A 32 ans, Clara Delétraz a déjà connu plusieurs vies professionnelles. Diplômée d’école de commerce, elle a travaillé deux ans pour le cabinet de Fleur Pellerin à Bercy où elle a lancé l’initiative French Tech. L’année dernière, elle a pris la décision de quitter le service public pour fonder, avec Béatrice Moulin, le Switch Collective, une start-up qui propose des formations pour changer de carrière professionnelle. Interview avant/après d’une switcheuse.
Le bureau. Avant : Je travaillais à Bercy, dans un espace pas forcément hyper agréable. Imaginez des longs couloirs avec des portes fermées… Après : Pendant plusieurs mois après la création de Switch Collective, Béatrice et moi avons travaillé chez nous. En novembre dernier, nous avons inauguré un nouveau lieu : la Switch House. C’est un espace de 130 m2 dans le quartier de Saint-Lazare où nous organisons nos ateliers. Nous avons imaginé un endroit cosy, assez personnel, avec une déco qui fait référence à la pop culture. C’est chaleureux, fun, il y a des plantes partout. Comme on réfléchit au futur du travail, on se devait d’avoir un lieu inspirant.
Les collègues. Avant : A Bercy, j’avais la chance d’avoir des collègues avec qui j’avais beaucoup de plaisir à travailler. Mais ils étaient tous issus du secteur public, c’était des hauts fonctionnaires avec des parcours assez classiques. Après : J’ai eu l’énorme chance de ne pas monter mon projet seule et de m’entourer de gens qui viennent d’univers extrêmement variés. Nous avons un collaborateur qui était professeur d’anglais, une autre qui était assistante sociale, une qui travaillait chez Yahoo…
La journée type. Avant : Mes journées ressemblaient les unes aux autres. Beaucoup de réunions, de rendez-vous, de gestion de mails, et finalement peu de temps pour la production. Au mieux, je faisais du 9h-20h, mais le plus souvent je quittais le bureau à 21h. Après : Je travaille autant, voir plus qu’avant, mais il n’y a pas de journée type. Nous organisons beaucoup de formations et d’événements en soirée. J’apprends quelque chose de nouveau tous les jours. Par exemple, je peux commencer ma journée par un brainstorming en équipe, déjeuner avec un sophrologue qui va bientôt faire un atelier pour nous, rencontrer un philosophe que j’ai sollicité pour une conférence, puis enchaîner avec une réunion pour préparer notre future levée de fond avec notre avocat.
Les réussites. Avant : J’étais fière d’avoir réussi à créer la marque French Tech, d’avoir dynamisé la communauté entrepreneuriale française. Après : Finalement, c’est un peu la même chose. Avec Béatrice, nous avons fondé une marque et 250 personnes ont déjà suivi notre formation « Faire le bilan calmement ». J’aime emmener les gens, créer un mouvement, un concept.
Les frustrations. Avant : Les lourdeurs administratives, la lenteur des prises de décisions, les jeux politiques : c’est vraiment ce que je ne pouvais plus supporter dans le secteur public. Après : Aujourd’hui, nous sommes plus agiles et plus rapides, mais on a toujours l’impression de ne pas aller assez vite par rapport à nos ambitions. Quand on est entrepreneur, on voit aussi les contraintes administratives grossir à mesure que l’on avance.
Les ambitions. Avant : J’ai toujours eu ce besoin de contribuer à l’intérêt général, au bien commun. C’est d’ailleurs pour ça que je m’étais tournée vers le service public. Après : Aujourd’hui, j’ai toujours cette même envie, c’est toujours aussi vif. En 2017, nous voulons élargir notre offre de formations, proposer des programmes de formations à distance. Nous travaillons sur le développement du B to B et sur l’écriture d’un livre. Nous voulons aussi nous développer dans d’autre villes en France et en Europe.
Les réseaux sociaux. Avant : Je les utilisais de manière un peu contrainte. Ce n’était pas trop mon truc, je ne savais pas forcément bien m’en servir. Après : J’en ai fait un véritable outil de développement, vu que Switch Collective s’est essentiellement fait connaître via les réseaux sociaux. Nous avons constaté que Linkedin est complètement dépassé. Le CV à l’ancienne est mort et pourtant Linkedin continue de mettre ça en avant ! Du coup, nous réfléchissons à ce que l’on pourrait faire d’autre…
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