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Joséphine Goube Organise Le Premier Sommet « Techfugees »

Le Techfugees Global Summit se déroulera les 25 et 26 octobre prochains, à Station F. Après plusieurs hackathons, Techfugees, la start-up dont l’objectif est de permettre l’inclusion des réfugiés grâce aux nouvelles technologies, organise un premier sommet. L’entreprise sociale compte réunir les acteurs – entreprises, associations et institutions – autour de la question des réfugiés. Rencontre avec Joséphine Goube, CEO de Techfugees.

Elle raconte son enfance, dans un village du Nord de la France. « Moi c’est les pêcheurs, pas les mines. » Installée dans un bistro branché du 2ème arrondissement de Paris, Joséphine Goube, fantasque dans son pull jaune moutarde, commande « des trucs à grignoter ». Grand-père trader de poissons, grand-mère gérante d’hôtel, et parents « CSP++ ». Sa mère, juriste, lui conseille d’aller en filière scientifique. « Rien ne m’arrête, et si je dois faire des erreurs je les fais », souligne la jeune femme qui pique une crise pour poursuivre son cursus en sciences économiques et sociales. « Je savais que je voulais faire Sciences po, comme une intuition. »  Son père, ingénieur, lui ramenait Le Monde, Courrier International. « L’école était à une heure de la maison, il y avait la plage, la nature, les livres, mais j’ai beaucoup souffert dans mon adolescence du manque d’environnement intellectuel. » Bac ES en poche, après quelques révoltes en cours de maths, Joséphine Goube est prise à Sciences po Paris. « Ça a disjoncté mes neurones. À partir de ce moment-là, je me suis dit : ok, tout est possible. »

C’est à New York que Joséphine Goube « découvre les populations migrantes, et la manière de leur parler ». Dans le cadre de sa 3ème année à Sciences po, elle effectue un stage de relations presse sur « la manière de sensibiliser les entreprises pharmaceutiques à sensibiliser les migrants au bien manger et à la lutte contre le diabète ». « À New York, j’ai vraiment intégré les thèmes de la ville, de l’urbanisme, des migrants et du numérique. » Elle poursuit l’aventure à la London School of Economics. « Je voulais être dans une capitale mondiale. » Deuxième intuition : « avec la crise, je me suis dit que c’est avec l’entrepreneuriat que les gens allaient s’en sortir. » Elle lance un incubateur, dans l’école, un échec. « À la London School of Economics, aucun étudiant ne voulait devenir entrepreneur, ils voulaient tous être consultants. »

Blockchain for refugees

Têtue, la jeune femme proposera les 25 et 26 octobre prochains, à Station F, le premier Techfugees Global Summit, deux ans après le lancement de sa start-up. Au programme de ces deux journées de rencontres entre associations, entreprises et institutions, de grandes thématiques telles que « la blockchain pour les réfugiés », des questions d’actualité telles que « comment accélérer l’innovation dans le secteur humanitaire » ou encore « l’impact des réseaux sociaux pour collecter des données sur les réfugiés ». Le Techfugees Global Summit fera intervenir l’ancien ministre grec George Papandreou, plusieurs documentaristes syriens notamment, des entreprises du secteur telles que Aid:tech, Consensys, mais aussi des représentants du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), du MIT, et de Médecins sans frontières. Les objectifs de ce sommet sont d’une part de permettre aux acteurs de se rencontrer autour de thématiques novatrices, et d’autre part d’offrir la possibilité au grand public de s’apprivoiser le sujet, au-delà des clichés.

« Comment on utilise la tech pour aider les gens ? Comment on l’organise de manière éthique et en empowerment », s’interroge la jeune femme qui tient à souligner que l’on crée des réfugiés avec les changements climatiques, les guerres et la mondialisation. Chez Techfugees, « on ne voit pas les réfugiés comme une communauté de bénéficiaires », mais bien au contraire, « comme une communauté d’ingénieurs réfugiés ». La CEO raconte ainsi comment deux jeunes syriennes ont eu l’idée de géolocaliser les fuites d’eau dans les camps, un problème source de nombreuses tensions quand les conditions de vie sont indignes. Dans la même veine, Techfugees a déjà organisé plusieurs hackathons, des concours de codes concentrés sur deux jours pour pousser les développeurs, créatifs et entrepreneurs à créer un projet : en 2016, le projet Textfugees, une plate-forme permettant de faciliter la communication entre associations et réfugiés, avait séduit le jury.

Si Joséphine Goube peut se prévaloir d’une expertise sur l’immigration, c’est, en plus de ces deux dernières années passées à étudier le sujet avec les principaux concernés, grâce à une première expérience dans l’entrepreneuriat social. En 2013, elle s’associe avec Marco Muccini sur un projet de réseau social, Migreat, rapidement transformé en service d’information à destination des migrants. Une expérience qui se solde par un échec, mais qui apprend beaucoup à la jeune femme contactée par la Commission Européenne pour leur fournir un rapport sur les migrations des hauts qualifiés. « Sur Migreat, je me suis rendue compte que les migrants étaient souvent éduqués, ou voulaient venir en Europe pour se former. Mais pour le visa, on leur en demande trop ! et ce sont autant de talents que l’on se refuse. »

C’est aujourd’hui avec Mike Butcher, Editor en chef de Techcrunch qu’elle poursuit l’aventure Techfugees, dont elle est l’unique salariée. Mais Joséphine Goube entretien un important réseau de bénévoles, engagés sur le projet. Un projet en construction, comme les solutions qu’il propose. « Les financements vont venir, indique Joséphine Goube qui refuse l’equity. J’ai appris à prendre le temps d’apprendre. »  

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