Avec une croissance à 140% et 2500 pré-commandes en un week-end durant le confinement, la marque de mode Make My Lemonade fait partie de ces instabrand qui ressemblent à des contes de fées numériques. Mais qu’on ne s’y trompe pas, derrière le succès, c’est une pétillante et infatigable entrepreneure, créatrice de la marque et du concept store, qui tient la baguette avec brio. Une mode colorée ultra graphique associée à une communication tout en spontanéité sur Instagram. Rencontre avec Lisa Gachet.
Désirée de Lamarzelle : Comment résumer l’aventure de Make My Lemonade ?
Lisa Gachet : Par une grande envie de liberté. J’ai enchaîné les jobs d’assistante après mon diplôme à l’école Duperré, mais je n’arrivais pas à trouver ma place, j’ai du mal à comprendre que l’on puisse se dévouer autant à une marque et qu’une autre personne récolte à elle seule les lauriers de l’effort collectif. J’ai vite compris qu’il allait falloir que je construise ma propre voie. En 2012, je décide de monter mon blog, un endroit sur lequel je pourrais exprimer toutes les formes de ma créativité : mode, déco, cuisine, couture… En 2015 je décide de monétiser Make My Lemonade, en vendant des patrons de couture que je pouvais proposer lors de tutoriels sur mon blog et là c’est le big-bang ! Très vite j’ai eu envie de me concentrer sur la mode et proposer des vêtements, mais je voulais donner la possibilité d’acheter tout prêt ou à coudre soi-même. La communauté DIY a répondu présente et nous avons poursuivi ce principe jusqu’à aujourd’hui !
Comment crée-t-on une communauté sur Instagram et d’autre RS ?
Si seulement j’avais une recette miracle ! Je pense que la force de Make My Lemonade c’est qu’au tout début et pendant 3 ans, ça n’a rien été d’autre que du contenu gratuit et une exploration créative. Je ne savais pas trop où cela pouvait me mener, mais c’était une route délicieuse. Beaucoup de gens ont adhéré à mes partages colorés, je leur demandais souvent leur avis sur ce qu’ils aimeraient trouver comme contenu, en essayant toujours au maximum de leur proposer un contenu différent. Alors le jour où j’ai pris le risque de me lancer, j’ai eu la surprise et la chance d’avoir des milliers des personnes déjà engagées et enthousiastes prêtes à soutenir mon projet.
Comment se construit votre ligne éditoriale pour parler de la marque tout en l’incarnant ?
Entre mon compte @LisaGachet et @MakeMyLemonade ce n’est pas tous les jours évident mais cela devient de plus en plus clair. Au début de la création de mon compte Instagram perso j’essayais de parler uniquement de mon quotidien, de mes inspirations et de mes découvertes… Avec le temps je me suis rendu compte que beaucoup voulaient en savoir plus sur l’entrepreneuriat en général, le dessous des collections etc… Je travaille beaucoup les shootings de Make My Lemonade et ils se retrouvent vite sur mon compte perso (et surtout, Make My Lemonade occupe bien 80% de mon temps). Cela “offre” un autre regard sur la marque et un petit bonus pour les gens de la communauté qui suivent les deux comptes. J’apparais de temps en temps sur le compte @MakeMyLemonade, e story ou dans le feed, mais on attache une grande importance à montrer des visages et des corps différents.
Quelle expérience avez-vous fait du confinement ?
Sur le plan personnel, être confinée seule à Paris ça a été un sacré challenge mais j’ai vraiment trouvé dans le partage de mes aventures confinées sur les réseaux sociaux une sorte d’échange quotidien qui m’a aidée à me sentir moins seule. J’ai l’impression que ça a renforcé les liens que je peux avoir avec ma communauté. De se montrer sans fard, à bricoler en t-shirt, une énergie motivante parce que je me savais attendue par une poignée de personnes. Le plus cool des compliments c’était de voir et de lire que j’avais donné l’impulsion à des personnes de se lancer ! Économiquement, pour la marque cela a été sportif. Mettre toute l’activité en pause surtout sans avoir de visibilité sur la suite. Mais à partir du moment où nous avons lâché prise sur le fait que nous ne pouvions rien faire sur la situation, nous avons utilisé ce temps pour être créatifs. On a relancé des produits iconiques en pré-commande via Instagram, on a relancé nos stocks de tissus et patrons de couture. L’étape suivante est très vite arrivée : préparer la reprise. Nous avons communiqué auprès de notre communauté et leur avons exposé les enjeux économiques auxquels nous devons faire face.
Etre très installée sur Instagram vous a permis de mieux vous adapter à la crise du confinement ?
Make My Lemonade s’est retrouvée privée de la boutique quai de Valmy, et nous avons dû nous appuyer davantage sur le e-commerce pour atteindre nos objectifs. Ils ont été atteints grâce à notre agilité naturelle sur le web, le support des réseaux sociaux et le soutien de notre communauté. Dès le début du confinement nous avons mis en place la livraison post-confinement sur le e-shop. Les recommandations des scientifiques et médecins étaient claires : limiter les déplacements au strict nécessaire, nous ne voulions pas participer à l’engorgement des bureaux de postes et à exposer les livreurs au virus. Nous avons expliqué la démarche auprès de nos clientes et elle a été très bien comprise et adoptée.
Femme, créatrice et entrepreneure, est-ce parfois difficile à concilier ?
Evidemment. Mais je trouve ça palpitant, pour rien au monde j’aurais aimé être un homme. Dans le business, la seule chose que cela m’aurait permise c’est d’aller plus vite si j’en avais été un. Mais cela m’aurait aussi fait perdre de vue les inégalités et les comportements effrayants que certaines personnes peuvent avoir face une femme créatrice et entrepreneure. Depuis, je suis super attentive à mes réactions et ma façon de traiter mes collaboratrices et mes collaborateurs.
Comment se passe le management de votre équipe ?
C’est un management très familial, on a grandi avec un noyau de personnes qui reste inchangé. Je mets beaucoup de confiance dans chacun de mes collaborateurs et comme le travail est l’endroit où chacun d’autre nous passons le plus de temps, nous sommes devenus proches. Je pense que c’est primordial de se sentir en sécurité et bien sur son lieu de travail mais c’est aussi compliqué de dire quand les choses ne vont plus quand on est trop proches des gens avec qui on travaille. Je pense qu’un bon manager est avant tout un bon équilibriste.
Votre marque reflète un univers très fort, auriez-vous d’autres envies ?
De communiquer sur d’autres support de communication en dehors des RS ? C’est une volonté oui ! Mais les prix restent élevés pour une jeune marque. Nous faisons attention aussi de communiquer sur des supports qui nous ressemblent, qui partagent nos valeurs et dont nous avons une totale maîtrise. L’affichage sauvage dans la rue par exemple, beaucoup à la mode ces dernières années, nous y avons pensé mais après réflexion avec les équipes nous ne sommes pas très à l’aise avec ce support. Souvent intrusif, polluant et fugace.
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