Le PDG d’Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a annoncé sa démission ce vendredi soir après le rejet de l’accord salarial soumis au vote du personnel.
Une journée catastrophique de bout en bout pour Air France. Après avoir dévoilé ce matin des résultats particulièrement décevants et sanctionnés tout au long de la journée en Bourse, le PDG Jean-Marc Janaillac a jeté l’éponge peu après 18H, après le rejet de l’accord salarial soumis au vote du personnel. Un accord rejeté par 55,44% des salariés alors que le taux de participation avoisinait les 80%. Pour rappel, ledit accord prévoyait, de 2018 à 2021, « des augmentations générales de salaire de 7 % sur quatre ans, s’ajoutant aux augmentations individuelles », contre 1 % en 2018 en deux temps initialement. En annonçant, il y a deux semaines, le lancement de cette consultation sans valeur juridique, décidée après l’échec des discussions avec les syndicats grévistes, Jean-Marc Janaillac, 65 ans, aux commandes du groupe Air France-KLM depuis juillet 2016, avait averti qu’il quitterait son poste en cas de résultat négatif. Promesse tenue. L’épilogue d’une journée particulièrement sombre pour la compagnie française.
Déjà ce matin, la confirmation du coût de la grève (300 millions d’euros entre la fin du mois février et la fin avril, sans compter les 25 à 30 millions d’euros estimés pour chacun des quatre jours de grève prévu en mai) avait fait office d’oiseau de mauvais augure. Dans ce contexte chahuté-doux euphémisme-, Air France a été contraint de revoir sa copie et ainsi abaisser sa prévision de croissance des capacités pour 2018 à 2,5-3,5% contre 3-4% initialement escompté. Là où les compagnies européennes avaient pourtant le vent en poupe au regard de la conjoncture économique favorable, allégeant les pressions tarifaires. Un déception et un gâchis manifeste pour Air France qui, selon les dires de son directeur financier, Frédéric Gagey, avait pourtant démarré l’année sur des bases solides. « On avait une année qui commençait plutôt bien en termes commerciaux, on avait une demande qui était là », a souligné celui qui dirigeait encore Air France fin 2016. Avant d’ajouter, un brin fataliste. « Je trouve très dommage, et je pense que c’est le cas pour une majorité des salariés d’Air France qu’on n’arrive pas à tirer le bénéfice de cette période ». Fin de citation.
« Performances ternes…même sans la grève »
La compagnie franco-néerlandaise a également du remiser son objectif de baisse de ses coûts unitaires –véritable baromètre dans l’aérien- anticipant désormais une stagnation…voire même une hausse de 1%à change, prix du carburant et charges de retraites constant. Sur le seul premier trimestre, le coût unitaire s’est apprécié de 2,1%, dont 1,7% lié à la grève. Dès lors, exsangue et pris en étau, l’état-major d’Air France KLM n’avait d’autre alternative que d’avertir sur son résultat d’exploitation 2018. Une « baisse sensible » attendue, selon le vocable du transporteur aérien, par rapport au 1,9 milliard d’euros de 2017, imputables à l’appréciation de l’euro et à la remontée des prix du pétrole qui devrait, de facto, entraîner une hausse plus marquée que prévu de la facture de carburant. Dans le détail, sur ce premier trimestre, la perte opérationnelle s’est creusée à 118 millions d’euros, avec une perte de 170 millions pour Air France mais tout de même un bénéfice de 60 millions pour KLM.
Evidemment, cette « nouvelle » a déclenché le courroux des investisseurs qui ont sanctionné le titre ipso facto. A mi-séance, l’action Air France-KLM décrochait de plus de 7%, continuant son exploration dans les abysses du SBF 120 et une chute de plus de 38% depuis le 1er janvier, soit l’un des replis les plus importants de l’antichambre du CAC 40. Et certains analystes ne mâchaient pas leurs mots après cette publication, contredisant le discours de Frédéric Gagey, ce dernier estimant que l’année avait bien débuté. « Les performances du premier trimestre sont ternes, même en excluant les éléments exceptionnels et les coûts liés à la grève », affirme sans plus de cérémonie le bureau d’études Liberum, relayé par Reuters. L’intermédiaire estime que, sans surprise, les prévisions sont pessimistes et que l’impact de 300 millions d’euros lié au mouvement social représente un sérieux coup dur pour les perspectives de coûts unitaires. Divers éléments qui assombrissent encore plus l’horizon d’une compagnie désormais dépourvu de pilote à sa tête.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits