Les deux dernières années ont été marquées par une succession de crises sanitaires, sociales et environnementales. Canicules, incendies, sécheresses et orages violents, ont fait de l’été 2022 celui de tous les records. Pour répondre à de tels défis, nous avons besoin de science, d’une science qui mobilise tous les talents. Plus que jamais, la science a besoin des femmes. Afin de valoriser l’excellence scientifique de celles-ci, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO, décerne le Prix Jeunes Talents Pour les Femmes et la Science France 2022 à 35 jeunes brillantes chercheuses.
Le monde a besoin de la science, la science a besoin des femmes
Aujourd’hui en France, les femmes sont encore trop peu présentes dans la recherche scientifique : elles ne représentent que 28 %1 des chercheurs, contre 33,3 % au niveau mondial. En outre, elles rencontrent des difficultés à poursuivre leur carrière scientifique et accéder à la reconnaissance qu’elles méritent. En Europe par exemple, seulement 14% des hautes fonctions académiques sont occupées par des femmes, et moins de 4 % des prix Nobel scientifiques ont été décernés à des femmes dans le monde.
« Nous ne pouvons pas avancer si la moitié de l’humanité est laissée pour compte. Sans les femmes, aucun progrès n’est possible. Nous devons les encourager, les rendre visibles, leur donner les moyens de lutter contre les obstacles existants et leur permettre d’inspirer les générations futures ». C’est ce qu’a rappelé Alexandra Palt, Directrice Générale de la Fondation L’Oréal, lors du Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation au siège des Nations unies en septembre dernier.
Si la science ne peut tout résoudre à elle seule et réparer « par magie » des décennies de dégâts écologiques, elle représente un espoir pour l’humanité. Les avancées et les découvertes scientifiques contribuent à nous rendre plus résilients, plus adaptés et plus créatifs. Pour y parvenir, la science a besoin de toutes les contributions. La mobilisation de l’ensemble des talents scientifiques n’a jamais été aussi vitale. Exclure ou minimiser le rôle des femmes en sciences grève d’emblée notre capacité à remporter la bataille.
Des chercheuses brillantes et engagées
Pour la 16ème édition du Prix Jeunes Talents France, la Fondation L’Oréal et ses partenaires réaffirment leur engagement aux côtés des femmes scientifiques, afin de les accompagner, les rendre visibles, et soutenir leurs recherches.
Cette année, 23 doctorantes et 12 post-doctorantes ont été sélectionnées en France parmi 660 candidatures éligibles par un jury d’excellence composé de 28 chercheurs de l’Académie des sciences. Un jury présidé par le Professeur Patrick Flandrin, Président de l’Académie des sciences en France, pour qui « les 35 Jeunes Talents 2022 prouvent une fois de plus, et de la manière la plus concrète, que l’excellence n’a pas de genre. Les talents que manifestent ces jeunes chercheuses en début de carrière et la diversité de leurs trajectoires sont un encouragement formidable à suivre leur exemple ». Pour cette édition 2022, elles sont toujours plus nombreuses à consacrer leurs recherches à des thématiques environnementales.
Ces scientifiques prometteuses vont se voir attribuer une dotation de 15 000 € pour les doctorantes, et de 20 000 € pour les post-doctorantes, qui les aidera à poursuivre leurs travaux de recherche. Elles vont également bénéficier de formations en leadership (développement personnel, négociation, communication et prise de parole en public, etc.), visant à leur donner des moyens supplémentaires pour affronter le « plafond de verre » et mieux valoriser leurs recherches scientifiques.
Provenant de France métropolitaine et des régions d’Outre-mer, et issues de domaines de recherche très divers, ces chercheuses souhaitent partager et transmettre leur passion pour la science, afin d’inspirer les scientifiques de demain. Pour Victoire Cachoux, doctorante en informatique et sciences de l’information à l’Institut Curie, « une représentation des femmes plus juste dans le monde scientifique permet de faire une science plus juste ». Elsa Ducrot, postdoctorante en astronomie et astrophysique au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA, Paris-Saclay) a également rappelé que « la capacité d’innovation d’une équipe s’accroît avec sa diversité et son inclusivité ».
Initiés en France en 2007, les programmes nationaux et régionaux Jeunes Talents Pour les Femmes et la Science de la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’UNESCO, permettent de remettre chaque année près de 250 dotations dans plus de 110 pays. Ces prix apportent aux Jeunes Talents un soutien spécifique à un moment charnière de leur carrière scientifique.
Inspirer les plus jeunes
En 2021, à la suite de la réforme du baccalauréat, toutes les spécialités scientifiques ont baissé de plus de 30 % dans les choix des lycéennes, hormis l’informatique (NSI). Depuis, 1 lycéenne sur 2 en Première générale abandonne les mathématiques à la fin de la Seconde générale3. Face à ce déséquilibre, la Fondation L’Oréal multiplie les initiatives pour encourager les plus jeunes filles à croire en leur potentiel et se tourner vers des carrières scientifiques. Pour la première fois, une rencontre entre lycéennes et lycéens et les 35 Jeunes Talents France 2022 était organisée au Centre national des arts et métiers, le 12 octobre dernier. L’objectif était de mettre en lumière des carrières et des parcours scientifiques féminins, tout en faisant découvrir la diversité des filières scientifiques.
