La perception des femmes entrepreneurs et de leur place dans les entreprises évolue. La communauté des femmes entrepreneurs s’est développée ces dernières années, les femmes constituant un tiers des entrepreneurs à la tête d’entreprises établies. Plus de 140 000 entreprises fondées par des femmes ont été lancées en 2022, et ce chiffre représente une croissance de plus d’un tiers chaque année.
Article de Shaheena Janjuha-Jivraj pour Forbes US – traduit par Flora Lucas
En 2023, plus de 20 % des nouvelles entreprises seront dirigées par des femmes, battant ainsi les records précédents. En 2022, bien qu’un peu moins de 17 % des entreprises britanniques actives soient dirigées par des femmes, la proportion d’entreprises à forte croissance était d’un peu plus de la moitié, soit 8,7 %.
Les femmes continuent de rencontrer des difficultés dans l’accès au financement pour des entreprises à forte croissance et la disparité est criante. Les entreprises dirigées par des femmes ont reçu 34 % des financements en prêts accordés aux entreprises dirigées par des hommes. En termes réels, cela signifie que le prêt moyen pour les entreprises dirigées par des femmes est de 174 000 livres sterling (soit 205 750 euros) contre 507 000 livres sterling (soit 599 514 euros) pour les entreprises dirigées par des hommes.
La task-force Invest in Women au Royaume-Uni
Pour lever les obstacles auxquels se heurtent les femmes entrepreneurs, une nouvelle task-force, Invest in Women, a été créée dans le but d’augmenter le nombre d’entreprises féminines à forte croissance. Dirigée par des femmes entrepreneurs et soutenue par le ministère britannique des Affaires et du Commerce, cette task-force est coprésidée par Debbie Wosskow et Hannah Bernard, responsable des services bancaires aux entreprises pour la banque Barclays.
Debbie Wosskow, une entrepreneuse en série connue pour ses entreprises telles que Love Home Swap et AllBright, souligne l’importance d’améliorer l’accès au financement pour les femmes entrepreneurs ambitieuses. Elle exprime ses attentes à l’égard de la task-force, dont l’objectif est d’éliminer les problèmes de financement liés au genre et de faire du Royaume-Uni l’environnement le plus favorable aux femmes entrepreneurs. Debbie Wosskow pense et agit à la vitesse de l’éclair. C’est cette même énergie qu’elle met au service de la création d’un accès au financement de meilleure qualité pour les femmes entrepreneurs ambitieuses. Selon elle, « les femmes à la tête d’entreprises ne devraient pas être confrontées à des difficultés de financement pour créer et développer leur entreprise en raison de leur genre. En tant qu’entrepreneuse expérimentée qui a créé sa première entreprise il y a 25 ans, je sais qu’il est important de faire tomber les barrières et d’apporter des changements significatifs pour les entreprises dirigées par des femmes. En plaçant le financement au cœur de cette task-force, nous voulons faire du Royaume-Uni le meilleur endroit au monde pour les fondatrices d’entreprise ».
Le paysage du financement de l’entrepreneuriat féminin à forte croissance est complexe, les structures de financement étant fortement orientées vers les hommes. L’étude Boden sur les entreprises à forte croissance dirigées par des femmes indique des changements minimes dans le financement de l’investissement en capital au cours de la dernière décennie, avec seulement une part de deux centimes par euro investis dans des entreprises entièrement fondées par des femmes. En 2023, les femmes entrepreneurs n’auront reçu que 9 % des financements en capital-risque. Malgré le potentiel inexploité des entreprises féminines à forte croissance, des obstacles persistent, notamment la sous-représentation des femmes dans les postes d’influence en matière de financement par actions et de capital-risque.
Augmenter le nombre de femmes dans le paysage de l’investissement
Le financement par actions et par capital-risque est l’un des domaines de la finance qui a résisté au changement : les femmes n’y occupent que 11 % des postes et 13 % des entreprises n’ont toujours pas de femmes dans leurs équipes d’investissement. Libérer le potentiel des entreprises féminines à forte croissance pourrait contribuer à l’économie britannique à hauteur d’environ 250 milliards de livres sterling (soit 296 milliards d’euros), comme l’indique le rapport d’Alison Rose sur l’entrepreneuriat féminin. Ces entreprises vont au-delà des stéréotypes traditionnels et ne se limitent pas simplement au travail à domicile ou à temps partiel. Debbie Wosskow considère que ces entreprises répondent aux besoins d’un énorme marché inexploité : « Les entreprises dirigées par des femmes résolvent des problèmes auxquels les femmes sont confrontées. Par exemple, je suis présidente de Better Menopause, une entreprise qui s’occupe de santé, de science et de nutrition pour les femmes, et je dois la présenter à une salle remplie d’hommes. Ce n’est pas impossible, mais ils n’ont pas le même rapport avec le problème que l’entreprise résout. Et cette situation se répète sans cesse. »
Consciente de la nécessité de changer le visage de l’investissement, Debbie Wosskow souligne l’importance d’augmenter le nombre d’investisseurs providentiels féminins pour modifier le paysage de l’investissement : « C’est un énorme défi pour une femme entrepreneur de trouver des moyens de raconter son histoire aux investisseurs si les personnes de l’autre côté de la table sont toujours des hommes. C’est ainsi que nous changeons la dynamique. La réponse ? Davantage d’investisseurs providentiels féminins ! Avec le soutien de la British Business Bank, nous explorons les moyens d’amplifier la valeur des femmes qui soutiennent d’autres femmes par le biais d’un financement de contrepartie. »
Hannah Bernard partage cette vision : « C’est un domaine qui me passionne, et c’est donc un privilège d’occuper ce poste. Je crois que la clé de la croissance du Royaume-Uni sera de permettre à chaque entrepreneur de ce pays de prospérer. Les femmes entrepreneurs sont confrontées à des obstacles beaucoup plus importants pour obtenir le soutien et l’investissement dont elles ont besoin, qu’il s’agisse du financement de lancement pour les start-up ou des défis liés à l’obtention d’investissements à grande échelle. »
Dans le cadre des travaux de la task-force, un groupe de travail sur l’écosystème a été créé pour améliorer l’environnement général des entreprises dirigées par des femmes, dans le but d’augmenter le nombre de femmes qui créent et développent des entreprises.
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