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Réussite | Stéphanie Hospital : « OneRagtime est la preuve qu’on peut créer un fonds de private equity, sans avoir été Venture Capitalist au préalable ! »

Après plus de quinze ans passés dans l’univers des télécoms, Stéphanie Hospital s’associe en 2014 avec le banquier d’affaires Jean-Marie Messier pour lancer un fonds de private equity dédié aux entreprises du numérique : OneRagtime. En parallèle, elle œuvre en faveur de l’écosystème en tant que board member de France Digitale. Portrait d’une femme inspirante.


 
Avant de créer son propre fonds d’investissement OneRagtime, Stéphanie Hospital a débuté sa carrière en entreprise, chez Orange. Après avoir opéré la fusion entre Eresmas et Wanadoo Espagne, qui donnera par la suite naissance à Orange Espagne, elle rejoint à Paris la division digitale du groupe. « Tout au long de ma carrière corporate, j’ai eu l’occasion d’être exposée à de nouvelles sociétés, des ruptures technologiques, mais aussi aux enjeux du développement à l’international » explique Stéphanie Hospital. Des groupes comme Google, Facebook, Microsoft font partie de ses interlocuteurs réguliers, quand elle n’est pas investie dans le développement de plateformes de services pour le compte des filiales d’Orange. Ce qu’elle préfère ? « Détecter des nouvelles startups avec lesquelles coopérer pour proposer des produits ou services innovants ». 
 
 
Très à l’aise dans cet environnement international, et entourée de créateurs d’entreprise, Stéphanie Hospital ressent à son tour l’envie de se lancer dans un projet entrepreneurial. Heureux hasard, il se trouve que dans le cadre des prises de participation par Orange dans Deezer et Daily Motion, elle fait la connaissance du banquier d’affaires Jean-Marie Messier, qui accompagne alors le groupe de Télécom dans cette initiative.
 
Le courant passe bien, et le banquier l’invite à le contacter lorsqu’elle sera au clair sur son projet. « En 2014, je lui envoie un mail en lui exposant mon intention de créer un fonds d’investissement avec une approche différente des fonds traditionnels, tourné vers la tech pour accompagner les entrepreneurs très tôt dans leur développement ». Lors du rendez-vous, Jean-Marie Messier lui donne son accord de principe pour une association. Un démarrage sous les meilleurs auspices avec un partenaire de confiance, qui lui donne l’assurance pour se lancer dans ce nouveau métier de Venture Capitalist. « A posteriori, je peux vous dire que je n’avais pas idée de la tâche à laquelle j’allais m’atteler, mais l’enthousiasme était tel que cela m’a permis d’affronter les obstacles ». Quand on l’interroge sur le contenu de sa feuille de route à l’époque, l’entrepreneure répond que sa thèse d’investissement est restée assez cohérente.

OneRagtime s’est positionnée comme elle le souhaitait dans le domaine de la tech, en favorisant les entreprises dont le modèle leur permet de se développer par effet de réseau, ainsi que celles qui s’inscrivent dans un modèle consumer grand public ou qui touchent le grand public à travers des partenariats. 

 
 
Stéphanie Hospital et Emma Haziza, la fondatrice de MayaneLabs, une des start-up soutenues par OneRagtime

 

En 2016, OneRagtime débute ses premiers investissements via des clubs deal. La start-up française Zenly, rachetée par la suite par Snapchat pour 250 millions de dollars avec un ticket Business Angel de OneRagtime annonce un bon karma ! Très vite suivis par Jellysmack (création de contenus sur les réseaux sociaux) et +Simple (courtier d’assurance digitale pour les smbs), qui font partie des premiers deals structurants. « Chez OneRagtime, on accompagne les projets positionnés dans la création de contenus et les services de communication, l’IA et les marketplace, ce qui se rapproche au final de ce que je faisais chez Orange » concède Stephanie Hospital.
 

Stéphanie Hospital : « Le fait de ne pas être une société à impact ne dispense pas de respecter les critères ESG »


 
En moyenne, les tickets avoisinent entre 700 000€ et plusieurs millions d’euros, ce qui permet au fonds de monter au capital des entreprises à hauteur de 10 à 25% « Nous sélectionnons également des projets dans la Fintech, qui ne nécessitent pas de capital de manière intensive. Autrement dit, entre une néobanque et un service d’intermédiation, notre attention se portera sur le second ». Ce qui fait la signature OneRagtime, c’est sans aucun doute le souci constant de donner la priorité à des projets portés par des investisseurs matures, comme MayaneLabs, une start-up spécialisée dans les risques climatiques, et dont la fondatrice Emma Haziza est climatologue ou OnOff, l’opérateur de télécommunications créé par Thaïg Khris, le sportif de l’extrême. « Nous avons la même exigence vis-à-vis de nous-mêmes que pour nos entrepreneurs. OneRagtime est aussi une plateforme tech que nous avons développée en interne pour digitaliser tout le métier de l’investissement. Un travail qui nous a valu de décrocher le statut de Jeune Entreprise Innovante » souligne Stéphanie Hospital.
 
 
En plus de sa casquette de CEO de OneRagtime, la cheffe d’entreprise siège au board de France Digital. « Ce projet est pour moi une façon de redonner à un écosystème qui a été très généreux à mon égard. Je m’investis aussi bien dans des missions de lobbying pour faire en sorte que les normes françaises et européennes soient favorables aux entreprises, notamment sur les questions fiscales, que dans le renforcement des partenariats entre l’État, les corporates et les startups, qui représentent souvent le premier levier de croissance de ces jeunes pousses ». Pour Stéphanie Hospital, la question des valeurs fait partie intégrante de la façon dont elle exerce son métier de VC. « Le fait de ne pas être une société à impact ne dispense pas de respecter les critères ESG ». Des considérations qui l’amène aussi à privilégier les entrepreneurs qui font preuve d’une certaine frugalité dans leur rapport à l’argent.
 
Un son de cloche un peu à contre-courant de l’actualité, marquée par des levées toujours plus élevées, mais qui a le mérite de ramener à la réalité. « Un investissement réussi se juge par le prix d’entrée et celui de sortie, et peu de classes d’actifs fournissent des retours sur investissement exceptionnels. C’est la raison pour laquelle je me méfie des valorisations qui s’envolent ». Interrogée sur ce qui manque aujourd’hui à l’écosystème français, Stéphanie Hospital répond sans hésiter « un marché de sortie plus conséquent, pour favoriser les rapprochements et les cotations en bourse ».
 
Celle qui a été décorée en janvier dernier de la Légion d’Honneur pour son investissement en faveur de la French Tech, ne compte pas s’arrêter là. Pour OneRagtime, l’ambition affichée est de changer de dimension en termes de capacité de financement pour accompagner des tours entre 5 et 20 millions d’euros, en s’entourant cette fois d’institutionnels. Et pour France Digitale ? « Un second mandat » glisse en souriant Stéphanie Hospital. 
 
 

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