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Apple Peut-Il S’Émanciper De La Chine ?

Depuis la crise du coronavirus et la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis,  les entreprises américaines cherchent à diversifier leurs fournisseurs et partenaires commerciaux. Cependant, les derniers rapports d’Apple relevant une difficulté à s’implanter en Inde démontre à quel point il va être difficile pour les grandes entreprises de s’émanciper de la Chine. 

Beaucoup d’analystes ont qualifié la Chine comme étant un marché important et une base de ravitaillement essentielle. En effet deux des plus grands fournisseurs d’Apple sont à Taiwan : Foxconn et Pegatron. Ils se sont tous deux développés en Inde récemment. Par ailleurs Tung Tzu-hsien a récemment déclaré que la Chine avait perdu beaucoup en compétitivité.

Et pourtant, la Chine reste le fournisseur général pour Apple comme pour beaucoup de producteurs électroniques. Mais les analystes se demandent pourquoi la Chine est si populaire dans l’industrie de l’électronique ; et quelles sont alors les conditions si une entreprise cherche à transférer sa production vers d’autres régions, à main-d’œuvre peu onéreuses comme l’Inde, le Vietnam ou l’Indonésie ?

La main-d’œuvre

Ce qui a fait le succès de la Chine dans les années 90 était sa main-d’œuvre accessible et sans limites. Vers la fin des années 90, la main-d’œuvre industrielle coûtait moins de 50 centimes par heure. Pour des travailleurs qui pouvaient exercer en dehors des heures de travail y compris les jours du week-end. Donc, par exemple, pour un fournisseur Apple qui aurait besoin de mains supplémentaires en vue de la sortie d’un nouveau produit, il était possible d’engager 100 000 voire 250 000 travailleurs pour les faire travailler plus de 60 h par semaines. En terme général, ces travailleurs étaient compétents et disciplinés, ils suivaient les instructions à la lettre. Les pionniers en la matière sont de grands fournisseurs taiwanais comme Foxconn, Pegatron, Compal et Inventec.

Des entreprises comme Samsung ont essayé de copier cette façon de faire au sein de leurs productions au Vietnam à plus petite échelle, mais comme beaucoup d’autres entreprises ont transféré leur production là bas, les prix ont augmenté.

Les infrastructures

Lorsque les entreprises ont pris la décision de transférer leur production en Chine, beaucoup d’assembleurs de composant électronique étaient soutenus par des spécialistes en logistiques qui faisaient déjà affaire en Asie. Ils importaient leurs composants à travers le monde afin de les assembler en « kits » puis les envoyaient dans les centres de rassemblement des entreprises partenaires.

 Hong Kong jouait alors un rôle des plus important en tant que passerelle logistique. Le gouvernement chinois offrait alors aux entreprises des moyens de centraliser leur chaîne de productions. Et par la même occasion, des terrains et des taxes pour permettre aux fournisseurs de s’installer dans leurs parcs logistiques les plus proches. Cette technique logistique vient en fait du Japon, implantée sur le marché par des entreprises comme Toyota. Mais les Chinois l’ont développé sur plusieurs secteurs. 

Transférer sa production à une toute nouvelle région signifie, établir une nouvelle infrastructure. Cela peut causer des délais et même arrêter complètement la production en cas de problème. C’est pourquoi Pegatron transfère en premier toutes ses productions autres que Apple, pour garder la main avant la transition de leur plus gros client. 

Logistique efficace

Avant que le transport par conteneurs ne devienne la technique de transport la plus répandue, la proximité aux ports commerciaux était un vrai plus en termes de logistique. Lorsque la Chine s’est ouvert au commerce international dans les années 90, Hong Kong a vite investi dans la construction d’un port de commerce.

 Entre 1990 et 1995, les actions de la Province de Guandong en Chine ont connu une hausse du taux d’exportation de 18 % à 46 %. 90 % du volume a été exporté par conteneurs à travers Hong Kong. Aujourd’hui, dans la Pearl River Delta, quatre ports gèrent des milliers de conteneurs par jour et les transportent à l’aide d’une infrastructure spécialisée (routes, ponts, tunnels) pour simplifier le trafic à travers la Chine. On ne peut pas en dire autant des ports comme l’Inde ou l’Indonésie qui ne sont pas aussi efficaces et pratique. 

Mais est-ce que les fournisseurs d’Apple peuvent s’émanciper de la Chine ?

La réponse est oui, bien entendu. Mais à quel prix et en combien de temps ? On commence à peine à estimer les dégâts de la guerre commerciale sino-américaine et de la crise du coronavirus, et ce n’est que le début. On peut vite en venir à la conclusion que de plus en plus d’entreprises se risqueront à payer le prix d’un transfert pour quitter les chaînes de productions chinoises. Ce n’est qu’une question de temps.

>>> À lire également : Apple, Google, Samsung, Le Covid-19 Menace t-Il Les Ventes De Smartphones ? <<<

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