ans, la banque danoise Saxo Bank a dévoilé ses prévisions « choc » pour l’année 2019.
Une liste de prévisions concoctée par Saxo Bank qui pourrait faire frémir plus d’un investisseur… toutefois élaborée sans tenir compte d’aucun consensus. En effet, les analystes et experts de l’équipe #SaxoStrats ont analysé plusieurs événements hautement improbables qui, s’ils se réalisaient, pourraient avoir un impact énorme sur les marchés. « Cela fait plus de 10 ans que nous publions nos prévisions choc, et je pense qu’elles sont, cette année, aussi fascinantes et choquantes qu’elles encouragent les investisseurs à penser sans tenir compte d’aucun consensus. Cette année toutes les prévisions ont une thématique commune : « Trop c’est trop », explique Steen Jakobsen, économiste en chef. Déjà, l’an passé, pour tenter de prévenir contre la « trop grande cupidité », les équipes de #SaxoStrats avait évoqué, pêle-mêle, une perte d’autonomie de la Fed au profit du Trésor, la banque du Japon perdant son autonomie monétaire, le géant chinois Tencent qui détrône Apple sur les marchés, et la dernière prévision choc de cette mouture 2018, à savoir que les femmes allaient s’emparer du pouvoir dans les entreprises. « Pendant longtemps, les femmes ont été sous-représentées dans les coulisses du pouvoir, mais, en 2018, cela va changer, et ce, rapidement. En effet, de plus en plus de femmes seront amenées à diriger les plus grandes sociétés du monde. La révolution va se mettre en marche, non pas pour réparer une injustice passée, mais plutôt en raison d’un impératif économique incontestable », développait Saxo, l’an passé à pareille époque.
Comme évoqué en préambule, ces prévisions ne constituent pas les prévisions de marché officielles de Saxo Bank pour 2019, mais elles constituent un avertissement quant à une possible mauvaise répartition du risque pour les investisseurs qui ne voient généralement qu’1% de probabilité que ces événements se réalisent. Concernant l’année à venir, parmi les dix « cygnes noirs » relayés par Saxo Bank figurent la récession de l’Allemagne, le rachat de Tesla par Apple à 520 dollars par action ou encore un effacement pur et simple de la dette de l’Union Européenne. Retrouvez ci-dessous cinq des dix prévisions choc de Saxo Bank.
- L’Union européenne annonce une annulation de la dette
En 2019, le niveau insoutenable de la dette publique, la montée du populisme, une hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne, une diminution des liquidités et une croissance lente ont rouvert le débat européen sur la manière de se préparer à une nouvelle crise. L’Italie est le principal pays concerné, car elle est confrontée à un énorme mur d’échéances qui devrait atteindre environ 300 milliards d’euros de refinancement en 2019 en raison de la flambée des taux d’intérêt. Rapidement, la contagion italienne affaiblit les banques européennes alors que l’UE s’enfonce dans la récession. La BCE recourt à un nouveau TLTRO et à de nouvelles directives pour limiter les dégâts, mais ce n’est pas suffisant et lorsque la contagion s’étend à la France, les responsables politiques comprennent que l’UE est au bord du gouffre.
L’Allemagne et le reste de l’Europe centrale, qui refuse de laisser la zone euro s’effondrer, n’ont d’autre choix que de soutenir la monétisation. L’Union économique et monétaire confie à la BCE un mandat de monétisation de la dette pour tous les niveaux d’endettement supérieurs à 50 % du PIB et garantit le reste par un système d’euro-obligations tout en déplaçant les objectifs controversés de croissance et de stabilité.
- Apple garantit le financement de Tesla à 520 dollars par action
Apple se rend compte que si elle veut approfondir sa portée dans la vie de ses utilisateurs, le prochain marché auquel elle doit s’attaquer est l’automobile, car les voitures sont de plus en plus connectées numériquement. Après tout, Steve Jobs a prouvé qu’une entreprise devait miser gros sur les smartphones, mais devait aussi parier sur la créativité pour éviter la complaisance et l’insignifiance.
