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Créée Par Deux Femmes En 1954, Comment RAJA Est Devenue Une ETI et Une Fondation

Quand une petite entreprise d’emballages – fondée en 1954 par la mère et reprise dans les années 1980 par la fille –  lance une fondation pour soutenir les associations qui viennent en aide aux femmes, cela donne naissance à la Fondation RAJA. Danièle Marcovici, la fille, s’attache depuis 2006, sous l’égide de la Fondation de France, à aider chaque année de nouveaux projets. Retour sur le parcours d’une femme d’affaires engagée.

Elle a eu un beau modèle. En 1954 Rachel et Janine fondent « les cartons RAJA », une société qui propose des emballages aux entreprises. Rachel se retrouve rapidement seule à la tête de la petite structure. Une femme indépendante, combative, innovante qui s’emploie à développer l’activité et de nouveaux produits pendant que son mari gère l’administratif. Danièle Marcovici a 16 ans quand elle rejoint l’entreprise de ses parents. Premier boulot : commerciale, à courir de boutiques en boutiques, à grimper les escaliers et sonner aux portes à la recherche de nouveaux clients.

« J’ai appris le métier sur le terrain », souligne Danièle Marcovici. « Le métier de commercial est un métier d’écoute, de contact humain. Il faut savoir argumenter, s’adapter aux besoins et demandes du client. » Après plusieurs années à aller directement au contact des entreprises, « son école de commerce », elle se lance dans la publicité et le marketing, toujours pour RAJA. Et crée le premier catalogue de vente par correspondance, directement à destination des entreprises. C’est le milieu des années 1970 et depuis plusieurs années, Danièle Marcovici est une militante féministe. « J’ai pris conscience des inégalités à travers la lutte pour le droit à l’avortement, j’étais donc engagée sur de nombreux combats féministes, mais aussi culturels et contre les discriminations, les inégalités… »

International

Au début des années 1980, elle prend la tête de l’entreprise familiale. « Avec l’élection de François Mitterrand, nous avions le sentiment d’avoir gagné beaucoup de batailles et que tout allait continuer. J’avais donc soudain plus de temps à consacrer à l’entreprise. » Malgré une transmission initiée dans les années 1970, Danièle Marcovici doit faire face à ses propres contradictions. Comment devenir patron tout en respectant son éthique et ses valeurs sociales ? Avec 50 salariés à l’époque, elle permet l’organisation des premières élections du comité d’entreprise. « Respecter le dialogue social est essentiel », ajoute-t-elle alors que son entreprise compte aujourd’hui près de 1 900 salariés dans 18 pays.

L’expansion internationale a débuté en 1994 avec le rachat de la première filiale en Belgique, sa « pire et meilleure expérience ». Dans les années 2000, tout s’accélère avec l’ouverture d’une filiale par an à l’étranger, « toujours avec un directeur et une équipe locale pour favoriser la proximité avec les entreprises ». « C’est ma façon d’être européenne », souligne Danièle Marcovici qui revendique également l’indépendance de son entreprise. « J’ai toujours refusé le rachat ou l’entrée en bourse dans les années 1990. » Sa manière à elle de « rester libre et indépendante ». Comme sa mère.

Amazon ? même pas peur. RAJA, dont 40% des commandes passent par Internet affirme avoir supporté la crise économique de 2008, malgré le recul des commandes, grâce aux liens de proximité noués avec sa clientèle.

Agir dans la durée

En 2006, elle réaffirme son engagement féministe en créant la fondation RAJA. Sous l’égide de La Fondation de France, une part des bénéfices de l’entreprise est reversée à des projets d’associations qui aident les femmes en France et dans le monde. « Nous avons commencé avec un tout petit budget qui est aujourd’hui d’un million d’euros par an. » Sur 500 dossiers reçus, 50 à 60 sont soutenus chaque année dans les domaines de l’éducation, du droit des femmes et de la lutte contre les violences, de la formation et de l’insertion professionnelle, et depuis la COP21 de l’environnement. Dans l’entreprise, une directrice générale et une équipe travaillent à l’instruction des dossiers dont la sélection est présentée devant le comité de la fondation. « Nous soutenons les projets sur trois ans pour agir dans la durée », précise Danièle Marcovici.

Depuis 2013, la femme d’affaires médiatise les projets soutenus par la fondation en organisant les Women’s Awards. « Cela permet aussi d’éveiller les consciences sur des situations inacceptables et peut-être pousser à l’action. »

 

Le Palmarès des Women’s Awards 2018 de la Fondation RAJA

Le prix « Coup de Cœur du Jury » a été décerné à l’association Rejoué pour développer une activité de réemploi des jouets d’occasion gérée par des femmes en réinsertion. L’association a gagné un soutien financier de 10 000€.

Le prix « Droit des femmes et lutte contre les violence » est remis à BATIK International (Vietnam) qui oeuvre pour aider les ouvrières de zones rurales à faire reconnaître leurs droits.          

Le prix « Protection de l’environnement et lutte contre les changements climatiques » est remis à Terre et Humanisme (Togo) qui accompagne des femmes dans le lancement d’une activité agricole respectueuse de l’environnement. 

Le prix « Education et action sociale » remis à Objectif France-Inde donnent aux femmes les outils nécessaires pour sortir de la marginalité par la création de Self-Help Group (des groupes d’entraide et de microcrédits). 

Le prix « Formation et insertion professionnelle » remis à Passerelles numériques (Cambodge) qui permet à des jeunes femmes très défavorisés d’accéder à une éducation et à une formation technique et professionnelle, dans le secteur du numérique.

Le « Prix du Public » a été décerné à l’association Elevages Sans Frontières pour son projet : favoriser l’insertion sociale et économique des femmes rurales par l’accès aux ressources productives. Cette association a bénéficié du vote de 5 500 personnes en ligne et reçoit une dotation de 10 000 euros. 

  

 

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