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A Quoi S’attendre Lorsqu’On Substitue De L’Accumulation De Dettes Aux Fruits Du Travail

dettes
Source : Getty

Ou encore que va-t-il se passer lorsqu’on remplace le fruit du travail ou valeur ajoutée dans un pays comme le nôtre par de la dette qui est détenue à plus de 50% (chiffres 2019) par des « non-résidents » et que les taux deviennent négatifs ?

Une dette détenue par des investisseurs étrangers qui sont soit des investisseurs institutionnels, soit des investisseurs privés. Avant cette crise Covid, 35% étaient détenus par des institutions publiques étrangères (autre que la BCE), majoritairement des États et des Banques Centrales, 15% étaient détenus par des banques étrangères, 47% étaient détenus par des investisseurs privés institutionnels ou particuliers non bancaires. Enfin 3% de cette dette était directement détenu par la Banque Centrale européenne.

Et bien en faisant cela on se vassalise vis-à-vis des pays aux finances plus saines que les nôtres comme on s’est vassalisé industriellement

Et que se passera-t-il lorsqu’à cause des taux bas ou négatifs les investisseurs étrangers se lasseront et se détourneront et deviendront vendeurs nets de dettes d’État français. Quels intérêts auraient-ils à toucher du 0% sur des obligations d’état françaises, alors qu’au Japon les taux longs sont repartis à la hausse ?

 

Pourra t on sortir un jour de cette stagnation de l’économie européenne

Ou au basculement vers sa Japonisation et vers la déflation ? En 2019, et c’était une première, les sociétés allemandes de crédits ont commencé à proposer aux consommateurs des crédits à taux d’intérêt négatifs. Demain, la question qu’il faudra se poser est , est-ce que cela annonce un ralentissement inexorable ou stagnation séculaire.

Se souvenir qu’en 2019 avant le Covid, la Croissance fut encore revue à la baisse en Europe.

Ne fermons pas les yeux, en Europe, et particulièrement en France, les prévisions de croissance sont souvent revues à la baisse. L’insécurité socio-économique incite à sur-épargner, et, cela génère des taux d’intérêt négatifs qui affaiblissent le secteur bancaire. Lire analyse  https://bernard-jomard.com/2017/09/20/banques-europeennes-taux-dinteret/

Savoir aussi que depuis bientôt quarante ans les Européens travaillent de moins en moins en nombre d’heures par an, et, que leur objectif n’est plus pour beaucoup la hausse de leur pouvoir d’achats mais l’amélioration de leur qualité de vie ou temps libre.

Bien évidemment, ce risque de désinflation amène lui à reporter les décisions d’achats et d’investissements, sans oublier le vieillissement de la société, et une aversion croissante au risque. On ne peut citer tous ces signaux faibles qu’on a trop tendance à écarter.

Une situation économique qui était Différente de celle des Etats Unis

En quoi sommes-nous différents des États-Unis ou les prévisions de croissance sont elles assez souvent revues à la hausse. Cela s’explique par le fait, que dans cette Amérique très libérale, les cycles et capacités de rebonds sont beaucoup plus nombreux, plus d’une dizaine depuis la dernière guerre, alors que dans cette Europe sociale les cycles, moins de six sur la même période, sont eux lissés par les budgets de dépenses publiques.

Savoir aussi, qu’avec sa politique fiscale, et ses budgets d’investissements, le président US avait en réalité initié une surchauffe de l’économie. Cette surchauffe et le faible taux de chômage avait incité les entreprises à faire des gains de productivité. Alors que les gains de productivité se sont évaporés en Europe de moins en moins travailleuse.

Ce qui était aussi étonnant aux USA, c’est que cette pénurie de main-d’œuvre et ce moteur de croissance que sont les gains de productivité n’avaient pas généré une inflation incontrôlable, qui aurait alors cassé la croissance.

Lire sur guerre économique entre la Chine et l’Europe  analyse https://bernard-jomard.com/2019/06/17/guerre-commerciale-en-fait-depuis-2013-ce-sont-les-chinois-qui-narguent-les-americains/

 

Pourquoi l’Europe risque d’être la première à entrer dans une stagnation séculaire à la Larry Summer ou un ralentissement inexorable à la Robert Gordon ?

