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Eva Longoria : « Il n’est pas nécessaire d’être riche et célèbre pour faire la différence dans notre société »

Actrice, égérie, productrice, philanthrope… La star américaine a toujours revendiqué haut et fort le droit de mener simultanément carrière et engagements. Cette forte personnalité se retrouve pleinement dans les valeurs prônées par la griffe française L’Oréal Paris qui le lui rend bien. L’occasion pour Forbes de s’interroger sur l’injonction faite aux marques d’afficher, aujourd’hui, leurs valeurs sociétales sous peine d’être « cancellisées ». Interview exclusive et sans détour. 

 

Dans ce monde remodelé par la pandémie, que représente le fait d’être l’égérie d’une marque ?

Eva Longoria : Être l’ambassadrice d’une marque comme L’Oréal Paris, c’est extraordinaire ! Cela fait seize ans que je suis l’égérie de cette entreprise qui n’a de cesse d’honorer la diversité, la beauté des femmes à travers le monde. J’ai toujours considéré que L’Oréal Paris n’était pas uniquement une simple marque de cosmétiques, mais une griffe très consciente de son rôle sociétal. Parmi les messages véhiculés, il y a l’estime de soi, l’identification à des valeurs féministes, humanistes. Aujourd’hui, avec la pandémie, il est bon d’entendre une société vous dire que vous le valez bien. C’est très puissant !

 

Justement, que vous inspire le slogan « Parce que vous le valez bien » ?

E.L. : Derrière ce slogan, il s’agit de rappeler que les femmes font partie d’une communauté mondiale, que collectivement, individuellement – toutes – ont de la valeur. Cette philosophie va bien au-delà du maquillage ou des soins capillaires, car elle sous-entend que tout ce que l’on fait dans sa vie, ses choix, ses audaces, ajoutent de la valeur. Voilà donc cinquante ans que L’Oréal Paris nous dit : « Vous le valez bien », « Vous valez plus », « Vous valez cet effort supplémentaire », « Vous valez cette attention supplémentaire »… C’est donc très stimulant et valorisant pour les femmes.

 

Lorsque vous avez commencé votre collaboration avec L’Oréal Paris, sur quels aspects avez-vous décidé de rester intransigeante ?

E.L. : J’ai toujours considéré primordial d’être l’ambassadrice d’une entreprise qui soit capable de refléter la diversité de notre monde. Mais avec L’Oréal Paris, il n’y a pas eu de débats car je me reconnaissais dans les valeurs de la marque. C’était donc pour moi avant tout un honneur. Regardez les ambassadrices au fil des ans : la Chinoise Gong Li, la Britannique Helen Mirren, la Française d’origine algérienne Leïla Behkti, l’Indienne Aishwarya Rai… Ce sont plein de femmes qui ressemblent au monde dans lequel nous vivons. Revendiquer d’être inclusif et le prouver ne peut être qu’engageant.

 

Chacun peut avoir un impact sur une personne, sur une situation et peut aider individuellement à faire la différence. Rétrospectivement, quand j’ai créé ma fondation, je voulais juste aider une jeune fille à obtenir une bourse pour l’université. Maintenant, nous sommes capables d’en doter des milliers !

 

Vous êtes autant militante qu’actrice ! L’égalité entre les hommes et les femmes, la protection des enfants, la lutte contre le racisme… sont des causes qui vous tiennent à cœur. Pourquoi une telle soif d’engagement ?

E.L. : Je suis avant tout un être humain concerné. Je me soucie de vivre, d’être dans un monde d’égalité et de justice, de responsabilité sociale et d’esprit de communauté. À mon sens, il est de notre responsabilité de nous impliquer dans la marche du monde. Je ne vis pas seulement dans les quartiers cossus de Californie mais dans une communauté mondiale. Soyons attentifs à ce qui se passe ailleurs ; ce qu’il se passe en France nous affecte, ce qu’il se passe en Afrique, en Chine nous concerne. En tant qu’humanité, œuvrons à toujours faire mieux.

 

Quand on regarde l’état du monde aujourd’hui, les défis semblent immenses ! En tant qu’individu, pouvons-nous vraiment faire la différence ?

E.L. : Absolument ! Et il n’est pas nécessaire d’être riche et célèbre pour faire la différence. Lorsque l’on pense aux problèmes du monde, on peut se dire en effet que la situation est accablante, mais il faut adopter un autre état d’esprit. Chacun peut avoir un impact sur une personne, sur une situation et peut aider individuellement à faire la différence. Rétrospectivement, quand j’ai créé ma fondation, je voulais juste aider une jeune fille à obtenir une bourse pour l’université. Maintenant, nous sommes capables d’en doter des milliers ! Au niveau environnemental, moi-même je recycle. Des actions comme celle-ci, si elles sont démultipliées, peuvent concourir à changer les choses. J’ajouterai aussi que c’est très stimulant ce sentiment d’avoir pu aider, car après, cela vous motive encore plus.

