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Clotilde Courau : « Dans les médias, le business, le cinéma… Nous avons un combat à mener pour visibiliser les femmes au-delà de la quarantaine et accorder une vraie place à ces rôles modèles accomplis »

Clotilde Courau © Getty Images

Scrutées, interpellées, jugées, les femmes sont en permanence exposées au diktat de l’apparence. Certaines voix anonymes ou célèbres ont décidé de s’emparer de cette lutte contre « l’âgisme » pour permettre aux femmes de cultiver l’estime de soi, de s’affranchir de ce couperet social et professionnel lié à la « maturité ». L’actrice Clotilde Courau n’hésite pas à bousculer l’industrie contre cette invisibilisation programmée, n’hésitant pas à rappeler la responsabilité des magazines féminins dans la perpétuation du culte du jeunisme. Chacun de ses rôles au cinéma ou collaborations en tant qu’égérie sont choisis avec grand soin dans l’objectif de rester fidèle à ses convictions. Rencontre.

  

Cette injonction à la jeunesse et à la perfection n’est-elle pas encore plus criante quand on est actrice ? 

Clotilde Courau : En tant qu’actrice, nous devons prendre le plus grand soin de notre apparence, de notre visage car il est le véhicule de nos émotions sur grand écran. Si l’on cède à certaines procédures, grand est le risque de « trafiquer » la physionomie de son visage. Nous devons garder nos expressions. Nous sommes donc doublement en quête de lieux de beauté pour évoluer avec grâce.

 

La maturité chez la femme est un couperet qui arrive bien plus vite que chez leurs homologues masculins… 

Je trouve même que c’est devenu un sujet de questionnement précoce chez les jeunes filles ! Je le vois à travers mes filles, leurs amies tout juste âgées de 25 ans. Comparativement à leurs aînées, cette génération montante est beaucoup éduquée en matière de beauté, d’esthétique notamment grâce aux réseaux sociaux. En outre, regardons ce qui se passe dans le mannequinat, sauf exception, les modèles d’un certain âge sont invisibilisés si bien que les jeunes filles ne voient presque pas de femmes à la quarantaine rayonnante. Ces femmes qu’elles pourraient prendre en exemples. L’industrie n’évolue pas suffisamment vite sur la question.

Clotilde Courau © Sylvie Castioni

 

Justement en tant que figure publique qui a une audience, quels messages souhaitez-vous faire passer ? 

Plus il y aura de magnifiques modèles de femmes matures sur les couvertures de magazines – et non plus de filles de 25 ans qui nous vendent des crèmes anti-rides – plus on pourra s’identifier. Et moi y compris ! Les Rita Hayworth hier, les Jane Fonda aujourd’hui nous donnent envie de passer ces âges et de nous sentir toujours aussi belles, dans un état de plénitude et de confiance. L’âge ne pèsera plus, il donnera envie.

 

On voit malgré tout une dynamique dans la presse féminine avec l’avènement de la septuagénaire Maye Musk. Pour autant, nous sommes loin de la révolution… 

Maye Musk est un phénomène encore très récent. Je me réjouis toutefois de voir les supermodels des années 90 toujours en activité. Dans le monde du cinéma, Sophie Marceau, Kate Winslet ou moi-même n’avons pas eu recours à la chirurgie esthétique et osons l’exprimer. Ce sujet me tient à cœur : j’avais accordé une interview à ELLE Magazine sur la nécessité de rendre visibles les femmes après 40, 50, 60, 70 ans. Les magazines féminins ne sont pas suffisamment pionniers, invitons plus largement cette industrie à s’engager dans cette réflexion.

Clotilde Courau : « Chaque génération de femmes a un rôle à jouer, j’espère que la génération de mes filles ne vivra pas ce que j’ai vécu et que le passage de relais se poursuivra.« 

 

Vous avez décidé de collaborer avec la marque L.Raphael. En quoi vous retrouvez-vous dans l’univers de cette griffe suisse ?

Il y a d’abord la femme remarquable qui a créé cette maison, ce temple de la beauté mondialement connu. Ronit Raphael est une grande figure qui incarne une approche globale de l’esthétique et du bien-être. Je marche avant tout à l’affect ! Je dois aimer ce que j’utilise, comprendre les valeurs de la marque, les produits et être alignée avec la personne instigatrice. J’apprécie particulièrement la combinaison de la technologie avec l’esthétique. Les soins à base d’oxygène, le PowerCure Skin, cette machine que l’on utilise à domicile, délivrent des résultats impressionnants tant pour entretenir son capital beauté que pour prendre soin de sa peau mature. J’ai observé un avant / un après.

Aujourd’hui, les femmes peuvent évoluer gracieusement avec le temps, ce n’est qu’une question de traitement.

 

Au niveau du cinéma, est-ce que le secteur évolue sur la question ? 

Oui, avant les femmes n’avaient plus aucun rôle passé la quarantaine. Les choses commencent à changer. Chaque génération de femmes a un rôle à jouer, j’espère que la génération de mes filles ne vivra pas ce que j’ai vécu et que le passage de relais se poursuivra.

Vous savez qu’à la Villa Médicis, par exemple, on s’est rendu compte que souvent une femme qui présentait un projet artistique, s’excusait ! Un homme, non, lui respirait la confiance, ne s’excusait jamais. La femme a une sorte de culpabilité chevillée en elle, celle de ne pas être à la hauteur et combien même elle excelle ! 

 

Comment en finir avec le syndrome de l’imposteur ? 

C’est quand on nomme sa peur, qu’on est capable de l’affronter. L’Histoire féminine parvient difficilement à tracer son chemin car elle porte en elle le lourd fardeau de siècles de domination. C’est ce que j’appelle : la féminologie ou ces siècles qui nous ont appris à nous préparer à être mères, à être maîtresses de maison, et attendre l’homme. Depuis Ulysse, Pénélope ne part pas à l’aventure, ne se cherche pas. Elle reste sagement à la maison où elle fait et défait sa toile. On lui assigne le rôle d’attendre l’homme parti en voyage initiatique. Faisons face à cette histoire originelle, apprenons à accepter nos fragilités, mais aussi à nous dépasser, à nous inscrire dans le monde. Nous avons un pouvoir, une force en nous qui s’appelle : la féminité. Il faut arrêter d’être l’une contre l’autre, soyons l’une avec l’autre.

Les femmes entrepreneures, leaders dont vous parlez dans vos colonnes au quotidien, ne doivent pas prendre des postures masculines. C’est pareil pour moi, l’actrice que je suis, agis pour l’image des femmes dans son travail. Alors quand je dois me battre avec l’équipe de production dans un tournage, parce que je joue le rôle d’une femme éprouvée par la vie, et que l’on veut « m’enlaidir » par le maquillage, l’éclairage, et bien, je me bats pour montrer que l’on peut rester féminine, belle même dans l’épreuve.

Je refuse d’être complètement détruite à l’image.

Enfin, je salue en cela Ronit Raphael, une femme autant investie dans le domaine de la beauté, du bien-être, de l’empowerment féminin avec L.Raphael, que dans la philanthropie avec son association The Global Army Against Child Abuse. Voilà une femme qui s’inscrit dans le monde pour le bien de toutes.

 

<<< À lire également : « Ronit Raphael fait rimer esthétique avec philanthropique

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