Parce qu’en Europe moins touchée que les USA par les crises cycliques, les classes moyennes inférieures assez choyées mais néanmoins démotivées ont plus l’impression d’avoir été appauvries par la mondialisation, tout en oubliant qu’elles ont bénéficié de baisses de prix de très nombreux produits.

Dans cette Europe où il y a encore des communistes malgré la faillite de ce modèle, on pense encore que pour vaincre l’extrême pauvreté il faut combattre l’extrême richesse. Se souvenir de cette phrase de Tocqueville » « Les Français préfèrent l’égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité. »

Une Europe où l’on ne veut pas admettre que la mondialisation a sorti près de 700 millions de personnes de la pauvreté. Enfin une Europe où l’on est de plus en plus opposé à l’économie de marché appelée libéralisme, alors que même la Chine communiste s’y est mise. Bien évidement ce système à ses défauts, mais il est aussi évident que le libéralisme ou ordo-libéralisme nous a permis d’avoir des vies meilleures et plus riches que celles imaginées par nos parents, même si c’est moins le cas aujourd’hui.

Mais beaucoup ont oublié que si la mondialisation a diminué les inégalités entre pays, elle les a augmentés à l’intérieur de chaque pays.

Ce système basé sur la concurrence et la décentralisation a, comparé à d’autres systèmes comme le communisme démontré son efficacité depuis plus de 70 ans. Il nous a permis de surmonter les chocs pétroliers, il a remis les États unis dans la cour des grands, il a aussi permis à la Grande-Bretagne d’échapper à un déclin inexorable, enfin il a permis à l’Allemagne, à l’Autriche entre autres de devenir des nations équilibrées et solides. Lire sur l’ordo libéralisme à l’Allemande ou à l’Autrichienne Analyse https://bernard-jomard.com/2016/02/02/comprendre-l-ordo-liberalisme-et-la-cause-du-chomage-en-france-depuis-1975/

Apports du libre échange et du digital

Aujourd’hui grâce au libre-échange et au digital, la plupart des consommateurs disposent d’offres mondiales. Bien sûr, le consommateur qui in fine a toujours raison et le travailleur ne font qu’un. Et bien évidemment ils ont des positions divergentes, car on veut tous des prix bas et un pouvoir d’achat qui augmente.

Il en résulte que cette nouvelle concurrence liée à la répartition internationale du travail rencontre de plus en plus de résistance de la part des couches moyennes inférieures alors qu’elles ont toutes fortement bénéficié des gains de pouvoir d’achat.

Une concurrence qui a aussi privé certains travailleurs européens aigris, au mieux de gains de pouvoir d’achat au pire de leurs emplois.

Enfin en France particulièrement, peu font la différence entre le capitalisme et le libéralisme. A cela s’ajoute la Finance qui a envahi le monde sans vraiment générer de valeur ajoutée pour l’industrie et le commerce, et, surtout pour les classes moyennes inférieures.

La Chine d’avant Covid était-elle dans la situation du Japon des années 80″

Depuis début 2019 la Chine enregistrait son plus bas taux de croissance depuis 30 ans. D’autre part, elle enregistrait aussi, 10,5 naissances seulement pour 1000 habitants un taux jamais vu depuis la création du régime communiste il y a 70 ans.

Comment expliquer cet essoufflement de l’économie. Face à une surchauffe et Confronté à une dette de plus en plus ingérable Beijing s’était attaqué à assainissement de son secteur financier. Pour cela le gouvernement renforça la réglementation bancaire, et, ces restrictions sur le crédit affaiblirent la demande des consommateurs grands utilisateurs de plateformes de prêts.

Les autorités chinoises ayant pris conscience que la prévention des risques financiers devait être une priorité, elles avaient aussi réduit fortement les crédits aux PME et PMI qui elles n’ont pas accès aux financements offerts par les grandes banques publiques chinoises.