En sachant que Tesla a besoin de plus de capacité financière et qu’Apple doit étendre son écosystème au secteur automobile d’une manière plus profonde que celle représentée par son logiciel CarPlay, Apple s’intéresse à Tesla. Apple garantit le financement de l’accord avec une prime à 40 % de 520 $ par action, acquérant l’entreprise à un prix de 100 $/action de plus que le prix annoncé par Elon Musk dans un tweet troublant, mentionnant un « financement garanti ».
- Jérome Powell limogé par Donald Trump
Lors de la réunion de décembre 2018 du Comité fédéral de l’open market (FOMC), le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s’est prononcé avec une faible majorité de votants en faveur d’une hausse des taux, alors même que les écarts de crédit des entreprises montent en flèche et que les actions montrent des signes de tension.
Cette hausse est celle de trop. L’économie et les actions américaines chutent rapidement durant le premier trimestre 2019. Plutôt que d’apporter une aide, Powell indique qu’il serait inapproprié de relancer la « machine à bulles » lancée sous la présidence d’Alan Greenspan par une nouvelle série d’assouplissements énergiques et qu’il favorise une réduction du rythme des cessions d’actifs (resserrement quantitatif) et aucune baisse des taux.
Powell soutient qu’un apurement des créances irrécouvrables pourrait avoir des avantages à long terme. À partir de l’été 2019, alors que les actions sont au plus bas et que la courbe de rendement américaine est dans un mouvement d’inversion totale, le président Trump, furieux, limoge Powell et nomme Neel Kashkari, président de la Réserve fédérale du Minnesota, pour lui succéder.
- Le Premier ministre Jeremy Corbyn instaure la parité de change entre la livre sterling et le dollar
Après avoir occupé le poste de Premier ministre le plus difficile et le plus ingrat depuis Winston Churchill, Theresa May, surnommée « le chat », sort finalement de ses neuf vies proverbiales, et son accord monstrueux sur le Brexit était déjà tué dans l’œuf au Parlement britannique alors que l’échéance du 29 mars pour le Brexit se profile à l’horizon.
Cela entraîne un report de la date d’expiration de l’article 50 et des élections anticipées au Royaume-Uni. Le Parti conservateur est partagé sur la question du Brexit, un tiers de ses députés portant une accusation vouée à l’échec contre la brigade « Souveraineté ou mort » (Sovereignty or Death). Les travaillistes remportent une victoire retentissante et nomment Jeremy Corbyn Premier ministre sur la promesse d’une réforme progressiste globale et d’un second référendum sur un accord « à définir » sur le Brexit.
La livre sterling est écrasée par le double problème des affreux déficits jumeaux et du manque d’investissement des entreprises dans le cadre du dossier du Brexit, toujours non résolu. Le taux de change GBP/USD est passé du seuil 1,30, où il a passé la plupart du second semestre de 2018, à une parité de 1,00, un mouvement de plus de 20 %, ce qui signifie qu’un dollar américain équivaut pour la première fois à une livre sterling.
- Le resserrement des crédits aux entreprises pousse Netflix à rejoindre General Electric
2019 s’avère être l’année de l’effet domino pour le crédit sur le marché américain des obligations de sociétés. Tout commence par la perte de crédibilité de General Electric sur les marchés du crédit, ce qui fait grimper le prix par défaut des crédits au-dessus de 600 points de base, mais aussi la panique chez investisseurs face aux 100 milliards de dollars de dettes de GE qui seront refinancés au cours des prochaines années, au moment même où l’entreprise constate une détérioration des flux monétaires générés.
GE n’est plus capable d’endiguer la situation et dépose le bilan, se restructure, vend des actifs, ce qui envoie l’un des fleurons de l’industrie américaine aux oubliettes.
Cet événement est une véritable onde de choc sur les marchés mondiaux du crédit, les investisseurs se rendant compte que les hausses de taux de la Réserve fédérale ont accidentellement trop resserré les conditions financières. Les écarts de crédit sur la courbe des taux des obligations du Trésor américain s’agrandissent rapidement, ce qui fait grimper les coûts de financement des entreprises américaines. Le carnage s’étend même jusqu’à Netflix, où les investisseurs s’inquiètent soudainement du redoutable effet de levier de l’entreprise, avec un ratio dette nette/EBIDTA après CAPEX de 3,4 et plus de 10 milliards de dollars de dettes au bilan.
Retrouvez l’intégralité des prévisions de Saxo Bank ici
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits