Depuis 2006, Maud Caubet dirige sa propre agence d’architectes et d’architectes d’intérieur. Au cœur de son travail, la lumière, une « matière première » qui permet de « vivre le bâtiment différemment au fil de la journée ». Pour elle, le bien être est désormais au centre des préoccupations de l’urbain et il est de la responsabilité de sa profession de construire avec cette nouvelle perspective. Retour sur le parcours de cette créatrice d’espaces susceptibles d’évoluer dans l’espace et le temps.
Elle a fait son mémoire de fin d’études sur la notion d’espace-temps. « Nous vivons un bâtiment différemment au fil de la journée », explique Maud Caubet, architecte à la tête de son agence depuis 2006. « La lumière est ainsi la matière première que je travaille dès le début, en jouant avec la lumière naturelle et la lumière artificielle. » La jeune femme reçoit dans ses nouveaux locaux de l’avenue Parmentier, tout sourire dans un chemisier jaune « qui [lui] donne la pêche ».
Dans le cadre des concours Inventons la Métropole du Grand Paris, son agence a été retenue dans le cadre du « franchissement Pleyel à Saint-Denis », juste derrière la gare de Saint-Denis. Elle devra livrer en 2027 trois bâtiments sur la future Place des Lumières : un hôtel-auberge de jeunesse, une résidence étudiante et une maison du bien-être culture et sport. « Le bien-être est désormais au cœur des préoccupations de l’urbain », souligne Maud Caubet dont le cabinet planche sur ce projet avec l’agence Manifesto. « Il est indispensable d’appréhender l’espace construit en fonction du dedans et du dehors, il faut que le paysage entre dans le bâtiment. » Lumière et décloisonnement, ces deux points de mire.
Rien d’étonnant. « Quand j’étais enfant, nous partions en famille en voilier. J’avais souvent le spleen car entre le ciel et la mer, il n’y avait rien alors que j’aimais entrer dans des univers, sur les îles, dans les récifs. » Son père, alors directeur de la F1 chez Renault, parcours le monde de Grand prix en Grand prix. Sa mère, « une business woman qui aurait rêvé être artiste », est alors directrice commerciale de Renault puis présidente de Volkswagen, emportait sur le bateau des magazines de déco. De ces évasions marines en rêveries sur magazines, Maud Caubet en a fait son chemin. « J’ai découvert l’architecture lors d’un forum au lycée. Ce métier allie le dessin, la construction, la transformation, à la technique qui me rassure. »
Après une école d’architecte sur le site des Beaux-Arts, elle s’envole pour Stockholm où elle découvre une autre manière de travailler « avec le prof à côté », et d’autres matières, le bois, la lumière. A la sortie de l’école de La Villette, la jeune architecte fait ses armes chez un grand designer, « pour apprendre la petite échelle ». Pendant trois ans, elle travaille à la conception des boutiques Lancôme dans le monde.
Dedans-dehors
C’est tout naturellement, à la manière d’un Jean-Michel Wilmotte, qu’elle crée sa propre agence en 2006 alliant architecture et architecture d’intérieur pour « créer des lieux de vie ». « Depuis toujours, je voulais monter ma propre structure. C’est une question de caractère. Ensuite, il faut avoir les idées, réunir les talents, avoir un peu de chance (que l’on provoque) et beaucoup travailler. »
Sans se départir de son sourire, l’architecte raconte ses début dans un milieu où il y a beaucoup de femmes, « mais peu à la tête de leur propre agence » : « systématiquement, on m’appelait pour faire la déco d’un bâtiment déjà conçu. » Maud Caubet travaille toutes les échelles, s’inscrit dans une construction globale, jusqu’à repenser les espaces verts et le mobilier urbain.
Depuis 2006, son agence, d’une petite vingtaine d’architectes qui naviguent entre intérieur et extérieur, a réalisé une centaine de projets, dont une quinzaine de construction. Au-delà des jeux de lumières, l’architecte voit toujours plus loin. « Quand je présente un projet, par exemple pour un hôtel, je propose toujours la potentielle transformation du bâtiment en bureau ou en logements, et inversement. » Son agence s’applique ainsi à penser de plus en plus « recyclabilité » et restructuration.
Maud Caubet espère proposer des bâtiments à son image : « pour intégrer le nouveau dans la ville, il faut toujours faire en sorte que ce soit un plus, jamais un moins, que ça plaise dans le temps. » Dans ce qu’elle qualifie de « démarche narcissique », l’architecte veut « rendre le bâtiment le plus vrai et le plus sincère possible ». Pour cela, elle utilise des matériaux de qualité pour construire des « façades nobles ».
Outre les Lumières Pleyel, l’agence de Maud Caubet travaille actuellement sur le futur bâtiment de Technip à Nanterre, « un budget important » pour un immeuble « très écolo », mais aussi sur « le marché à la ferraille » de Bagnolet, une structure en écailles surplombant le périphérique qu’il sera possible d’éclairer ou de végétaliser. La transformation, toujours.
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