Le palmarès du Prix Jeunes Talents France 2022 Pour les Femmes et la Science :
Groupe 1. Physique, astronomie et biochimie
Marie Cherasse – « Comprendre les dynamiques ultrarapides dans les nouvelles générations de panneaux photovoltaïques ».
Alexandra Colin – « Décrypter le mystère de la dynamique des architectures intracellulaires ».
Elsa Ducrot – « Dévoiler la nature des planètes terrestres avec le télescope spatial James Webb ».
Anne Nguyen – « Métasurfaces incandescentes pour mieux voir détecter et communiquer dans l’infrarouge ».
Lucienne Nouchikian – « Nouvelles approches spectrométrie de masse structurale pour l’analyse de complexes protéiques impliquées dans la virulence bactérienne ».
Groupe 2. Biologie cellulaire
Loélia Babin – « ARN circulaires de fusion spécifiques de la translocation NPM-ALK comme biomarqueurs prédictifs de la résistance aux traitements des lymphomes T ».
Meryem Baghdadi – « Rôle des canaux ioniques PIEZO dans la régulation de la niche des cellules souches intestinale ».
Rana El Masri – « De la biologie fondamentale à l’innovation thérapeutique ».
Delphine Leclerc – « L’édition du génome permet de traiter la gangliosidose à GM1 : une preuve de concept innovante ».
Salomé Nashed – « Étude fonctionnelle et évolutive du résidu situé en position 2 des protéines : d’une analyse globale à la découverte d’un signal critique de la séquence d’adressage mitochondrial »
Emma Risson – « Contrôle de la dormance des cellules de cancer du sein disséminées dans la moelle osseuse par TGFB2 et BMP4 ».
Groupe 3. Neurosciences, épidémiologie et maladies infectieuses
Christine Barul – « Expositions professionnelles et cancer : du rôle individuel des expositions vers l’effet cocktail et l’exposome professionnel ».
Rachel Breton – « Rôle des astrocytes dans les périodes critiques développementales ».
Élodie Calvez – « Étudier l’influence du microbiote et des qualités nutritionnelles des gîtes larvaires sur le microbiote du moustique Aedes aegypti et la transmission des arbovirus ».
Mathilde His – « Comprendre les causes du cancer du sein en étudiant le métabolome ».
Adeline Lacroix – « Processus prédictifs et perception visuelle des stimuli sociaux chez les hommes et femmes autistes ».
Viviana Scoca – « Élucider le remodelage du noyau cellulaire par le VIH pour découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques ».
Groupe 4. Sciences de la vie et de l’environnement
Opale Coutant – « Impacts humains et réponses anthropiques au déclin de biodiversité des vertébrés des cours d’eau de Guyane ».
Carolane Giraud – « Méta-analyses des communautés microbiennes des eaux du lagon aux élevages larvaires de crevettes en lien avec les facteurs environnementaux ».
Alice Malivert – « Mechano-eco-sensing : les plantes sentent l’eau par la mécanique ».
Louise O’Connor – « Comment protéger la biodiversité en tant que système interconnecté dans un contexte de changements environnementaux ? ».
Chloé Pozas-Schacre – « Effets des macro-algues sur la médiation chimique et microbienne du recrutement corallien et le microbiome du corail ».
Aurore Receveur – « Les traits de vie des poissons démersaux : utiliser la diversité fonctionnelle comme base de gestion durable de la pêche dans un contexte de changement climatique ».
Groupe 5. Ingénierie et biotechnologies
Francesca Casagli – « Planète APOLLO : Hybridation de l’apprentissage profond et de modèles mécanistes pour minimiser l’impact environnemental du traitement des eaux usées par des consortia algues-bactéries. »
Elena Gofas-Salas – « Détection et identification de biomarqueurs cellulaires rétiniens pour l’étude du rôle de l’inflammation dans les troubles neurodégénératifs ».
Irène Nagle – « Cellules musculaires magnétiques pour le développement d’un outil d’ingénierie à l’échelle du tissu : l étireur magnétique ».
Noemi Renaudin – « Neuroimagerie fonctionnelle par ultrasons ».
Lucie Ries – « Transfert de membranes 2D nanoporeuses au service de la société ».
Groupe 6. Mathématiques appliquées et bio-informatique
Mégane Bournissou – « Étude de la contrôlabilité de l’équation de Schrödinger au moyen d’un développement de la solution autour d’un état d’équilibre ».
Victoire Cachoux – « Géométrie et mort cellulaire dans les tissus épithéliaux ».
Alice Contat – « Modèles de parking sur des graphes aléatoires ».
Angèle Niclas – « Détecter avec une grande précision les défauts des guides d’ondes grâce aux fréquences localement résonnantes ».
Tina Nikoukhah – « Détection automatique et en ligne de la falsification d’images ».
Flore Sentenac – « Matching séquentiel dans les graphes aléatoires ».
Lucile Vigué – « Utiliser la théorie de l’évolution pour prédire l’effet des mutations ».
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