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La Tech, Un Milieu Encore Très Masculin

©Getty Images

L’idée de faire un bilan sur les femmes dans la tech m’est venue lorsque j’observais les membres du comité consultatif d’un organisme bien connu de conférences, et que sur 13 membres du comité, il n’y avait que deux femmes. Certes, cet organisme invite régulièrement un bon nombre de speakers féminins, mais malgré cela, son comité consultatif est loin d’être représentatif de la population et de la diversité qui permet justement l’innovation et l’inclusion.

Il est donc temps d’établir un bilan de la présence des femmes dans la tech en France, dans le monde, et de voir quel meilleur futur nous voulons construire grâce à une meilleure inclusion.

Les femmes dans la tech en France

Bien que le France soit plutôt en avance sur certains critères d’inclusion et de diversité, force est de constater que la tech n’est pas le fleuron de la représentation de la femme aujourd’hui. Que ce soit dans les start-up en général ou les entreprises de la tech, petites ou grandes, les femmes sont sous-représentées dans l’Hexagone. En France, pas une Licorne, pas un grand Fond, pas un grand Incubateur aujourd’hui n’a mis en avant, voire n’a à sa tête, une femme. Pas un ministre lié au développement technologique de la France non plus. Pas un CTO ou CDO.

Pire, la « pipeline » des futurs espoirs de la France ne semble pas près d’atténuer ces tendances, quand on sait que dans les écoles d’ingénieur françaises, il n’y a que  28% d’étudiantes. Certes, les écoles de commerce françaises ont une belle parité, voire parfois une surreprésentation des femmes dans leurs rangs. Mais les banques d’investissement, les fonds, les grandes sociétés technologiques recherchent avant tout des ingénieurs afin de constituer les équipes d’analyse ou de de développeurs. Heureusement, de plus en plus d’accompagnement existent, tels le Forum Elle Active.

Et à l’étranger

Existe-t-il des pays où les femmes sont plus présentes dans la tech qu’en France ? Certes, il y a des pays où la situation est encore plus compliquée qu’en France pour les femmes. Dans certaines régions du monde, non seulement les femmes n’ont pas le droit d’ouvrir leur propre compte bancaire, et donc de créer une entreprise avec les assises financières et administratives adéquates, mais elles n’ont même pas le droit de voter ou conduire. Dans ces pays, une femme doit venir avec son mari (ne posons pas la question si une femme célibataire a le droit d’avoir envie de créer son entreprise) à la banque afin d’ouvrir un compte et d’avoir une carte bancaire associée. Si jamais une femme voulait recevoir des paiements pour son magasin, son entreprise, ou son site en ligne, une rupture d’anévrisme du banquier s’ensuivrait sans doute.

Evidemment, les mœurs bougent et les lois aussi, et il est de plus en plus rare d’avoir des cas semblables, mais ils sont encore beaucoup trop courants. Womena, une superbe initiative au Moyen-Orient, par exemple, aide les femmes entrepreneurs à se connecter avec les femmes investisseurs, et inspire de plus en plus de changements, dans l’écosystème ou les gouvernements.

Les pays de Scandinavie, qui ont depuis longtemps mis en avant les femmes en politique et dans certaines grandes entreprises, ne font malheureusement pas mieux. Et dans la Silicon Valley, berceau de tant d’innovations et des grandes licornes, la situation n’est pas meilleure non plus. Quelques entreprises s’en sortent bien, avec les employées représentant 43% des équipes. Mais lorsqu’un développeur d’une grande entreprise de la Valley passe son voyage en avion à écrire un mémo anonyme (au départ) afin d’expliquer avec force détails pourquoi les femmes n’ont pas leur place dans la Silicon Valley, le chemin est encore long pour établir une égalité complète et normale.

Dans le futur

Un des éléments, peut-être, est que les femmes manquent cruellement de role models féminins forts et populaires, ce qui entretient un cercle vertueux. Que ce soit dans la tech, mais aussi dans l’industrie, les affaires, la littérature, ou en politique, il est nécessaire de pousser davantage des personnages féminins dans la fiction, et bien évidemment dans la réalité. En tant que père d’une petite fille, il est quasi impossible de trouver des exemples qui vont pouvoir inspirer et pousser son enfant à devenir une entrepreneure aguerrie et confiante. Si les films tels que Wonder Woman ou Black Panther rencontrent de tels succès populaire et financier, c’est bien qu’il y a une grande demande pour des personnages forts, inspirants, et représentatifs d’une partie de la population qui a été délaissée dans la culture pendant des décennies, voire plus longtemps.

C’est évidemment pareil pour la tech : il faut plus mettre en avant des réussites entrepreneuriales. Au-delà de Sheryl Sandberg, qui connait Alice Brooks de Roominates, ou Debbie Sterling de Goldie Blox? Celles-ci ont fondé de belles réussites entrepreneuriales, dont l’objectif principal est de développer les STEM pour les petites filles. Le terme de STEM, d’ailleurs (Science, Technology, Engineering, and Mathematics) est de plus en plus utilisé aux Etats-Unis pour fédérer différentes initiatives, en particulier pour les jeunes filles, mais en France, malgré un amour plutôt académique pour les maths et les sciences, il n’y a pas encore d’équivalent. Ne serait-il pas tout autant bénéfique pour la France, à l’instar du programme French Tech, de créer quelque chose autour des French STEM Ladies ?

Si le seul moyen de pousser une égalité dans la tech est de forcer les recruteurs à avoir autant de candidates que de candidats pour les entretiens, ce qui fera que les écoles seront à leur tour obligées d’avoir autant de femmes que d’hommes dans leur rang, c’est peut-être une solution. Mais celle-ci prendra des décennies avant d’avoir l’effet recherché dans la tech.

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