Pas facile de se faire un nom dans le monde délicat du chocolat et de la pâtisserie haute couture. Jade Genin doit, quant à elle, se faire un prénom dans cet univers où les femmes sont encore peu représentées. A bonne école, l’ancienne avocate se forme quotidiennement au côté de son icône de père, Jacques Genin. Ses créations photogéniques et hautement addictives régalent les gourmets qui se font écho de son talent. D’un palais à l’autre, Forbes s’est penché sur le parcours d’une fille à suivre.
Quand elle vous parle de caramels, de bonbons et chocolats, Jade Genin vous berce de mélodies nostalgiques du temps où les friandises étaient le Graal de nos vies ! La pétillante millenial a troqué la robe d’avocat pour la toque de chocolatière-pâtissière afin de « continuer de grandir mais arrêter de vieillir », explique-t-elle. La Parisienne est une fille de son temps. A l’image de sa génération, elle partage un idéal, un hymne : ‘la quête de sens’ au quotidien. Le travail s’appréhendant, avant tout, comme un outil de développement personnel au service d’un absolu, celui d’être heureux maintenant, et tous les jours. Comme ses congénères, chaque matin, Jade Genin se réjouit de vivre ‘sa meilleure vie’.
Elle accomplit ce dont elle rêve depuis sa tendre jeunesse, créer, expérimenter, ajuster, sculpter le chocolat et autres gourmandises, sous l’œil bienveillant mais intransigeant de son père, Jacques Genin. Le maître-chocolatier a fait de sa discipline un art. Aujourd’hui, la fille marche sur les pas d’un parent qui pendant longtemps fournissait les plus prestigieuses adresses : le Plaza Athénée, Le Crillon, La Tour d’Argent… avant d’accéder à la notoriété en ouvrant sa boutique éponyme, au cœur du Marais.
« J’ai la chance inouïe d’être formée par l’une des icônes de la profession, mon Papa. C’est unique. », confie-t-elle. Un père qui lui apprend à lire les notes, les accords et les gammes, à elle de trouver une mélodie gustative qui sera aussi belle que la sienne. Lorsque vous lui parlez de ‘transmission’, Jade Genin vous corrige, elle préfère plaider pour le terme ‘initiation’. Et c’est dès la naissance que tout s’est joué : « J’ai toujours été éduquée aux goûts et à la gourmandise. Auprès de mon père en premier lieu, mais aussi à travers chacune des expériences culinaires qui m’ont chamboulée. Les dîners chez Alain Passard, la cuisine du chef franco-algérien Akrame Benallal, la tarte au chocolat de Simon Horwitz, le ragout de mangue sri lankais, les bananes flambées à l’antillaise… La gastronomie, c’est la science du sensible. Je lui voue le même culte que les Grecs antiques aux corps de leurs Apollons ! », raconte cette épicurienne née.
Heureuse qui comme Jade Genin arrive chaque matin « dans la maison d’Hansel et Grethel, la sorcière en moins et les chocolats en plus ! », poursuit-elle. Pas question néanmoins de brûler les étapes, ni de s’arroger la gloire de son père, l’apprentie travaille d’arrache-pied pour se faire un prénom. La fille adorée de Jacques Genin doit faire ses preuves car « il n’y a qu’un seul coq dans la basse-cour », scande son père.
« Notre Maison doit s’affirmer comme le one-stop-shop de la gourmandise »
Turban sur la tête, Jade Genin s’applique quotidiennement à faire vivre sa devise « Presque, c’est comme pas du tout ! ». L’ex-avocate n’a qu’une ligne directrice, la rigueur. Pour elle, « la constance de l’excellence c’est le plus grand défi des métiers de la gastronomie. Faire un bon chocolat c’est une chose, en fabriquer plusieurs tonnes sur des décennies, c’est un objectif plus engageant. ». Dans sa feuille de route, il y a aussi cette volonté farouche de perpétuer un héritage, de défendre ‘la patte Jacques Genin’. « Notre identité, c’est des produits naturels, sans conservateurs, colorants ou d’additifs alimentaires. L’utilisation du sucre réduite à son minimum, uniquement pour les réactions chimiques qu’il provoque et pas pour sa propriété exhausteur de goût. On ne triche pas avec les produits ! », insiste-t-elle. Le chocolat se doit coûte que coûte de rester un plaisir sain, un bonheur comestible qui vous donne le sourire aux coins des lèvres.
Cette philosophie se traduit dans une ambition, celle de créer « une marque vivante, qui s’adapte aux saisons, aux événements de la vie citadine et surtout à nos clients. La particularité de notre maison, c’est la personnalisation du produit. Chaque client compose sur place son propre coffret. A plusieurs reprises, nous avons même créé des produits sur commande. Je veux pousser cette logique à son maximum : Jacques Genin sur-mesure. Notre maison doit s’affirmer comme le one-stop-shop de la gourmandise. Le génie de Papa, c’est qu’il excelle tant dans le chocolat, que la confiserie, la pâtisserie ou les glaces. Chez nous il y a tout, et tout est bon. Plus besoin d’aller ailleurs ! », développe-t-elle. Demain, elle sera certainement aux avant-postes. A ceux qui lorgneraient sur l’enseigne, Jade Genin prévient : « Notre marque, c’est une maison et un capital familial. Ça doit rester ainsi. En trois mots, Jacques Genin c’est le passé, le présent et le futur. ».
Le chocolat, cet obscur objet du désir dont les devantures des boutiques ressemblent, pour certaines, aux vitrines de joailliers illuminant la Place Vendôme, n’en finit pas d’emballer les Français. Truffes, ganaches, orangettes, pâtes de fruits ou nougats se vendent dans des boîtes présentées telles des écrins. Nos compatriotes se positionnent au sixième rang mondial avec une consommation annuelle de plus de 7,5 kg par personne… Notre relation est d’ailleurs aussi passionnelle que conjoncturelle : Noël, Pâques ou ‘confinement’, le chocolat a ses pics. Chez les Genin, on réussit à rendre glamour cette denrée à l’année.
Très habile sur les réseaux sociaux, Jade Genin commence souvent ses journées par un post alléchant sur le compte Instagram @jacquesgenin. Parfois, on l’aperçoit en pleine séance de travail dans le laboratoire familial. Aussi photogénique que les créations maison, la belle au turban fleuri, bariolé, fashion, ne se départit jamais de son sourire. « 24 heures sur 24 et 7 jour sur 7, ce n’est que du bonheur ! Cet univers ne m’appelle pas mais me possède entièrement et depuis toujours. », assure-t-elle.
A l’écouter, on ne peut s’empêcher de penser à cette belle formule de son père : « Le jour où j’aurai l’impression de venir travailler, on ne me reverra plus jamais. ».
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