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Femmes Entrepreneures : De La Banlieue À HEC

Getty Images

Être une femme d’origine modeste et lancer son entreprise, c’est possible. Le programme Stand-up, proposé par HEC, permet à ces femmes de bénéficier d’un accompagnement à Station F, où l’école a installé son incubateur, dans le campus imaginé par Xavier Niel.

Joe & Avrels, entreprise spécialisée dans l’épicerie fine, est sortie de terre grâce à la volonté de ses trois fondatrices, Paulina Cortes, Nathalie Schermann et Stéphanie Schermann. Ces trois femmes ont vu leur entreprise grandir après avoir intégré le programme Stand-up.

Visant à rétablir l’égalité des chances, Stand-up ouvre ses portes aux entrepreneures issues de milieux modestes. Eloïc Peyrache, directeur délégué des programmes Grandes Ecoles d’HEC, organise toutes les initiatives de l’école en terme d’entrepreneuriat. 

HEC s’intéresse aux talents des banlieues

L’histoire commence en 2012, lorsqu’un incubateur est installé à La Courneuve. 40 entrepreneures originaires de banlieue prennent part à l’expérience. En 2016, l’école de commerce resserre les liens entre ses étudiants et les entrepreneures en instaurant « l’Académie HEC ». 380 personnes sont sélectionnées chaque année. Cette académie est aussi ouverte aux étudiants. 

Par promotion de 25, elles débutent par l’étape starter, où l’école prend en compte leurs aspirations et valide leurs intentions entrepreneuriales. Durant huit semaines, elles sont formées par petits groupes au développement personnel, les aidant à s’affranchir des clichés. Le maillage social est toujours très présent puisque les cours ont lieux dans le 93, le 92 et le 78. À la suite de la semaine starter, les étudiants de HEC peuvent accompagner pendant un semestre les projets mis sur pieds par ces femmes, en les aidant par exemple à reconstruire leur business plan. Un moyen pour eux de mettre en pratique leurs cours et rencontrer des profils qu’ils n’auraient pas eu l’occasion de côtoyer.

Valérie Barry-Gandhi, chargée du parcours « Impact Entrepreneur(e)s » et elle-même entrepreneure, s’occupe d’encadrer les projets. Les Summer Camp, sessions de deux à trois jours, viennent conclure cette formation. Durant ces quelques jours, des ateliers de networking, des conférences et des échanges viennent renforcer les liens. Du 5 au 6 juillet puis du 9 au 11, les promotions Stand-up sont rassemblées. Les femmes discutent des avancées, des difficultés et des réussites dans une ambiance détendue. En 2016, une conférence traitait des parallèles entre le sport de haut niveau et l’entrepreneuriat, avec la prise de parole d’Hayette Djennane, championne de parachutisme handisport.

Les roles models

Joe & Avrels voulait faire découvrir la richesse culinaire de la cuisine africaine, ses fruits et légumes et ses goûts. Le nom de l’entreprise ? C’est une petite plaisanterie à propos de la taille de Paulina, la plus petite des fondatrices, et celle de Stéphanie, la plus grande. Troisième élément de cette équipe, Nathalie, cheffe cuisinier chargée de revisiter les saveurs africaines. Originaire du Congo, elle a travaillé auprès de chefs étoilés au Trianon Palace. Toutes issues de banlieue, leur entreprise prend une dimension intergénérationnelle puisque Nathalie n’est autre que la mère de Stéphanie. Leur équipe, entièrement féminine, s’apprête à intégrer un stagiaire masculin. Une façon pour elles de respecter la diversité et la mixité au sein de l’entreprise. 

Commercialisés en France, leurs produits ont remporté un fort succès auprès de la diaspora africaine. Cette dernière retrouvait des aliments et des saveurs difficiles à se procurer. L’engouement dépasse rapidement le cercle des connaisseurs et attire le grand public. Disponible dans dix points de vente, la gamme d’épicerie fine voudrait étendre ses activités. Les trois femmes s’apprêtent à signer un contrat avec Galeries Lafayette en mai et souhaitent étendre leur réseau de distribution dans les épiceries Alice&Délice. 

De gauche à droite : Stéphanie Schermann, Paulina Cortes, Nathalie Schermann

L’une des participantes au programme Stand-Up, Hafida Guebli, a créé son application NEYB’S, contraction stylisée de neighbour. Cette application destinée aux logements sociaux fait circuler les informations à tous les habitants. La situation de ses parents, tous deux illettrés, l’a fait réfléchir sur la manière de renseigner ceux qui ne savent pas lire. Elle a créé cette plateforme d’échange où les informations sont résumées sous forme de pictogramme. Numérique, facile à comprendre, l’idée était aboutie. Tellement aboutie qu’Hafida Guebli intègre Paris, dans l’incubateur HEC de Station F. Elle n’a pour autant pas quitté la banlieue. « Après un tel succès, on représente l’endroit d’où l’on vient, on joue le rôle de modèle pour les petits frères », explique-t-elle. Un avis partagé par 83% des Français, qui estiment que ces carrières donnent un exemple aux jeunes d’origines diverses, selon Viavoice. 

Ouverture à la diversité

La région Île-De-France, présidée par Valérie Pécresse, a également beaucoup investi dans ce projet, à hauteur de 27 millions d’euros. Le Club XXIème siècle, second partenaire du programme Stand-Up, offre un mécénat de compétences au programme. Son président, Jacques Galvini, lui-même issu de banlieues, soutient le parcours de ces femmes valorisant l’image de ces quartiers. Les financements liés aux entrepreneures leur offrent l’opportunité de réussir, indépendamment des statistiques. 67% des Français estiment qu’il est plus difficile de créer son entreprise lorsqu’on est une femme issue de quartier défavorisé ou de banlieue, selon le sondage Viavoice réalisé à l’occasion de cette rencontre. Leur parcours, souvent semé d’embûches les amènent à penser différemment, faisant preuve d’innovation et d’adaptabilité. Selon le même sondage, 38% de la population pense qu’elles font preuve de plus de débrouillardise, d’ingéniosité, de courage et de ténacité. 

Le club ne se limite pas aux financements des projets. Plusieurs missions de terrains redonnent leurs chances aux jeunes de banlieue, avec des actions comme « Entretien d’excellence ». Durant une demi-journée, des professionnels issus de milieux défavorisés échangent avec ces jeunes et les encouragent à ne pas s’auto-censurer. 

Le succès de ces femmes tend à se développer. La fondatrice de NEYB’S, Hafida Guebli, part à Londres à la rencontre des bailleurs et gestionnaires d’immeubles. Elle souhaite confronter leurs problématiques à celles rencontrées par les Français.Elle en profitera pour revoir un des élèves l’ayant aidé durant le semestre d’échange entre étudiants et entrepreneures. Un déploiement à l’international est également prévu à moyen terme. 

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