Les scientifiques ne sont pas assez présents dans la société… parmi les hommes politiques, les médias, les directoires des grandes sociétés, ou encore l’industrie. La communauté de chercheurs est un vivier sous-exploité pour Science Me Up, une start-up (rachetée par le groupe Leyton) spécialiste du recrutement des talents scientifiques et de leur intégration au sein des entreprises. Si leurs compétences sont largement valorisées à l’étranger, en France, l’image de l’enseignant-chercheur détaché des contingences matérielles quotidiennes leur fait du tort. A commencer par le secteur de l’industrie qui se prive, selon la co-fondatrice Perrine Strasser, de talents à fortes compétences dans lesquels les entreprises auraient tout intérêt à puiser pour développer ou soutenir leur R&D&I (Recherche et développement). Rencontre avec la jeune entrepreneuse qui a su mettre à profit ses compétences de docteur en biologie moléculaire au service de la formation de ces nouvelles pépites pour l’industrie.
Science Me Up est-elle un cabinet de recrutement spécialisé ?
Perrine Strasser : Nous ne sommes pas seulement un cabinet de recrutement mais une startup qui permet à deux mondes de communiquer ensemble alors qu’ils n’avaient pas forcément le même langage. Science Me Up est spécialisée dans le recrutement qui fait la passerelle entre les scientifiques universitaires et le milieu industriel en quête d’innovation.
Quelle est la genèse de Science Me Up ?
S. T.: Mon associé (David Bruchlen) et moi-même venons du monde de la recherche et c’est dans le cadre associatif pour la valorisation des compétences des métiers en science, que nous nous sommes rencontrés. Dans ce genre d’association où l’on rencontre beaucoup d’étudiants, je me suis occupée d’organiser des déjeuners de carrière, puis très vite des événements de rencontre entre le milieu académique et le milieu privé. Un jour on s’est demandés pourquoi ne pas monter une solution de recrutement pour les jeunes scientifiques ?
Ces derniers ne postulent pas auprès des entreprises industrielles ?
S. T. : Il y a en France un décalage entre le marché public du travail et le nombre de scientifiques universitaires diplômés : Pas assez de postes, pas d’évolution de carrière, et, beaucoup de frustration qui explique une forme de fuite des cerveaux à l’étranger (31%) alors qu’ils ont des compétences pointues à apporter au monde industriel. Mais il faut convaincre les deux parties.
Les convaincre, c’est-à-dire ?
S. T. : Convaincre les entreprises qui se tournent plus naturellement vers les ingénieurs et méconnaissent encore les profils de docteur en science, alors que ces derniers sont très complémentaires et apportent de idées différentes dans les développements de projets d’innovation pointus. Et d’un autre côté le scientifique conserve souvent un attachement à la recherche publique et où la notion de profit du privé leur parait antinomique.
Comment procédez-vous ?
S. T.: Nous avons tous dans l’équipe cette double casquette qui permet à la fois de comprendre les besoins du client mais aussi de lui poser des questions auxquelles il ne pense pas, pour l’aiguiller vers des profils auxquels il ne s’était pas intéressé au démarrage. Et enfin Science Me Up s’articule autour de trois pôles d’activité aussi essentiels que complémentaires : le recrutement, la formation et la sensibilisation RH. Cela va de l’aide à l’écriture du cv (plus adapté aux codes du marché du travail), à la simulation d’entretien d’embauche, en passant par la définition plus précise de leur projet de carrière.
Dans quels secteurs y-a-t-il le plus de demande ?
S. T.: Il y a une demande importante en IT (information technology) où le marché est tendu par l’évolution constante des besoins et de nouveaux postes. Mais aussi les entreprises de biotechnologie qui recherchent des profils scientifiques en biologie, en mathématique-chimie. Et on observe une ouverture du marché sur l’écologie.
Entreprendre dans le milieu industriel et scientifique, est-ce difficile pour une femme ou un cliché ?
S. T.: Pour être honnête le fait d’avoir un associé masculin facilite les choses car il arrive que certains clients ne parlent qu’aux hommes. Cela nous énervait au début, mais on l’a finalement utilisé à notre avantage en répartissant nos clients en fonction de leur sensibilité. J’ai reçu une éducation qui ne fait pas de différence heureusement, et qui me permet de ne pas avoir froid aux yeux dans ce que j’entreprends.
Quel changement pour Science Me Up avec le rachat de Science Me Up par le groupe Leyton ?
S. T. : Cela nous permet d’embaucher du monde beaucoup plus vite et de nous développer tout en s’appuyant sur différents supports, comme la force Commerciale du groupe que l’on n’aurait jamais pu avoir ! Donc cela nous offre de belles perspectives !
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