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Uber N’Est Pas Le Champion De La Parité

Photo Uber

Après avoir affronté les chauffeurs de taxi français et scandalisé le pays avec des textos insistants de la part de ses chauffeurs, Uber a publié le 28 mars un premier rapport détaillant la composition de son personnel dans le monde.

36,1 % de femmes pour 63,9 % d’hommes. « Toutes les forces, en excès, sont une faiblesse », a annoncé Liane Hornsey, la directrice des ressources humaines récemment nommée, dans une interview au siège de la société à San Francisco, rapporte le New York Times, précisant que ces chiffres ne concernent pas les chauffeurs, étant considérés comme freelance. Pour les jobs plutôt technologiques, les hommes sont présents à 85 %. « Ce qui a conduit Uber à un immense succès – son agressivité, son attitude aguerrie – a diminué. Il faut revenir en arrière ». Sur son blog, l’entreprise va jusqu’à dire que cette culture masculine, excessive, est allée trop loin.

Selon des salariés, Travis Kalanick a longtemps résisté à la publication de ce rapport sur la diversité. Mardi dernier, il révélait : « Je sais que nous avons été trop lents à publier nos chiffres – et que la meilleure façon de démontrer notre engagement envers le changement est la transparence. Et pour faire des progrès, il est important de mesurer ce qui compte. » Précisant dans un post de blog qu’il y avait encore beaucoup de travail et qu’en 2016, 41% des nouveaux employés étaient des femmes.

Des embauches pour résoudre le problème

Pour résoudre ce problème, la compagnie, évaluée à près de 70 milliards de dollars, a notamment engagé Eric H. Holder Jr., ancien procureur général des États-Unis, pour mener une enquête sur place. Arianna Huffington, membre du conseil d’administration, a déclaré à plusieurs reprises que l’entreprise n’embaucherait plus de « geeks brillants ». La D.R.H., ancienne de Google, a rejoint Uber l’an dernier avec un budget illimité pour réorganiser les processus et le management mis en place aux débuts de la start-up. Elle a également démarré une tournée pour écouter les doléances des salariés.

Même tendance chez les GAFA

Certes, les chiffres d’Uber ne sont pas exemplaires mais ils se révèlent moins catastrophiques que les autres géants du web. Selon un récent rapport sur la diversité chez Google, seulement 31 % de sa main-d’œuvre est représenté par des femmes tandis que 81 % des postes technologiques sont détenus par des hommes. La tendance est à peu près la même pour Apple et Facebook. 
Chez Uber, ces questions de parité peuvent s’expliquer par une croissance vertigineuse au cours des dernières années. Le service est disponible dans des centaines de villes dans plus de 70 pays et répond à des centaines de milliers de demandes par jour. Au cours de la dernière année seulement, le nombre d’employés a doublé, pour atteindre plus de 12 000. Mais, cette expansion a un coût, selon des salariés qui rapportent que la croissance a été placée en priorité par rapport à tout le reste. Parmi le personnel, les meilleurs éléments ont été promus à des postes de manager alors 63 % d’entre eux n’avaient jamais occupé ce genre d’emploi. Certains rapportent que peu de formations ont été donnés. « Au cours des premières années, nous avons dû nous concentrer sur l’opérationnel », affirmait Nicole Cuellar, responsable des opérations et de la logistique qui a travaillé chez Uber pendant près de quatre ans. Elle a ajouté qu’Uber était en train de créer un groupe de travail pour identifier les principales défaillances des ressources humaines, avec l’aide de Frances X de la Harvard Business School, spécialiste des changements organisationnels. Uber a également promis de faire don de 3 millions de dollars au cours des trois prochaines années à des groupes travaillant sur l’intégration des femmes et des minorités dans l’industrie de la tech.

Des changements attendus de pied ferme…

Certains employés doutent de la capacité de l’entreprise à changer, étant donné le caractère profondément ancré de l’individualisme agressif que le fondateur a favorisé. Mais d’autres, comme Tasneem Minadakis, active dans l’organisation LadyEng d’Uber, un groupe interne qui soutient les femmes, ont déclaré qu’ils avaiet été galvanisés par les efforts qui déjà accomplis. Mme Minadakis a déclaré que LadyEng comptait plus de 500 employés désireux de promulguer des changements. Sur 12 000, c’est un bon début…

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