La pandémie de Covid-19 pourrait compromettre les progrès réalisés par les femmes au cours des trois dernières décennies pour réduire l’écart économique avec les hommes. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a publié ce mardi 22 juillet un billet de blog alarmant.
Le marché de l’emploi très défavorable aux femmes
Une situation observable aussi bien dans les pays riches que dans les économies en développement et qui tient à plusieurs facteurs puisque dans cette crise économique liée au Covid-19 les femmes occupent davantage les emplois des secteurs durement affectés, tels que les industries de services, la vente au détail, le tourisme ou l’hôtellerie. Et s’ajoute à cela le fait que les femmes mettent plus de temps à retrouver un emploi.
« Aux États-Unis, le chômage des femmes était supérieur de deux points de pourcentage à celui des hommes entre avril et juin 2020 », note Kristalina Georgieva, qui co-signe le billet avec trois autres responsables du Fonds monétaire international et qui précise qu’ « elles assument l’essentiel des responsabilités familiales résultant des mesures de confinement telles que les fermetures d’écoles ». Selon les données du FMI, les femmes ont tendance à effectuer plus de travaux ménagers non rémunérés que les hommes, soit environ 2,7 heures par jour de plus. La garde d’enfant étant également un vrai frein pour les femmes qui mettent plus de temps à retrouver un emploi à plein temps. Au Canada, un rapport sur l’emploi a montré en mai que l’emploi des femmes avait augmenté de 1,1%, contre 2,4% pour les hommes.
L’égalité femme-homme malmenée par la garde des enfants
De manière plus tragique, dans de nombreux pays en développement, les jeunes filles sont obligées d’abandonner l’école et de travailler pour compléter le revenu du ménage. En Inde, depuis l’entrée en vigueur du confinement, les mariages organisés pour les jeunes filles ont augmenté de 30 %.
Tombées, en avril, à un taux de participation au marché du travail qui n’avait pas été aussi bas (55 %) depuis le milieu des années 80, les Canadiennes risquent d’avoir une longue et difficile pente à remonter, a prévenu, la semaine dernière, une analyse de la Banque royale du Canada : « Il est inquiétant de constater que le rôle démesuré des femmes dans les secteurs les plus touchés par la récession, additionné aux incertitudes persistantes quant à la disponibilité des écoles et des garderies à l’automne, fait que le terrain perdu ne sera pas facilement récupéré. ».
Pour autant, “des politiques bien conçues pour favoriser la reprise peuvent atténuer les effets négatifs de la crise sur les femmes et éviter de nouveaux revers pour l’égalité des sexes”, écrivent-elles. Et de citer des initiatives positives menées en Autriche, en Italie, au Portugal et en Slovénie, où un droit statutaire à un congé (partiellement) payé pour les parents ayant des enfants en dessous d’un certain âge a été instauré.
La France avait, elle, étendu le congé maladie aux parents touchés par les fermetures d’écoles si aucune prise en charge ou aucun autre mode de travail n’avait pu être trouvés.
« Les garderies seront la sauce secrète de la reprise économique », déclarait le mois dernier l’économiste Armine Yalnizyan, chercheuse à la Atkinson Foundation, devant le comité permanent des Finances de la Chambre des communes à Ottawa.
La patronne du FMI rappelle dans son blog qu’il faut profiter de cette « occasion qui ne se présente qu’une fois par siècle » pour reconstruire un monde « plus équitable, plus vert, plus durable, plus intelligent et surtout plus résilient« .
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