Première femme à diriger à l’échelle mondiale la marque phare de L’Oréal, Delphine Viguier-Hovasse multiplie les campagnes et les actions de sensibilisation autour des causes chères à la marque. Inclusion, empowerment au féminin, écologie, philanthropie… Pour autant, la griffe française est-elle prête à rester solidaire d’égéries très engagées, parfois politiquement ? Éléments de réponse.
En cette ère de #MeToo et d’injonctions à plus d’inclusion, dans quelle direction souhaitez-vous amener cette griffe mondialement connue ?
Delphine Viguier-Hovasse : Notre engagement premier est de donner du pouvoir aux femmes par le biais de produits pionniers, de formules efficaces, et de services innovants car croire en soi, en sa beauté, c’est déjà prendre le pouvoir. C’est d’ailleurs le sens premier de notre slogan qui a fêté ses 50 ans cette année : « Parce que vous le valez bien. » Je suis très fière et enthousiaste de porter plus loin cette vision féminine et féministe qui reste un véritable combat à mener aujourd’hui.
« Parce que vous le valez bien » : que représentent ces mots aujourd’hui ?
D.V.H. : Ils sont intemporels et véhiculent un message d’empowerment. Cette signature est l’idée d’une publicitaire américaine qui travaillait sur la campagne de la coloration Préférence. Dans la publicité initiale, un homme parlait des cheveux de sa femme, et elle a eu l’idée de mettre la femme face caméra et lui faire dire « qu’elle valait bien » la coloration Préférence qui, à l’époque, était une des plus chères du marché. Au début des années 70, c’était une idée très nouvelle. En 2021, L’Oréal Paris continue sans relâche son combat pour que les prochaines générations puissent enfin dire : « Nous le valons bien, et nous n’en avons jamais douté. »
En 2022, est-il vraiment possible pour une marque de rester hermétique aux débats sociétaux ?
D.V.H. : Vous savez, une entreprise est faite de femmes et d’hommes, tous comme vous et moi, avec des croyances, des engagements et une obsession d’apporter du sens dans chacune de leur mission professionnelle. Chez L’Oréal Paris, nous avons à cœur de défendre des causes fortes, afin d’améliorer la société et la planète. Cela passe par différentes actions concrètes : notre programme « L’Oréal pour le futur – parce que notre planète le vaut bien » par exemple, où nous nous engageons à diminuer de 50 % notre empreinte carbone d’ici 2030, ou encore Le programme « Stand Up », notre action mondiale de lutte contre le harcèlement de rue. En partenariat avec l’ONG Hollaback! et la Fondation des femmes, nous avons monté cette formation de prise de conscience pour aider les femmes, mais aussi les hommes, à intervenir de manière sûre lorsqu’ils sont témoins ou victimes de harcèlement de rue. Aujourd’hui, nous comptabilisons plus de 458 000 personnes formées à notre méthode dans 19 pays.
Delphine Viguier-Hovasse : « L’Oréal Paris ne cherche ni à contrôler, ni à mettre des limites à l’activisme de ses porte-parole. »
L’Oréal Paris, c’est des visages devenus familiers d’ambassadrices collaborant dans le long terme. D’Eva Longoria à Andie MacDowell en passant par Jane Fonda et Céline Dion, il est rare – dans cet univers – de voir une telle longévité.
D.V.H. : La collaboration avec nos égéries va au- delà de nos produits et différents lancements. Nous cherchons des porte-parole authentiques, capables d’incarner nos messages, en phase avec nos identités, féminine et féministe, prêtes à grandir avec notre marque, diverses car nous prônons la beauté inclusive. C’est toujours un plaisir de retrouver la famille L’Oréal Paris, lors de différentes occasions ou événements, connaître leurs histoires, leur actualité et ce qui fait leur singularité : la femme derrière l’ambassadrice. Récemment, l’arrivée de Kate Winslet a notamment été marquée par ce temps d’échange entre nos égéries qui souhaitaient dialoguer sur des thèmes qui leur sont chers, comme la place des femmes dans l’industrie cinématographique ou la recherche d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Toujours dans cette idée d’empowerment, nous avons lancé cette année le prix Lights on Women à l’occasion du Festival de Cannes, qui récompense une réalisatrice au talent prometteur.
Avez-vous mis des limites à l’activisme de vos ambassadrices ? Beaucoup d’entre elles n’ont pas manqué d’apostropher l’Amérique de Donald Trump et son « héritage » d’aujourd’hui.
D.V.H. : Non. L’Oréal Paris ne cherche ni à contrôler, ni à mettre des limites à l’activisme de ses porte-parole. Elles sont choisies pour leur authenticité, leur force et leur histoire qui passent par cet engagement. Des engagements avec lesquels nous sommes en phase et sur la base desquels nous les choisissons et leur proposons de collaborer sur le long terme. Nous ne construisons pas seulement le futur de la beauté, nous cherchons aussi à faire un monde sans injustices et gardons les enjeux écologiques au cœur de nos engagements. C’est l’héritage que nous souhaitons laisser, ensemble.
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