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L’Apport Des Associations Professionnelles Féminines Au Travail

©Getty images

Cet article tente de comprendre l’apport des associations professionnelles dédiées à la cause des femmes. Comment peuvent-elles aider chaque femme à se sentir plus intégrée dans son travail ? Leur existence ne renforce-t-il pas une forme de ghettoïsation des femmes dans notre société?

Pour approfondir ce sujet, nous aimerions réaliser à la suite de cet article des entretiens avec des femmes engagées dans des associations professionnelles ou mouvements, dédiés aux femmes ou non, afin de mettre en avant leur point de vue et leur expérience. Si vous êtes concernée, veuillez prendre contact avec l’auteur de l’article.

La cause des femmes

Durant la fin de l’année 2017 et en ce début d’année 2018, les médias et le show business mettent plus que jamais en lumière la cause des femmes (affaire « Weinstein ») et les polémiques (Tribune de désolidarisation du mouvement #BalanceTonPorc ou #MeToo).

La situation des femmes dans les milieux professionnels est un sujet qui reste cependant moins traité. Vous avez pu entendre parler de ces femmes entrepreneures qui ripostent face à un article du magazine Capital du 29 août 2017, qui ne met en avant que des entrepreneurs. Il existe également une multitude (plus de 100) d’associations, généralistes ou spécialisées, qui souhaitent donner une visibilité aux femmes actives, valoriser leurs compétences,  leurs actions, ou encore défendre les principes d’égalité salariale ou d’accès à l’emploi.

Pourquoi parle-t-on de ghettoïsation ?

Au-delà de la question sous-jacente du féminisme, ces actions diverses ont fait apparaître dans notre société un sentiment de « ghettoïsation » des femmes. A croire qu’à vouloir faire évoluer les mentalités sur la condition des femmes, elles produisent l’effet inverse : une sorte de marginalisation (de 50% de la population), de victimisation ou de discrimination systématique (positive ou négative). La question est la suivante : si ghettoïsation il y a, est-elle du fait de cette volonté de nombreuses femmes d’atteindre un principe d’égalité de traitement, mettant en lumière des ambitions qui mettent mal à l’aise ceux et celles qui ne les partagent pas nécessairement ?

Ou ces actions mettent-elles justement en lumière une ghettoïsation qui serait bien ancrée, forgée depuis des siècles, voire des millénaires, par notre héritage génétique (sélection naturelle), culturel et notre éducation ? Un mode de vie si diffus, implicitement accepté depuis des années, que le contester revient à remettre en cause une forme de normalité naturelle. De fait, ces années de culture et d’éducation ont forgé une norme, si ce n’est une hiérarchie, quant au rôle que jouent l’homme et la femme dans notre société. Cette norme contraint tout autant les hommes que les femmes à un rôle prédéterminé, « genré ».

On constate qu’il y a de toute évidence un état de fait qui peut être aisément remis en question. Cet état de fait intéresse cependant moins les hommes qui ne se sentent pas directement concernés. Et toute évolution, il est vrai, peut impacter leur propre rôle dans la société. Qui aurait envie de scier la branche sur laquelle il est assis ?

Il y a cependant quelques hommes qui s’engagent sur des valeurs féministes comme en témoigne le mouvement « He For She » lancé par l’actrice Emma Watson en 2014. Mais l’engagement est encore timide.

Quel autre choix ont donc eu certaines femmes que de constituer des mouvements et des actions pour mettre en avant une forme d’injustice de traitement uniquement fondée sur leur sexe ? Ces actions ont pour but de faire prendre conscience aux hommes, comme aux femmes, du caractère inégalitaire et faiblement justifié de leur situation.

Les associations professionnelles dédiées à la cause des femmes

Il est cependant  intéressant de constater que ces associations professionnelles consacrées aux droits ou à la position de la femme dans la société ou dans son parcours professionnel sont le plus souvent non mixtes.

Pourquoi reproduire une forme d‘exclusion, qui est justement reprochée ? N’est-ce pas renforcer ce sentiment de « ghetto féminin », volontairement fermé ? Cette discrimination « positive » n’est-elle pas contre-productive ? Est-ce un choix ? Ou cela n’intéresse-t-il pas les hommes ? Nombre d’associations considèrent que si elles ouvrent leur action aux hommes, ceux-ci n’auraient que des intentions « malhonnêtes » (faire des affaires, trouver une compagne, tuer le mouvement…).

