Roman dystopique, La Servante écarlate (The Handmaid’s tale) de Margaret Atwood est publié en 1985. Sa récente adaptation en série télévisée, largement récompensée par la critique, et l’élection de Donald Trump ont relancé les ventes de cet ouvrage désormais brandi par les féministes en signe d’avertissement.
« C’était après la catastrophe, quand ils ont abattu le Président, mitraillé le Congrès et que les militaires ont déclaré l’état d’urgence. Ils ont rejeté la faute sur les fanatiques islamiques à l’époque […] C’est à ce moment-là qu’ils ont suspendu la Constitution. Ils disaient que ce serait temporaire. Il n’y a même pas eu d’émeutes dans la rue. »
Ces mots ont été écrits en 1985. Il y a 32 ans. Ils n’ont peut-être jamais été autant d’actualité. Dans le roman dystopique de la Canadienne Margaret Atwood, La Servante écarlate, l’Amérique est transformée en dictature puritaine et patriarcale. Les femmes se voient retirer le droit de travailler, le droit de lire, le droit de posséder un compte bancaire. Certaines deviennent des non femmes, les récalcitrantes sont envoyées aux colonies où une mort certaine les attend, d’autres sont réduites à l’état d’esclave.
Par à-coups, au rythme d’une écriture parfois saccadée, comme si les mots avaient du mal à sortir, à décrire, la narratrice raconte : la vie perdue, avec un mari et une enfant ; la vie d’avant, dans une sorte d’internat de formation ; et la vie de servante. Écarlate, parce que couverte d’un voile rouge à ailettes blanches. Rouge parce que fertile.
Dans un pays ravagé par une catastrophe écologique, les femmes potentiellement fertiles sont rares. L’héroïne, privée de nom, raconte les viols qu’elle subit chaque mois afin de donner un enfant au « commandant » et à son épouse stérile, présente lors de ce rituel déshumanisé. Car dans cette société gérée par et pour les hommes, mais où les femmes sont omniprésentes et essentielles, ce n’est jamais la fertilité de l’homme qui est remise en cause…
Women’s march
Le 21 janvier, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a fait descendre des milliers de femmes dans la rue. Des protestations durant lesquelles certaines femmes arboraient l’accoutrement des servantes écarlates, mais aussi des pancartes « Make Margaret Atwood fiction again ». Alors que Donald Trump candidat était confronté à un enregistrement dans lequel il se vantait de « prendre les femmes par la c*** », Donald Trump président a décidé, parmi ses premières mesures, de geler les fonds fédéraux accordés aux associations de femmes.
Trop souvent réduit à son féminisme alors qu’il parle plus largement de l’humain, de politique, d’écologie et de rapports de force, La Servante écarlate voit ses ventes exploser, au même titre que le 1984 de Orwell.
Joies du calendrier, la plate-forme américaine Hulu propose depuis avril l’adaptation en série, largement saluée par la critique avec cinq Emmy Awards en septembre dernier. Et en octobre dernier, l’autrice de La Servante écarlate a reçu le prix Franz Kafka.
Un succès qui permet à chacun et chacune de rester vigilant sur les droits des femmes. « Nolite te salopardes exterminorum », un graffiti griffonné en signe d’espoir ou de protestation.
I’m hiding copies of The Handmaid’s Tale in Paris! Je cache des copies de La Servante Ecarlate dans tout Paris! #OSSParis @the_bookfairies 📚 pic.twitter.com/SvwjYqm1G3
— Emma Watson (@EmmaWatson) 21 juin 2017
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