Entrepreneure dans l’âme, l’ancienne numéro 1 mondiale se confie en exclusivité à Forbes sur son nouveau challenge à plein temps : le business. La championne aux cinq Grands Chelems, courtisée dès ses débuts par les plus prestigieuses marques, a su capitaliser avec brio sur son expérience du marketing. Sa dernière collaboration en date avec Therabody révèle ses ambitions bien plus stratégiques et parfaitement assumées. Entretien.
Depuis l’annonce de votre retraite sportive en début d’année, vous êtes plus que jamais présente sur le terrain du business. Vous vous dites prête « à gravir une autre montagne ». Quel challenge ciblez-vous ?
Maria Sharapova : Les affaires et l’entrepreneuriat ont toujours été mes passions ! Autrement dit, je m’attaque à une autre montagne que je suis impatiente de gravir. Dès l’adolescence, j’ai eu l’opportunité de travailler avec des marques incroyables, ce qui a assurément conduit à attiser mon intérêt pour les affaires, mais aussi pour la création d’une entreprise. En 2012, j’ai lancé ma société Sugarpova qui propose des confiseries et des chocolats premium. Depuis ma retraite tennistique en début d’année, j’apprécie de disposer de plus de temps pour développer et affiner tous mes autres projets, que ce soit Therabody, Bala Bangles, The Skills, et bien d’autres encore. Je consacre aussi davantage de temps à la recherche de nouveaux partenariats et d’opportunités d’investissement.
D’où vient cette soif d’entreprendre ?
M.S : Je pense qu’une grande partie de mon esprit d’entreprise trouve son origine dans ma carrière d’athlète. Le sport de haut niveau va de pair avec un travail acharné, une attention aux détails et une démarche cohérente : soit autant de particularités que j’ai directement appliquées à ma façon d’aborder le sport et les affaires. Je dirais que cela est devenue une évidence lorsque j’ai démarré ma collaboration avec Nike et d’autres grandes griffes. Ainsi, je me souviens très clairement de ces réunions dans de grandes salles de conférence pendant lesquelles je réalisais mon déficit en matière d’échanges commerciaux. Cependant, j’ai bien saisi à quel point ce pouvait être une occasion unique pour moi d’apprendre de ces cadres supérieurs experts dans leur domaine. Depuis, je me suis toujours fait un devoir de prendre place aux processus de discussion dès lors qu’il s’agissait de décisions commerciales stratégiques, dans l’optique de continuer à grandir et à apprendre.
Parmi vos nombreuses collaborations, vous avez récemment décidé de vous impliquer davantage, en endossant le rôle de conseillère stratégique de la marque Therabody. Vous allez au-delà de l’investissement financier ?
M.S : Dès ma première conversation avec le CEO de Therabody, Ben Nazarian, et son équipe, je savais que ce serait un excellent investissement et un partenariat véritablement collaboratif. À ce stade de ma carrière, ce qui m’excite le plus, c’est l’opportunité de jouer un rôle charnière au-delà d’un simple investissement financier. J’entends non seulement associer mon nom avec Therabody sur le plan marketing, mais également avoir la possibilité d’influencer la croissance de l’entreprise au quotidien.
De quelle manière comptez-vous soutenir le développement de cet acteur de la Tech et du wellness, un secteur en pleine ébullition ?
M.S : En tant qu’athlète, j’ai toujours eu un œil attentif sur la santé et le bien-être. De par ma position, j’ai constaté à quel point ces deux secteurs ont été impactés par la révolution technologique, et ce n’est encore qu’un début ! Le potentiel est immense et ne manque pas de me passionner. Quand je regarde l’écosystème des entreprises et marques évoluant dans ce domaine, je réalise combien Therabody se distingue de la concurrence. Il y a une véritable capacité à se déployer à grande échelle en termes d’innovations technologiques. Les individus comme les athlètes de tous niveaux bénéficient de cette avance. Très concrètement, des produits comme Theragun ont été en mesure de faire une énorme différence en matière d’hygiène de vie au quotidien.
De quelle personnalité du monde des affaires admirez-vous le plus le parcours ?
M.S : Je suis admirative du parcours de Melinda Gates.
Vous êtes érigée en exemple du sport-business : la Harvard Business School a utilisé votre carrière dans une étude de cas sur la façon de « commercialiser un champion »… Quels sont vos conseils d’entrepreneure à nos lecteurs pour transformer une start-up en success story ?
M.S : L’équilibre. Cet aspect est clef dans la vie d’une personne. Je n’ai jamais transigé sur ce point tout au long de ma carrière, de ma vie. A plus forte raison aujourd’hui, depuis que je profite de plus de temps libre. Il est très utile par ailleurs d’explorer ses centres d’intérêt en dehors de ce qui vous accapare le plus – que ce soit les affaires, le sport ou tout autre chose. Je dirai aussi à vos lecteurs de ne jamais sous-estimer l’importance de son équipe : oui, l’énergie au travail est importante, mais n’oubliez pas de rester à l’écoute de vos collaborateurs. Il n’y a pas de meilleure manière d’apprendre et de grandir ! Entourez-vous de personnes qui seront pour vous d’excellents coachs et des mentors car ce genre d’expertise est inestimable.
« Tennis, je te dis adieu ! » : c’était votre message au monde lors de l’officialisation de votre retraite sportive en février dernier. Quelle relation entendez-vous entretenir avec ce sport qui vous a consacrée championne et star ?
M.S : Le tennis m’a montré le monde et m’a montré de quoi j’étais faite. Il va me manquer tous les jours. Avec le recul, je me rends compte que le tennis a été une montagne pour moi. Mon parcours a été fait de détours et de vallées. Après 28 ans et cinq titres du Grand Chelem, je suis prête à gravir une nouvelle montagne. Pour l’heure, je ne boude pas mon plaisir de m’attarder autour d’une tasse de café le matin, de m’échapper le week-end lors d’escapades inattendues et de savourer des précieux moments en famille.
Quel est votre souvenir le plus mémorable dans votre carrière tennistique ?
J’ai vécu tellement de moments incroyables tout au long de mon parcours, mais si je ne devais en citer qu’un, ce serait ma victoire à Wimbledon à 17 ans. La saveur de remporter le premier Grand Chelem de ma carrière…
Quelle est la rencontre qui vous a le plus émue ?
La fois où j’ai pu rencontrer l’architecte Frank Gehry dans son studio.
Et pour finir : la France, en une phrase ?
Le pays toujours dans la tendance, qui ne vieillit jamais !
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