Les femmes sont-elles donc les seules à vouloir porter ces messages ? Cela doit-il se faire sans les hommes ? Un homme qui s’emparerait de cette cause serait-il nécessairement regardé de façon suspicieuse ? Ou dirait-on encore, tel un dernier affront, « Vous voyez, sans un homme, elles n’y seraient pas arrivées » ? Ces associations sont face à un dilemme insoluble. Aucune décision, aucun choix n’est parfait et indiscutable. Pour autant, si ces associations existent c’est qu’elles trouvent un écho, au moins parmi les femmes. Elles mettent en lumière ce qui leur semble insupportable ou ce qui mérite selon elle une meilleure presse, pour compenser le biais social qui nous imprègne tous.

Une étude intéressante, basée sur des données factuelles, montre que les femmes évoluent moins professionnellement non pas du fait de leur comportement au travail, mais de la façon dont leurs actions sont perçues sur leur lieu de travail, mais aussi dans la vie de tous les jours. Aussi méritantes soient-elles, elles sont toujours considérées moins méritante qu’un homme. De ce fait, les femmes n’auraient aucune maîtrise sur cette situation. Quoi qu’elles fassent, quels que soient leurs agissements ou leurs attitudes, l’inégalité homme-femme n’évolue pas. Il existe un biais profond dans notre inconscient collectif. Toute évolution ne sera possible que si tous les acteurs prennent conscience et intègrent que le fait de disposer de chromosomes XX ou XY ne justifie pas à lui seul ces formes de discrimination, pas plus que la nationalité, l’ethnie, la religion ou l’orientation sexuelle.

Ce biais de perception explique pour beaucoup le « Pink-Collar Ghetto » qui s’observe jusque dans les comités de Direction des grandes entreprises, où les femmes relèvent plus souvent d’instruments de diversité en occupant des postes – « so girly » – consacrés à la communication, aux ressources humaines, au marketing…

Que recherchent les femmes en adhérant à ce type d’associations professionnelles ?

Les motivations sont bien entendu diverses.

Certaines femmes ont du mal à trouver leur place dans des associations professionnelles mixtes, en raison soit de leur personnalité, de leurs limites inconscientes ou d’une atmosphère qui leur fait sentir de façon diffuse qu’elles n’y ont pas autant leur place que les hommes présents. Les hommes peuvent donner l’impression de se sentir plus à l’aise, mais n’est-ce pas là une perception biaisée ?

La plupart des femmes se sentent plus à leur aise dans des associations de femmes car elles savent d’emblée qu’elles parleront à des paires et seront mieux comprises.  Elles y parlent plus volontiers de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, des inégalités auxquelles elles peuvent être confrontées. Elles se soutiennent, s’encouragent et travaillent sur des sujets visant à valoriser leurs travaux et actions. Elles font aussi des affaires. Elles ne subissent pas ce que l’étude citée précedemment met en avant, à savoir le biais de perception qui tend à dévaloriser systématiquement ce que fait une femme comparativement à un homme qui agirait de la même façon.

Ce biais peut donc certainement expliquer en partie pourquoi les femmes préfèrent, aujourd’hui, rester entre elles dans ce type d’organisations et pourquoi elles éprouvent le besoin d’agir pour rendre visible leurs projets et les causes qu’elles défendent.

Néanmoins, même en restant entre femmes, tout n’est pas rose ! Les dérives existent dans ces associations car le business n’est jamais bien loin ! On trouve donc beaucoup d’offres de coaching, de développement personnel. Les membres occupent bien souvent des professions en concurrence, justement parce que les postes occupés par les femmes manquent de diversité (communication, marketing, coaching, formation, juridique, e-commerce, artisanat…), ce qui nivelle la portée du réseau et entrave parfois les opportunités de collaboration. Il est aisé d’en déduire que les femmes qui occupent des postes dans le domaine des sciences, des chiffres ou de l’ingénierie peinent davantage à trouver leur place dans ce type d’associations puisque de fait, la société leur impose d’évoluer dans un monde d’hommes (et donc des réseaux d’hommes), à elles plus qu’à d’autres.

Ces causes féministes, certes imparfaites, mais sans être misandres pour autant, n’auront certainement plus lieu d’être quand ces associations seront paritaires et quand ce type d’article sera écrit par des hommes !

Pour approfondir ce sujet, nous aimerions réaliser des entretiens avec des femmes engagées  dans des associations professionnelles, dédiées aux femmes ou non, afin de mettre en avant leur point de vue et leur regard. Si vous êtes concernée, veuillez prendre contact avec l’auteur de la tribune.

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