Une étude, menée par la Women Initiative Foundation, analyse la perception de la mixité dans les grands groupes. Un questionnaire a été transmis aux femmes et aux hommes de quatre grands groupes (L’Oréal, Engie, Oracle, BNP Paribas) dans trois pays européens (France, Allemagne, Italie). Les femmes et les hommes ont tendance à porter les mêmes stéréotypes, mais leur perception est différente sur des points tels que les freins à l’évolution professionnelle, l’accord vie personnelle/vie professionnelle, ou l’égalité dans l’entreprise.
Quatre grands groupes ont joué le jeu. 2 400 managers et cadres, femmes et hommes, de L’Oréal, Engie, BNP Paribas, et Oracle ont répondu à un questionnaire sur la perception de la mixité dans les entreprises. Résultat, les stéréotypes de genre ont la vie dure. Surtout, ils sont très proches, peu importe le sexe ou le pays des répondants. Avec une exception française, les femmes dirigeantes sont perçues comme développant une masculinisation de leur comportement.
L’étude, lancée par la Women Initiative Foundation en partenariat avec le laboratoire de recherche en génie industriel et CentraleSupélec a la particularité de couvrir trois pays européens, la France, l’Allemagne et l’Italie. Ses résultats ont été comparés par le Clayman Institute de Stanford à des analyses similaires réalisées aux Etats-Unis.
L’objectif de l’étude est triple, a indiqué en préambule Martine Liautaud, à l’origine de la fondation : « établir un état des lieux », « voir quels sont les freins à la mixité », et « contribuer à la réflexion des grands groupes ».
Les femmes dirigeantes ne sont pas à l’écoute
Les femmes ne sont pas autoritaires, et les femmes dirigeantes ne sont pas à l’écoute, tandis que les hommes, qu’ils soient dirigeants ou non, ne sont pas à l’écoute et pas intuitifs. C’est en tout cas ce qui ressort quand est présenté aux répondants une série d’une quinzaine de mots permettant de caractériser femmes et hommes, dirigeant.e.s ou non.
Si les femmes sont en général perçues comme organisées, pragmatiques et à l’écoute, les femmes dirigeantes sont perçues comme pragmatiques, carriéristes et combatives. Des attributs qui sont généralement donnés aux hommes.
L’étude met en lumière le fait qu’en France, les stéréotypes sont très marqués et très différents selon le niveau hiérarchique. Pour résumer, en France, les femmes dirigeantes sont perçues comme ayant les mêmes caractéristiques que les hommes, alors que ces stéréotypes sont indépendants du niveau hiérarchique en Allemagne et en Italie où femmes et femmes dirigeantes sont perçues de la même manière.
A noter qu’en France, 72% des répondants sont des femmes, alors qu’elles sont 53% en Allemagne et 49% en Italie. La France apparaît ainsi comme étant en retard sur un sujet qui reste encore pris en main par les femmes, alors qu’il l’est presque à parité en Allemagne et en Italie où les hommes ont même répondu plus largement.
En Italie, les femmes perçoivent beaucoup moins ce processus de masculinisation, très marqué en France. Notamment en raison d’une forme d’autocensure, de plaisanteries subies ou de l’idée que les femmes ont un moindre appétit du pouvoir, les femmes adopteraient des comportements plus masculins.
Egalité perçue
L’originalité de l’étude tient sur le fait qu’elle dévoile la perception de la question. Et sur la thématique de l’égalité, les perceptions sont différentes chez les hommes et les femmes. Ainsi, à l’assertion « à compétence égale les hommes sont mieux payés que les femmes », les hommes répondent oui à 30% alors que les femmes répondent oui à 73%, révélant qu’elles se sentent fortement discriminé quant au salaire.
Idem pour les promotions internes : les hommes considèrent à 70% que les femmes y ont autant accès que les hommes quand de leur côté, les femmes sont seulement 40% à y croire. Un certain agacement serait à noter chez les mâles français qui considèrent à 40% qu’une politique discriminatoire en faveur des femmes est à noter, tandis que dans les deux autres pays cette perception n’est que de 15 et 25%.
Equilibre vie pro / vie perso
En revanche, le thème qui pourrait être très genré, celui de l’équilibre vie personnelle / vie professionnelle, ne l’est en réalité que très peu. Pour 80% des répondants, cette conciliation est possible, mais pour 50% reste difficile. Et les répondants sont 60% à considérer que le travail prend trop de place dans la vie (58% des hommes et 62% des femmes). Et 50% femmes et hommes se sentent coupables de passer trop de temps au bureau. Les ponts du mois de mai pourraient faire évoluer la donne.
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