Remaniement : Roxana Maracineanu Dans Le Grand Bain De La Politique

Une semaine après la démission surprise de Nicolas Hulot qui a engendré, comme de coutume, pléthore de rumeurs et autres bruits de couloir, c’est finalement François de Rugy, actuel président de l’Assemblée nationale qui va prendre la succession de l’ancien animateur de TF1. Aux sports, l’ex-nageuse Roxana Maracineanu prend la suite de l’ancienne championne olympique d’escrime, Laura Flessel. 

Nicolas Hulot et Laura Flessel, deux des visages issus de « la société civile », terme ô combien galvaudé, auront finalement échoué à faire évoluer les choses de « l’intérieur », signe que le chemin reste escarpé et sinueux pour tous ceux désireux d’apporter leur pierre à l’édifice. Même si dans le cas de Laura Flessel, ce sont des « raisons personnelles » qui l’auraient poussée à renoncer à son maroquin. Le « cas » Hulot est résolument différent, l’ancien animateur vedette de TF1 ayant pris la poudre d’escampette pour ne plus « avoir à se mentir », dénonçant au passage l’omniprésence des lobbies dans les cercles de pouvoir selon ses propres termes. Pour pallier ces deux défections, Emmanuel Macron et Edouard Philippe – à qui on prédisait l’intention de procéder à un remaniement plus large en vertu des difficultés de la ministre de la Culture Françoise Nyssen – ont finalement joué la stratégie du « poste pour poste ». Exit Nicolas Hulot, remplacé numériquement par l’ancien président de l’Assemblée nationale et candidat malheureux à la primaire «  de la Belle Alliance Populaire », François de Rugy (3,82% des voix). Ce dernier délaisse ainsi le « Perchoir » du Palais Bourbon et son rang de 4^e personnage de l’Etat pour plonger dans le marigot gouvernemental. Richard Ferrand, actuel président du groupe LaRem à l’Assemblée, lorgnerait d’ailleurs sa succession à l’Assemblée. Fin connaisseur des questions environnementales, François de Rugy était notamment opposé au projet controversé de construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), finalement abandonné par l’actuel exécutif.

Du côté de l’avenue de France, dans le XIIIe arrondissement de Paris, siège du ministère des Sports, une championne laisse la place à une autre. Quintuple médaillée olympique – dont deux en or -, la « guêpe » Laura Flessel passe le flambeau à la nageuse et ex-championne du monde, Roxana Maracineanu.  L’ancienne escrimeuse peut néanmoins se targuer d’un bilan plus qu’honorable en 14 mois de présence à la tête de ce ministère qui, à l’image de l’Ecologie et des Affaires européennes brille par son « instabilité ».  Point d’orgue de sa carrière « ministérielle » : l’attribution des Jeux Olympiques 2024 et une équipe de France de football sur le toit du monde (même si sur ce dernier point le mérite revient entièrement à Didier Deschamps et aux 23 Bleus présents en Russie). Toujours est-il que l’ancienne escrimeuse laisse le sport français dans un meilleur état qu’elle ne l’avait trouvé en juin 2017. Désormais, charge à Roxana Maracineanu de faire vivre cet « héritage ».

« Entièrement Française et entièrement Roumaine »

Ancienne championne du monde en 1998 du 200 mètres natation dos et médaillée d’argent, sur la même discipline, deux ans plus tard aux Jeux Olympiques de Sydney, Roxana Maracineanu a vu le jour à Bucarest, en 1975 , où elle s’est initialement dirigée vers la gymnastique avant de « bifurquer » vers la natation où elle a ouvert la voie à une génération prometteuse, Laure Manaudou et Alain Bernard en tête. « A l’époque, en Roumanie, le sport était poussé à l’extrême parce que c’était l’unique moyen de promotion sociale donc de survie », raconte-elle en 1998 dans une interview à L’Humanité. Ayant fait ses « premières armes » dans la Roumanie de Ceaucescu, la « graine de championne », quitte son pays natal et débarque en… Algérie, à 9 ans, à la faveur d’un contrat de coopérant obtenu par son père, puis arrive la France, où elle demande l’asile politique.

« En arrivant en France, je me souviens m’être précipitée sur les chewing-gums à la menthe de la marque ‘Hollywood’. Soudain, pour moi, c’était Noël », se souvient-elle en 1998. « En Roumanie, nous nous contentions de ramasser les papiers des ‘Hollywood’, d’y plonger notre nez pour sentir profondément la menthe ». Mais l’ancienne championne qui se dit « entièrement roumaine et entièrement française » n’est pas une « novice » en politique puisqu’elle figurait sur la liste du Parti socialiste lors des élections régionales en 2010. Celle qui est, par ailleurs, diplômée de l’ESCP Europe, se retrouve donc désormais propulsée en première ligne et va devoir composer avec un budget en baisse. Avec ce remaniement a minima, Emmanuel Macron espère s’offrir un peu de répit avant de s’attaquer à son deuxième « grand moment » de la journée : l’application ou non du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.