Journée De La Femme Digitale : « Le 9 Mars Ne Sera Qu’Un Commencement »

A l’occasion de la Journée de la Femme Digitale qui se tiendra le 9 mars à la Cité de la Mode et du Design à Paris, Forbes France a rencontré Delphine Remy Boutang, la co-fondatrice de l’évènement. Très engagée dans l’égalité entre les hommes et les femmes, elle souhaite aider ces dernières à reprendre leur place dans le monde de demain : le monde digital.

Pourquoi la journée de la femme digitale ? Comment l’idée vous est venue ?

Delphine Remy Boutang : Comme le dit l’adage, « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ». J’ai assisté à beaucoup d’évènements web ces dernières années. En règle générale, j’étais la seule femme à prendre la parole.

J’ai eu envie de créer cet évènement pour mettre en lumière des femmes entrepreneures et intrapreneures – ainsi que des hommes -, pour leur donner un maximum de prise de parole dans ce secteur où elles sont sous-représentées. Pour casser les stéréotypes et donner plus de « role-model » féminins.

C’est un monde qui reste très masculin, et les femmes se disent souvent que ce n’est pas pour elles, et n’osent pas se lancer.

A toutes ces femmes je leur dirai : n’ayez pas peur, au contraire, soyez libres.

Pour vous, quel est l’intérêt de cet événement, qu’est-ce qu’il apporte aux femmes, et plus particulièrement aux femmes entrepreneures ?

Il n’y a pas que des femmes entrepreneures qui participent à l’événement, certaines se cherchent encore. Lors de la JFD on cherche à inspirer et à donner la possibilité d’expérimenter le monde digital.

Le numérique fait de plus en plus partie intégrante de nos vies. Tout est entrain de se transformer. En France, nombreuses sont les startups qui innovent, qui osent, qui entreprennent et énormément de femmes intrapreneures portent cette vision du futur. Ce qu’on désire faire, c’est leur offrir cette journée pour se lancer.  

La JFD a été créée pour que le plus grand nombre de femmes –et d’hommes- se pose la question de comment se réinventer et être acteur de ce monde meilleur, pas seulement spectateur.

C’est un événement sur l’entrepreneuriat, certes, mais surtout sur entreprendre au sens large, entreprendre sa vie !

Si on résume en une phrase la Journée de la Femme Digitale, ce serait : une journée de boost, de motivation, d’inspiration et de réseau.

Quelle importance revêt le digital ?

Le digital est au service de l’humain, et le travail se réinvente grâce à lui : des métiers vont disparaître, remplacés parfois par des intelligences artificielles par exemple : 60% des métiers de 2030 n’existent pas encore. Nous en discuterons avec la sociologue Sandrine Cathelat lors de la JFD.

Mais surtout, il existe un lien très fort entre digital et parité. Si on fait deux fois plus pour l’accès des femmes au digital, on fait gagner un quart de siècle à l’égalité entre les hommes et les femmes. La JFD est un accélérateur, un booster pour des tas de femmes. Il y a toujours un avant et un après pour toutes celles qui y participent, qui présentent un projet et qui pitchent.

 Ce n’est pas la première édition de la JFD. Qu’attendez-vous de cette édition 2017, dont le thème est « For a better world » ?

Le thème « For a better world » se divise en trois moments forts sur la journée : (get) inspire(d), network et experiment. C’est une invitation à s’engager pour un monde meilleur.

Cette année, notre grande innovation est les JDFw – w pour walk. De quoi s’agit-il ? De prises de parole en duo afin de symboliser la collaboration, la cooptation entre startups et grands groupes, les rencontres… Ces duos seront en mouvement, illustrant cette citation de Saint-Exupéry qui disait « dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche: il faut les créer, et les solutions suivent ». L’idée est aussi associée au mouvement Women’s March. L’étroite scène de 10 mètres rappellera les podiums des défilés de mode : un clin d’œil non seulement au lieu (Ndlr : l’évènement a lieu la Cité de la Mode et du Design), mais aussi à l’idée que le digital peut s’écrire au féminin.

Nous allons par ailleurs remettre le prix Margaret. C’est un prix que nous avons créé l’année dernière en hommage à Margaret Hamilton (Ndlr : directrice du département du génie logiciel du MIT et conceptrice du système embarqué du programme Apollo), afin de récompenser la Femme Entrepreneure et la Femme Intrapreneure de l’année. Il faut rendre à César ce qui appartient à César : les femmes ont été des pionnières en matière de digital, mais elles ont souvent été « dans l’ombre ». Avec ce prix, nous souhaitons célébrer la dynamique entrepreneuriale des femmes au sein et en dehors de l’entreprise, en faire des figures de réussite et des modèles pour d’autres femmes.

La confiance en soi sera en outre très mise en avant avec notamment des coachings. Lancôme et L’Oréal seront présents : la beauté est anecdotique, mais elle aide à prendre confiance en soi. RTL animera également un plateau radio en réalité virtuelle afin d’apprendre aux femmes à prendre la parole : un exercice très intimidant, mais qui permet véritablement de dépasser ses craintes.

Nous somme entrain de vivre une révolution technologique, mais aussi culturelle : oui les femmes seront les architectes du monde de demain et oui elles seront aux manettes des intelligences artificielles, pour donner leur vision du monde.

A la JFD on s’engage pour le jour d’après : c’est là où tout commence.

Si vous pouviez donner un seul conseil aux femmes qui veulent se lancer dans le monde de l’entreprise, quel serait-il ?

A toutes ces femmes, je leur dirai « même pas peur » ! Entrepreneures, intrapreneures : osez, le progrès est à ce prix. Soyez humbles, bossez, ne lâchez jamais rien et n’ayez pas peur de vous lancer.

Il ne faut pas attendre qu’on nous donne la place, il faut la prendre, tout de suite, persévérer. La persévérance s’apprend surtout avec l’âge, c’est vrai, mais aussi avec le sport, en dépassant nos limites, en allant toujours plus loin…

Pour les femmes digitales libres et indépendantes que nous sommes et que nous continuerons d’être, le 9 mars ne sera qu’un commencement.