Analyste experte digitale au sein du Hub Institute, Inès Leonarduzzi a, au gré de ses pérégrinations, façonné et ciselé une approche du digital davantage intuitive, empreinte d’humanité et d’émotion. Un postulat « novateur » que la jeune femme s’évertue à dispenser à de grands dirigeants et autres personnalités politiques. Fourmillant de projets, la jeune femme accomplie est également la fondatrice du « Women Inspiring Talks » (WIT), le premier incubateur de femmes.
« Tout le monde parle de transformation digitale mais personne ne sait réellement de quoi il en retourne. Tout le monde veut devenir cool. Tout le monde veut devenir digital. Or, il ne suffit pas de mettre du gazon artificiel et une table de ping-pong dans ta salle de réunion pour devenir cool, cela va beaucoup plus loin. Le digital est un état d’esprit qui découle d’une culture d’entreprise forte. Et pour cause, digital et management sont intimement liés. On observe que les entreprises rencontrant des forts dysfonctionnements humains sont la plupart du temps des entreprises qui se connaissent mal ». En quelques phrases, la perception du digital sous l’œil aiguisé d’Ines Leonarduzzi, analyste experte digitale au sein du Hub Institute, prend tout son sens… et tord le cou aux idées reçues et autres poncifs en la matière. Extraire la substantifique moelle du digital : tel est le sacerdoce de la jeune femme, spécialiste des transitions numériques Retail, Luxe et Management, qui ne conçoit pas que le digital soit simplement envisagé sous le prisme de l’outil, de l’instrument pour parvenir à ces fins. Et de dérouler, posément mais fermement, son argumentaire. « Les gens qui ne comprennent pas que le digital est avant tout basé sur l’humain et l’émotion passent à côté des deux tiers de son potentiel. C’est la grande différence entre la disruption et la transformation. Il convient de disrupter les états d’esprit avant d’opérer la transformation avec des outils », souligne-t-elle. Un postulat « rafraîchissant » à l’image de la jeune femme dont la trajectoire, sinusoïdale par excellence, lui offre une certaine hauteur de vue, loin du chemin tout tracé.
Car c’est manier la litote que de dire que le parcours d’Ines Leonarduzzi est atypique. Titulaire d’un diplôme de Lettres – comme pléthore de gens me direz-vous -, la jeune « slasheuse » poursuit sa carrière étudiante par une licence de chinois mandarin, avant de déployer ses ailes outre-Atlantique et se poser à New York où elle étudie l’art. Un passage en école de Management plus tard et la voici qui entre dans la vie active « par la grande porte » chez LVMH, toujours à New York. « Le truc qui n’a aucune cohérence », s’amuse-t-elle. Elle passera également « entre les mains » d’autres grandes maisons où elle met son talent au service du développement business via le digital, déjà. Mais les us et coutumes de l’entreprise ne vont pas tarder à l’échauder et entraver sa liberté. « J’avais un problème avec la lenteur des process et j’avais également besoin de me comprendre et me découvrir », raconte la jeune femme. Mais forte de cette expérience emmagasinée auprès de professionnels, Ines Leonarduzzi décide donc de voler de ses propres ailes, devient « freelance » selon le terme consacré, et pose les jalons d’un programme de formation en management à l’heure du digital.
De LVMH aux « Brunchs Clandestins »
Les tenants de celui-ci ? Les grandes règles du management mais également la psychologie cognitive, la méditation, le digital, le transversal ainsi que l’ensemble des modèles de néo-management©. « Rassembler les gens et créer du liant va devenir indispensable pour toute entreprise viable. On change de système, l’IA correspond à la 4ème révolution industrielle quand les entreprises commencent tout juste à sortir du fordisme. Les silos font de plus en plus place à l’influence, ce qui est nécessaire. L’inspirationnel est désormais au cœur de toutes les logiques managériales viables ». En outre, la jeune femme axe également sa réflexion sur les nouveaux modèles d’entreprises innovantes afin d’en ressortir la quintessence, par l’intermédiaire d’outils, de méthodes et autres cas d’usage. « J’ai déposé ce modèle en début d’année, ce qui m’a permis de dispenser cet enseignement auprès de dirigeants de grands groupes industriels internationaux mais également pour des personnalités politiques en France, comme à l’étranger », précise l’analyste digitale.
Mais son existence – déjà bien remplie – va s’enrichir d’une nouvelle étape, somme toute singulière, et, une fois encore, aux antipodes du tableau de marche traditionnel et des canons qu’une telle carrière laisse augurer : le lancement, en 2014, de « Brunch By Ines », un brunch dit « clandestin ». Même s’il est à souligner que le concept qui va, épargnons-nous le suspens, dépasser toutes les attentes était initialement destiné à son cercle d’amis. La parole est à la principale intéressée : « Tous les dimanches je transformais mon salon en salon de thé avec des tables de jardin et je cuisinais. La cuisine ouverte me permettait une véritable proximité avec mes convives. Mais ce qui n’était initialement réservé qu’à mes amis et leurs amis a fait le tour du monde…. Des gens venaient de partout pour participer à ce petit cérémonial dominical », se rappelle la jeune femme. Et il n’est pas rare de croiser des célébrités et autres artistes lors de ces agapes hors du commun. « Tout était bio et fait maison » souligne cette fille de restaurateur – « il n’y a rien de plus fédérateur que la bouffe », se marre-t-elle, avant de nous narrer, par le menu, le déroulé des opérations.
