Chaque année, la fondation Bettencourt Schueller remet quatre prix scientifiques pour encourager les chercheurs en science de la vie à « des moments clés de leur carrière ». Cette année, l’un des quatre prix coup d’élan pour la recherche française et le prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant sont remis à deux chercheures. Remise des prix aux lauréates ces 7 et 8 novembre.
Elle était connue pour L’Oréal, pour le classement des femmes les plus riches du monde, mais peu pour la philanthropie. Pourtant, depuis 1987, la Fondation Bettencourt Schueller, fondée par Liliane et André Bettencourt avec leur fille, agit dans des domaines aussi variés que la culture, la solidarité et les sciences de la vie. Sur ce dernier domaine, quatre prix récompensent chaque année des chercheurs à « des moments clés de leur carrière ». Les prix pour les jeunes chercheurs, la dotation du programme ATIP avenir, et les deux prix qui nous intéressent aujourd’hui, le prix coup d’élan pour la recherche française, et le prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant. Cette année, deux chercheures font partie des lauréats qui seront primées ces 7 et 8 novembre. Le prix Liliane Bettencourt est remis à Déborah Bourc’his et l’un des quatre prix coup d’élan à Valérie Castellani.
« Le mécénat scientifique de la Fondation a pour objectif d’agir durablement sur l’écosystème de la recherche dans les sciences de la vie par le soutien aux chercheurs, à la formation à et par la recherche et aux actions qui mènent à la diffusion de la culture scientifique », précise Laura Ferri Fioni, responsable du mécénat scientifique à la fondation. Elle-même chercheure et enseignante au département biologie de l’école Polytechnique durant 17 ans, Laura Ferri Fioni coordonne aujourd’hui les activités de la fondation pour le soutien à la recherche.
Décrypter les mécanismes de reproduction
Déborah Bourc’his, 45 ans, reçoit le prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant pour sa recherche : Décrypter les mécanismes de la reproduction et évaluer l’influence d’une exposition à des polluants de type perturbateurs endocriniens sur la formation des gamètes. « L’idée de cette recherche s’est forgée durant mon parcours universitaire », indique Déborah Bourc’his, formée à l’université Paris-Diderot en génétique humaine (doctorat) et à Columbia university (post-doctorat), est directrice de recherche à l’Inserm depuis 2011.
« Quelles sont les informations contenues dans l’œuf et le spermatozoïde, qui ne sont pas codées dans l’ADN mais sont héréditaires ? C’est ce que l’on appelle l’épigénétique », explique la chercheure qui essaie de savoir si l’environnement peut « influencer cette information ». « L’information parentale transmise à la descendance laisse une empreinte », poursuit Déborah Bourc’his. « Nous avons découvert que notre taille est déterminée par des marqueurs épigénétiques dès la première semaine. » Une recherche qui permet ainsi de découvrir ce que l’on transmet à notre descendance, « au-delà de notre hérédité ». À l’heure où l’on parle de pollution et de perturbateurs endocriniens, cette recherche a particulièrement retenu l’attention du conseil scientifique de la fondation.
Le prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant est décerné chaque année à un chercheur européen. « Parmi une trentaine de candidatures reçues et provenant directement des instituts de recherche, notre conseil scientifique, composé de 14 chercheurs, en présélectionne une dizaine soumises ensuite à des experts internationaux », souligne Laura Ferri Fioni, responsable du mécénat.
« Le prix permet de mettre en lumières mes recherches et d’être reconnue par un panel de scientifiques », se réjouit la directrice de recherche. « La dotation est conséquente et nous donnera la possibilité de prendre des risques en terme d’innovation, ce qui est difficile avec les agences de financement traditionnelles. »
Comprendre le processus de formation du neuroblastome
« Pour les Prix Coups d’élan pour la recherche française, l’Inserm et le CNRS proposent huit candidatures qui sont étudiées par notre comité scientifique », indique Laura Ferri Fioni. L’objectif de ce prix est améliorer les conditions de travail des chercheurs. Cette année, Valérie Castellani, 51 ans, est récompensée pour sa recherche : Comprendre le processus de formation du cancer du système nerveux de l’enfant, le neuroblastome.
« Nos recherches tentent de comprendre comment une cellule neuronale se développe, comprendre les mécanismes qui permettent aux neurones de créer des synapses. Or, comprendre la formation du système nerveux permet aussi d’éclairer l‘apparition de pathologies », explique Valérie Castellani. Formée à l’université Claude Bernard (Lyon), Valérie Castellani est directrice d’une équipe au CNRS depuis 2003. « Nous travaillons sur le neuroblastome qui est un cancer d’origine embryonnaire et très métastatique, donc dans 70% des cas, quand les patients sont diagnostiqués, ils ont déjà développé des métastases. »
Cette recherche a permis de découvrir « si ces foyers dérivaient d’une tumeur initiale ou s’ils étaient présents dès le départ. Nous avons créé un modèle animal pour tester cela et découvert qu’il existe une tumeur primaire et nous avons pu identifier les chemins qui permettent aux métastases de se développer. »
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits