« C’est une véritable urgence sanitaire. » Claire Mounier-Vehier, cheffe de service au CHU de Lille, tire la sonnette d’alarme sur les effets collatéraux du confinement sur la santé des femmes plus sujettes au stress et donc susceptibles d’avoir un accident cardiaque.
Le stress, un facteur d’attaque cardiaque chez les femmes
Pendant le confinement, les Français ont déserté les services d’urgence des hôpitaux par crainte d’une contamination du Covid-19. Les cardiologues voient le nombre d’infarctus croître de manière préoccupante chez les femmes, dont c’est la première cause de mortalité en France. Avec les conditions du confinement, la cardiologue Claire Mounier-Vehier observe chez les femmes des risques pour leur santé avec une augmentation du stress, de sédentarité, du tabac qui ne font pas bon ménage… La vie en confinement est loin d’être de tout repos, et davantage encore pour les mères de famille qui ont dû résoudre l’équation compliquée du télétravail et de « faire l’école à la maison pour les enfants, et s’occuper de la maison. », explique-t-elle avant d’ajouter : « C’est un véritable cocktail pour provoquer des accidents cardiaques. ». Cardiologue ayant fait toute sa carrière en tant que cheffe de service au CHU de Lille et fondatrice de l’association « Agir pour le cœur des femmes », Claire Mounier-Vehier a rappelé l’urgence de la situation et les inégalités sanitaires dont étaient victimes les femmes avec l’impact du stress mental sur le plan cardiovasculaire : « Il est reconnu comme le troisième facteur de risque d’infarctus et il s’avère bien plus délétère chez les femmes. » Une injustice physiologique à laquelle s’ajoutent le manque de connaissance des risques spécifiques pour la gente féminine et des moyens de les prévenir.
Des symptômes d’attaque cardiaque différents pour les femmes
Se battre pour le cœur des femmes, c’est ce que fait la cheffe de service au CHU de Lille, auteure de « Mon combat pour le cœur des femmes », aux éditions Marabout, depuis plusieurs années, en rappelant à maintes reprises des chiffres inquiétants. Si on observe une diminution du nombre d’hospitalisation pour infarctus du myocarde de 8% chez les hommes, elles ont augmenté de 17% chez les femmes de moins de 54 ans. Pire, après un tel épisode, leur pronostic à trente jours et à un an serait moins bon que pour les hommes. La cardiologue alerte les femmes sur les signes qui sont d’autant plus importants qu’ils sont différents des hommes et « peuvent survenir sans douleur » avec des symptômes tels que le malaise, un essoufflement soudain, un sentiment d’angoisse, des palpitations, une importante fatigue ou encore des sensations inhabituelles dans le bras gauche. Claire Mounier-Vehier, qui rappelle que si une attaque n’est pas « prise en charge dans les trois heures, le muscle cardiaque est mort », sait que le nerf de la guerre consiste à informer les femmes que l’on a cru trop longtemps épargnées par l’attaque cardiaque.
Pour aller plus loin dans la sensibilisation des femmes, elle a créé la fondation « Agir pour le cœur des femmes » pour soutenir les recherches sur les traitements post-infarctus, mais également sur la fragilité cardiaque induite par les traitements du cancer du sein (étude Baccara) : « j’aimerais une journée nationale consacrée au cœur des femmes qui contribuerait à faire mieux connaître les risques spécifiques et les moyens de les prévenir. Pourquoi pas au moment de la fête des mères ? ». Si tout est une question de volonté, Claire Mounier-Vehier devrait y arriver.
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