Figure de proue de la mouvance « FoodTech » hexagonale, chef d’orchestre de Frichti et membre du classement « Forbes Under 30 » cru 2018, Julia Biajoui développe sa vision de « rendre le bon accessible au quotidien » au-delà de la sainte trinité « matin-midi-soir ». Ainsi, l’entrepreneure fourmille d’idées et d’initiatives tous azimuts pour permettre à sa structure d’aller au-delà d’un modèle longtemps jugé indépassable.
« Je suis vraiment très honorée de figurer au sein de ce classement. Je ne pensais vraiment pas m’y retrouver un jour. Surtout au milieu d’entrepreneurs mais également d’artistes ou de sportifs », souligne Julia Bijaoui… avant de déplorer que son associé, Quentin Vacher, ayant franchi la limite d’âge – « il vient d’avoir 31 ans », sourit-t-elle – ne figure pas dans ce palmarès Forbes France Under 30 « cru 2018 ». Une mise en avant du collectif qui n’a rien d’artificielle ou de surannée pour l’entrepreneure de 28 ans qui rend ainsi hommage à son associé, autre moteur de la « fusée Frichti ». C’est en effet ensemble qu’ils ont tracé le sillon de la FoodTech avec la volonté, chevillée au corps, de paver le chemin du retour aux sources vers le bon, 3 fois par jour, 365 jours par an. « Nous voulons rendre le bon possible au quotidien », abonde Julia Bijaoui. Mais la jeune femme voit encore au-delà, Frichti n’étant plus, depuis bien longtemps, une FoodTech « stricto sensu » comme il en existe tant sur le marché. Sa proposition de valeur a largement dépassé le cadre engoncé du « déjeuner devant son ordinateur » notamment grâce à une carte en perpétuelle évolution. « Ce n’est pas une carte de restaurant. Elle a été créée comme une carte du quotidien. Vous n’avez pas envie de manger au restaurant tous les jours mais notre objectif est que vous ayez envie de manger Frichti matin, midi, et soir, un peu comme si vous aviez cuisiné vous-même », développe Julia Bijaoui.
Le tout à des prix résolument abordables : entre 10 et 12 euros pour un repas complet. D’ailleurs, il est désormais possible, depuis quelques mois, de cuisiner soi-même des produits estampillés Frichti, sourcés auprès de différents artisans. « Depuis notre dernière levée de fonds (de 30 millions d’euros au mois de mai dernier, ndlr), notre offre s’est véritablement étoffée. Nous avons notamment lancé des kits à cuisiner qui permettent justement d’obéir à tous les moments de la semaine, notamment le soir et le week-end », souligne la jeune femme. Kit à pizza, kit à burger sont désormais disponibles. Si le tarif est inférieur à celui d’un plat cuisiné, la qualité des produits fait partie intégrante de la stratégie Frichti. Une manière également de mettre en lumière des producteurs, trop souvent réduits au rang d’intermédiaires. « Il ne s’agit plus de seulement cuisiner mais de donner un coup de projecteur sur nos différents artisans. Le pain vient de notre boulangerie et le steak de notre boucherie », confie Julia Bijaoui. Frichti endosse ainsi, sous la houlette de ses deux cofondateurs, mais également autour d’une équipe renforcée ces derniers mois, le rôle de tiers de confiance. Avec une certaine maestria.
« Le meilleur service de livraison de Paris »
Car chaque « étape »- de la sélection des produits à la livraison- est réalisée avec un soin et une passion d’orfèvre. Concernant justement la livraison, Frichti peut se targuer d’avoir mis en place un système novateur qui a, depuis maintenant longtemps, fait ses preuves. Et fait pléthore d’émules. Avec toutefois la particularité, pour Frichti, de disposer de son propre service de livraison au sein même de sa propre structure. « Nous avons inventé le système de livraison en tournée. La livraison coute 1,50 €. Comme tout part d’un seul et même point, il est possible d’être livré en même temps que son voisin ». Et de filer la métaphore. « c’est comme si vous étiez dit ‘ce serait génial d’avoir un chef à domicile, de faire les courses, d’acheter les meilleurs produits à Rungis afin qu’il cuisine pour moi ’ Mais mon voisin de palier a peut-être la même envie et celui du dessus aussi ». Un argumentaire sans anicroche. « Je me mutualise donc avec tous les voisins de l’immeuble et, tous ensemble, nous avons les moyens de nous payer quelqu’un qui va cuisiner pour 20 familles. Et nous livrer au même endroit ». Un « modus operandi » que Frichti exerce non pas à l’échelle d’un immeuble mais dans tout Paris. Un système largement renforcé et peaufiné, fort de la levée de fonds du mois de mai dernier. « Nous pouvons dire que nous avons le système de livraison de le plus efficace de Paris en ce qui concerne l’aspect ‘delivery’ », affirme, sans ambages, Julia Bijaoui.
En outre, cette fameuse levée de fonds a également permis de davantage façonner l’identité Frichti, à savoir faire office de véritable « accompagnateur » du quotidien. Une sorte « d’hybride » entre restaurant et supermarché. La FoodTech propose également une carte des vins déjà particulièrement étoffée, une large gamme de fromages ainsi que de la charcuterie, une offre pour le petit-déjeuner, le brunch, le goûter ou encore une gamme épicerie fine « Frichti peut répondre aux besoins du quotidien et peut même servir à remplir les placards », développe sa cofondatrice qui ajoute que « faire ses courses n’est pas une expérience palpitante en soi ». Mais disposer d’une gamme de produits bruts, à l’intérieur des fameux kits notamment, offre davantage de « sel » à l’étape relative à la conception des différents mets proposés. « Je le répète, notre offre évolue en permanence. L’enjeu est de faire découvrir à nos clients que Frichti peut aussi être une solution idéale pour le soir », explique l’entrepreneure qui se réjouit également des retours « extrêmement positifs » des utilisateurs sur cette nouvelle offre en kits.
Le défi de l’international
Après avoir (largement) exploré les cieux hexagonaux, la start-up a-t-elle des velléités à l’international ? « Cela demeure un objectif mais je n’ai aucune destination ni aucune date à communiquer » avance, prudente, Julia Bijaoui. Tout en affirmant à deux reprises que cela restait dans un coin de sa tête, avant de dérouler le fond de sa pensée. « Pour poser les jalons de la conquête d’autres marchés, a fortiori hors de France, nous devons être extrêmement bien préparés et, de facto, particulièrement bien affûter notre réflexion », explique l’entrepreneure. Et de battre en brèche les poncifs qui voudraient qu’une présence à l’international se manifeste uniquement par la création d’un bureau et l’envoi de personnels pour créer une équipe. « C’est bien plus compliqué que cela. Déjà, notre business est beaucoup moins ‘scalable’ qu’un business traditionnel Web car nous sommes également ancrés dans le physique ». Et d’ajouter. « Nous avons déjà coché plein de cases pour dupliquer notre affaire à l’international. Mais peut-être pas encore toutes », souligne la jeune femme. Avoir les yeux plus gros que le ventre ne fait visiblement pas partie de l’ADN de Frichti.
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