Women Inspiring Talks (WIT), le nouveau « coup d’éclat »
« Les gens venaient un peu comme chez eux, ils s’installaient sur le canapé, prenaient des bouquins. Une fois mon service terminé, je m’installais avec eux. Des gens y ont trouvé leur âme sœur, d’autres du boulot etc. Mon appartement était mon agence, mes équipes venaient y travailler, mais le dimanche c’était mon salon de thé, avant de redevenir, le soir, ma maison ». Inès Leonarduzzi a capté, avant bien d’autres qui se revendiquent aujourd’hui « innovants » en la matière, la notion d’espace pluriel. « Mais je ne pensais pas pour autant que ce concept de brunch clandestin allait prendre à ce point », insiste-t-elle. Un coup d’éclat qui ne restera pas sans lendemain mais qui prendra d’autres formes. Nous y reviendrons. Jamais là où on l’attend, Ines Leonarduzzi a récemment mis la dernière main à un roman qui ne devrait pas tarder à débarquer dans toutes les librairies. Rédactrice pour l’Unesco, l’écriture occupe une place prépondérante dans son existence mais son autre passion n’est autre… que la prise de parole en public. « Speaker est une véritable passion », affirme-t-elle. « J’adore cela ».
C’est en ce sens – pas assez occupée sans doute – qu’Ines Leonarduzzi va inaugurer, le 22 avril dernier, son premier « Women Inspiring Talk », son nouveau bébé. Mais avant cela, la jeune femme trépigne d’impatience d’exposer sa vision du talk. Et cela vaut le détour. A l’image de son approche du digital, développée en préambule, Inès Leonarduzzi cisèle sa vision du « discours », dont elle nous délivre les points clés. « Quand il m’arrive de coacher des gens sur la prise de parole, j’aime à leur rappeler que l’idée n’est pas d’être parfait mais plutôt comment prendre du plaisir à speaker. Leur offrir les clés de l’agilité. J’ai toujours aimé cela, animer des discours à l’école, prendre position. Je suis une communicante alors pour moi c’est important de parler et d’échanger. Quand on devient speaker, on est obligé de construire sa pensée », souligne-t-elle. Et de poursuivre. « Le langage précède la pensée, comme disait Hegel. Pour pouvoir penser, il faut savoir parler, s’exprimer. On peut ainsi développer un raisonnement ». Divers principes qu’Inès Leonarduzzi s’est évertuée à mettre en pratique lors du dernier salon VivaTech, où elle a animé, avec une certaine maestria, une conférence sur l’entrepreneuriat au féminin, au sein du Lab Air France KLM, auprès d’intervenantes exclusivement féminines.
Premier incubateur de femmes
Ce sont d’ailleurs, peu ou prou, les mêmes codes qui ont été usité lors de la première édition « Women Inspiring Talks » à l’hôtel des Bains, où la jeune femme a reçu, en figures de proue, Delphine Rémy-Boutang, fondatrice émérite de la journée de la femme digitale (JFD), Claire David, directrice de collection chez Acte Sud, Cyrielle Hariel, autoproclamée Journaliste & Philanthrope « Green & Positive », ou Laura Pho Duc, Head Pf communication et Marketing chez Alibaba Europe. « C’est un peu la version 2.0 de Brunch by Ines. Avant je nourrissais le corps, maintenant je nourris le corps et l’esprit », explique la fondatrice de l’événement. Une soixantaine de femmes ont répondu à l’invitation – « là encore, je n’en attendais pas tant » – et elles sont venues parler de leur expérience… avant de se réunir, autour d’un brunch (décidément) avant de terminer la session par un « petit moment » entre elles.
« Il n’y a rien de pire que les conférences où, une fois que tout le monde a fini de parler, chacun s’en va et rentre chez soi. L’écoute est une mesure importante. On ne sait plus écouter », tempête Inès Leonarduzzi. Fort de ce succès inaugural, le WIT – qui se définit véritablement comme le premier incubateur de femmes et non de « projets de femmes », la « maîtresse de cérémonie » insistant particulièrement sur ce point – devrait accueillir de nouvelles invitées de marque. En parallèle, Inès Leonarduzzi organise des week-ends de développement pour les femmes dans des châteaux en France. Toujours avec la bonne humeur et la capacité de sa fondatrice qui a su redonner au digital – et par extension au « cool » – ses lettres de noblesse. Pari gagnant.
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