 

 

 

EN CHIFFRES

1975 → naissance à Corpus Christi (Texas)

2004-2012 → consécration avec le feuilleton à succès Desperate Housewives

2005 → devient égérie de L’Oréal Paris

2018 → décroche son étoile au Hollywood Walk of Fame. Élue à plusieurs reprises Philanthrope de l’année par The Hollywood Reporter

 

 » J’ai eu beaucoup de chance que L’Oréal Paris ait adhéré à mon activisme politique »

 

Pendant le confinement, vous avez filmé une séquence privée où l’on vous voit colorer vos racines. Vous n’avez pas hésité à dédramatiser sur vos cheveux gris pour interpeller le public sur ce tabou persistant. Pourquoi les femmes puissantes, les premières, ont-elles du mal à prendre de la distance avec les injonctions sur leur physique, l’exigence de rester jeune ?

E.L. : Les hommes deviennent sexy avec les cheveux gris, et les femmes le seraient théoriquement moins… Les femmes sont donc exposées à davantage de pression. J’ai toujours accepté mes cheveux gris, je les colore, mais je n’ai jamais eu peur de dire que je les colore. Pendant la pandémie, j’ai pensé : « Je vais les laisser pousser, je suis prête, je suis prête ! » Et puis, cela a commencé à pousser et tout d’un coup, c’était plutôt : « Je ne suis pas prête, je ne suis pas prête ! » Mais j’ai vraiment aimé faire la vidéo de Magic Root. Ce produit est un bon recours quand je n’ai pas le temps d’aller au salon de coiffure. La vidéo a eu des millions de vues, et pas uniquement chez les femmes.

 

Peut-on vraiment combiner glamour et activisme, et être crédible ? 

E.L. : J’exerce le métier d’actrice dans la vie, je suis une ambassadrice de L’Oréal Paris, mais cela n’est qu’une dimension de ma personnalité, de mon être. En plus de ces rôles, je suis une activiste, une philanthrope, une entrepreneure, une mère, une sœur et une épouse. Vous ne pouvez donc pas confondre ces deux facettes consubstantielles, ni mettre en confrontation « qui vous êtes » et « ce que vous faites ». Au contraire, vous pouvez certainement fusionner les deux.

 

À la fin des années 1990, lorsque l’actrice Emmanuelle Béart, au sommet de sa gloire, a défendu des migrants dans une église évacuée de Paris, l’affaire a fait scandale. Elle était l’ambassadrice de la maison Dior. Son engagement lui a coûté sa collaboration. En 2021, une marque peut-elle encore rester hermétique aux causes défendues par ses ambassadeurs?

E.L. : Oui, j’ai eu beaucoup de chance que L’Oréal Paris ait adhéré à mon activisme politique. Ils ont toujours été d’un grand soutien dans mes prises de position pour ma communauté latino, pour les femmes, pour la justice, pour l’égalité et contre le racisme. Soyons clairs, il y a beaucoup d’entreprises qui ne veulent pas que vous vous exprimiez. Ce partenariat avec cette importante maison française est donc incroyable à bien des égards. Non seulement L’Oréal Paris me permet de prendre la parole, mais le groupe n’hésite pas à m’encourager, à me soutenir. C’est très précieux.

 

Faut-il « éduquer » les marques sur les questions de société ? Si oui, les égéries comme vous ont-elles un rôle à jouer pour éduquer les marques, pour qu’elles soient plus connectées à la société ?

E.L. : Je pense que nous avons tous une responsabilité. En tant qu’égérie, nous devons prendre notre part dans la sensibilisation des causes humanistes pour rendre le monde meilleur.

 

Vous avez une relation assez spéciale avec la France. Comment voyez-vous notre pays ?

E.L. : Je me sens vraiment chez moi quand je suis à Paris. Vous savez, j’ai un lien très fort avec la France. Il y a tellement de raisons, à cause de Desperate Housewives qui était un phénomène extraordinaire, notamment chez vous ! Et puis, il y a cette connexion à L’Oréal Paris, mon ex-mari Tony Parker… En résumé, je me représente la France à travers ces deux mots : « chic » et « maison ».

 


Eva Longoria

PASIONARIA POLITIQUE !

Fervente défenseur du multiculturalisme, une richesse à ses yeux dans l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui, la bomba latina n’hésite pas à donner de la voix lors de meetings politiques en soutien au parti démocrate. De Hillary Clinton à Barack Obama en passant par Joe Biden, tous ont reçu son soutien.

Eva Longoria, féministe !

L’actrice a été l’une des premières à soutenir les mouvements #MeToo et #TimesUp devenus depuis de véritables hymnes planétaires, suscitant débats sociétaux et prise de conscience.

Eva Longoria, madone !

Infatigable porte-voix de l’enfance maltraitée, l’Américaine d’origine mexicaine parraine l’un des événements de charité les plus importants dans ce domaine : le Global Gift Gala. L’intégralité des fonds collectés est reversée à la fondation Eva Longoria, qui vient en aide aux femmes et enfants de la communauté latino-américaine défavorisée. 

 

 

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