Enfin autre faiblesse, les réformes structurelles ont été sans cesse reportées dans ce pays qui avait planifié de doubler son PNB entre 2010 et 2020. On retrouve aujourd’hui en Chine la situation économique du Japon des années 1980. Baisse de la natalité et hausse des salaires auquel il faut ajouter la guerre économique avec les USA qui rappelle celle avec le Japon Lire billet récent sur essoufflement de la Chine Analyse : https://bernard-jomard.com/2020/02/28/la-chine-sessouffle-telle-ou-assiste-t-on-a-leffondrement-de-son-modele/

Néanmoins on ne peut pas contester que la Chine nous ait depuis 30 ans vassalisé économiquement, car tous les pays occidentaux aujourd’hui dépendent pour leurs approvisionnements de la Chine. Si la machine économique Chine s’arrêtait, le monde entier serait touché.

Enfin un autre point important Souhaitons-nous consommer toujours plus de produits importés

Rappelons l’accélération de la croissance sur le long terme. Doublement du PIB mondial entre 1000 et 1500, soit 500 ans, entre 1500 et 1700 soit 200 ans, entre 1700 et 1820 soit 120 ans, entre 1820 et 1870 soit 50 ans, entre 1870 et 1913 soit 40 ans, entre 1913 et 1950 soit 40 ans, entre 1950 et 1965 soit 15 ans, entre 1998 et 2010 soit  12 ans. Si on est un tant soit peu visionnaire aujourd’hui et alors que l’on a de plus en plus une conscience écologique, quelle période de doublement du PIB mondial ou modèle économique global voulons nous promouvoir en augmentant l’endettement.  Lire sur le « bonheur » de la consommation https://bernard-jomard.com/2019/11/04/%EF%BB%BFdiriger-une-entreprise-un-pays-cest-anticiper-ce-que-ferons-demain-les-citoyens-consommateurs/

En résumé, les peuples trop souvent trompés ont perdu confiance. Ils épargnent et se tourne aussi vers les populistes ce qui amènera vraisemblablement à renforcer une stagnation en Europe.

Alors que les politiciens eux n’ont pas encore intériorisé le fait que l’utilisation à outrance d’outils financiers et monétaires, dettes, taux de change & autres Q/E n’est pas la solution à ce ralentissement inexorable.

Des mesures non conventionnelles devraient être mises en œuvre. Difficile à trouver pour nombre de dirigeants théoriciens qui sortent tous du même moule, qui ne voient jamais venir le « black swan » qui pensent tous la même chose et qui sont persuadés d’avoir toujours raison. Alors qu’ils ont oublié ce qu’était la gestion d’un budget eb bon père de famille, qui lorsqu’il a trop de dettes commence par faire des économies avant d’espérer avoir une augmentation de ses ressources.

Et évidemment le moindre incident militaire entre grandes puissances ou la pandémie mondiale comme le Covid accélérera le basculement du centre de gravité économique de l’Occident indiscipliné vers l’Asie disciplinée.

En Conclusion : Acceptons tout d’abord le fait que les taux bas sont avant tout favorables à l’industrie de la spéculation financière et aux rachats d’actions, car on sait tous que l’on retrouve très peu leurs effets dans le secteur marchand. Autre élément fondamental, en Asie (temps long) lorsqu’il y a un problème, on cherche une Solution, alors qu’en Occident (temps court) lorsqu’il y a une solution on cherche souvent un problème, et on manifeste ce qui freine ou annihile la plupart des réformes . Le début de solution a ce sur endettement serait d’affronter enfin la réalité. Et d’accepter ou sacrifier une ou deux années aussi difficiles que des années d’après guerre . Années ou on commencerait vraiment à assainir les dépenses publiques, pour ensuite repartir sur des bases plus saines. Cela au lieu de tenter de lisser sur des décennies notre incapacité à tenir nos engagements même en période de croissance acceptable. L’occasion de nettoyer les écuries d’Augias et passer à approximativement à 45/48% de dépenses publiques, et ce n’est pas en étant libéral avec la sphère privée er socialiste avec la sphère publique qu’on va y parvenir. 

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